Couverture du journal du 06/04/2024 Le nouveau magazine

Entretien avec Laurent Lubrano, directeur général de Fonroche Lighting

Installé depuis 10 ans sur la commune de Roquefort, Fonroche Lighting, leader mondial de l’éclairage public solaire, prépare le déménagement de son siège social vers le Technopôle Agen-Garonne. Un projet à la hauteur des ambitions internationales du groupe dirigé par Laurent Lubrano.

Laurent Lubrano, directeur général de Fonroche Lighting

Laurent Lubrano, directeur général de Fonroche Lighting © D. R.

LA VIE ECONOMIQUE : Avant d’évoquer ce vaste projet de déménagement, comment se porte votre entreprise après 2 années marquées par le Covid ?

Laurent LUBRANO : « Comme tout le monde, nous avons dû nous adapter avec des contraintes et des complexités que ce soit dans le commerce, l’organisation de l’entreprise, les achats et le réapprovisionnement mais ce qu’il faut retenir, c’est que nous avons embauché 60 personnes pendant le Covid ! Cela signifie que cela ne nous a pas empêché de fonctionner et de poursuivre notre croissance. »

LVE : Vous allez donc déménager votre siège social de Roquefort vers le nouveau Technopole. C’est un projet prévu depuis longtemps ?

L.L. : « Cela fait 3 ans que nous y travaillons et la vente de notre activité de Biogaz (la filière, elle aussi leader mondial dans la méthanisation, a été vendue au groupe Total en 2021) nous a permis d’accélérer. L’activité du groupe Fonroche est désormais focalisée exclusivement sur l’éclairage solaire (la fabrication et la commercialisation de lampadaires 100 % solaires) et nous avions besoin de plus de place. »

L’éclairage solaire est aujourd’hui bien plus compétitif que l’éclairage réseau et ce, dès l’investissement

LVE : Pourquoi avoir choisi de ne se concentrer que sur l’éclairage solaire ?

L.L. : « On est convaincu que le marché de l’éclairage solaire va continuer à bien progresser pour deux raisons simples, écologique et économique. Écologique, cela paraît évident car nous n’utilisons pas du tout de production d’électricité réseau avec le solaire et du point de vue économique, l’éclairage solaire est aujourd’hui bien plus compétitif que l’éclairage réseau et ce, dès l’investissement. En construisant pas exemple de nouvelles routes, parkings, ronds-points… cela coûte moins cher d’installer du solaire dès l’investissement que de l’éclairage conventionnel. Les économies d’énergie c’est du bonus ! Comme on s’affranchit du réseau (avec ses coûts de câblages, des tableaux électriques et de leurs composants, du percement des tranchées…), l’éclairage solaire est devenu compétitif dès l’investissement et c’est un changement colossal. C’est une donnée majeure de marché qui nous incite à développer notre avantage. »

Eclairages à Rouen, Fonroche

Eclairages à Rouen © D. R.

LVE : C’est une donnée récente sur ce marché de l’énergie ?

L. L. : « C’est venu progressivement et cela fait 2 ans que nous constatons que cette compétitivité s’accroît et qu’elle est devenue assez forte aujourd’hui. À titre d’exemple, et selon les caractéristiques du projet, on parle de 20 % à 40 % d’économie en capex ! Ce qui accentue aussi cette donnée de marché, c’est la problématique actuelle qui nécessite plus de besoins d’électricité pour le chauffage, la mobilité… On a donc un problème de volume d’électricité produite par les sources conventionnelles comme le nucléaire, le gaz ou le charbon et on a la problématique d’un réseau trop faible pour absorber toutes les charges de la distribution électrique pour alimenter les bornes. L’éclairage solaire apporte donc une très grosse contribution face à ces 2 problématiques. Il faut savoir que sur une facture électrique de collectivité publique, l’éclairage représente 40 %.

Notre futur siège disposera de 14 chambres climatiques qui occuperont plus de 600 m² et qui permettront de reproduire tous types de climats en accéléré

LVE : Tout en faisant aussi des économies sur l’entretien de l’éclairage ?

L.L. : « En effet, nos lampadaires solaires sont autonomes pendant 10 ans. On ne touche à rien et en plus on soulage le réseau. Avec Fonroche, nous avons pris une avance sur ce métier en s’y lançant historiquement il y a 12 ans et en développant l’activité en France et à l’export notamment avec de gros marchés en Afrique et d’autres à venir d’où l’intérêt d’investir dans ce nouveau siège qui sera un centre mondial dédié à l’éclairage solaire. »

LVE : Vous-êtes-vous fixé des objectifs ?

L.L. : « Le premier, c’est bien-sûr la recherche et le développement notamment sur les batteries. Quand on a démarré dans ce métier, elles duraient 2 ans alors qu’on s’engage aujourd’hui sur des batteries qui durent 10 ans. Mais nous n’en sommes qu’au début des batteries car tout va s’améliorer : son efficience, sa durée de vie, sa capacité, son empreinte carbone, son coût, sa recyclabilité…c’est le cœur du sujet. Il faut faire des batteries avec plus de puissance et qui durent plus longtemps sous tous les climats, du plus chaud au plus froid.

Nous travaillons sur tous ces sujets avec notre service R&D composé de 40 ingénieurs et qui est mobilisé à 90 % sur les sujets de la batterie. Nos chercheurs travaillent donc sur de la chimie (avec du nickel, lithium, sodium), les cartes électroniques ou l’intelligence embarquée, les softwares avec des applications spécifiques pour l’éclairage et qui sont différentes que l’on soit à Ouagadougou (Burkina Faso), en Autriche, dans une rue ou un centre commercial en France sans oublier la communication des batteries. Nos lampadaires sont communicants, envoient des informations et on peut les piloter à distance. »

Notre service R&D, composé de 40 ingénieurs, est mobilisé à 90 % sur les enjeux de la batterie

LVE : Cela veut dire aussi pouvoir tester vos lampadaires en conditions réelles ?

L.L. : « Pour valider toutes ces évolutions de batteries, il faut effectivement les avoir testées au préalable. Dans le futur centre, nous aurons 14 chambres climatiques qui occuperont plus de 600 m2 et qui permettront de reproduire tout type de climat en accéléré. En 60 jours, nous pourrons simuler 8 ans de climat et ainsi tester nos batteries depuis le centre en reproduisant, par exemple, le climat du Sahara ou de montagne avec du sable, de la neige, des températures de – 25°…

Nous allons pouvoir produire jusqu’à 300 000 lampadaires par an

LVE : Le déménagement va aussi permettre d’accroître la production ?

L.L. : « Nous allons pouvoir produire jusqu’à 300 000 lampadaires par an mais nous allons aussi pouvoir proposer des formations via un centre dédié. Sur l’éclairage solaire, il n’y aucune formation ou cursus scolaire alors nous formons nous-mêmes sur place. Demain, nous avons l’ambition d’être agréé pour dispenser des formations y compris dans les universités avec, pourquoi pas, un module sur Bordeaux-3. Sur notre futur centre, nous aimerions accueillir évidemment nos futurs collaborateurs mais surtout les bureaux d’études, maîtres d’ouvrage, architectes et tous les professionnels de l’éclairage du monde entier qui souhaiteraient se former sur l’éclairage solaire. Quand on échange avec le directeur technique de l’éclairage de la ville de Santiago (Chili), on voit qu’ils ne connaissent pas du tout cette technologie alors nous allons monter des modules de formation trilingues sur place ou à distance avec des moyens vidéos exceptionnels. Le déménagement nous permettra aussi de créer un grand espace de démonstration dans lequel on reproduit les éclairages et qui sera accessible à nos clients venus du monde entier. Nous pourrons ainsi simuler, avec le maître d’ouvrage, son futur éclairage. »

LVE : Vous envisagez aussi de renforcer votre communication ?

L. L. : « À ce jour nous éclairons près de 4 000 personnes supplémentaires chaque jour mais beaucoup ne connaissent pas encore l’offre d’éclairage public solaire et tout ce qu’on peut faire avec. Nous aurons donc notre propre studio de production d’images et de sons pour faire connaître tout ce que l’on fait à travers le monde. »

LVE : Vous êtes très présent en Afrique et en Amérique du Sud mais qu’en est-il de la France et de l’Europe ?

L.L. : « En Europe, la France est plutôt leader dans ce domaine grâce notamment à notre action commerciale où nous représentons 60 % de l’activité. En France, on installe entre 600 et 800 lampadaires par mois sur tous types de structures : autoroutes, parcs et jardins, ronds-points, lotissements, rocades…Voyant que le système marche bien, des élus passent ainsi tout leur éclairage public au solaire. Dix ans après, ils auront fait 40 % d’économie sur leur facture énergétique. Nous proposons alors aux agglomérations un diagnostic complet et précis de leur parc d’éclairage et de sa transformabilité en solaire. »

LVE : Le choix de rester à Agen était une évidence pour Fonroche Lighting ?

L.L. : « Oui ! Nous travaillons avec des acteurs locaux et puis le TAG est idéal avec de l’espace (on garde d’ailleurs du foncier pour de futurs projets de recyclage) et le prochain échangeur autoroutier. Sur les 180 salariés du groupe, 110 sont ici à Agen et il était inconcevable de partir. Le siège a été conçu pour pouvoir accueillir 400 salariés. »

Le siège a été conçu pour accueillir 400 salariés

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