Couverture du journal du 07/05/2024 Le nouveau magazine

Biodéchets : Hector, trieur d’élite !

Spécialisée dans le tri et la collecte de biodéchets, la start-up toulousaine Hector le Collector a fait sa place dans la ville rose. L’entreprise veut désormais s’implanter dans d’autres villes, en commençant par Paris, pour devenir dans quelques années une PME à succès.

Hector le collector, Toulouse

©Hector le collector

En 2023, nombreux sont les Toulousains à avoir croisé ce petit raton laveur sympathique. Hector le collector – c’est le nom du petit animal – a en effet collecté les biodéchets de grands évènements tels que la Foire internationale de Toulouse, le Rose festival, Rio Loco, le salon Régal Sud de France ou encore la Ref du Medef. En 2024, on pourra désormais rencontrer le petit raton laveur à Paris ! Hector le collector, l’entreprise toulousaine spécialisée dans la collecte de biodéchets dans les entreprises, les restaurants et les évènements, s’implante en effet dans la capitale. « Nous avons lancé notre offre en octobre dernier, en partenariat avec la société Moulinot qui valorise les biodéchets. Nous collectons déjà les déchets d’une vingtaine d’établissements », affirme Quentin Saieb, cofondateur de l’entreprise toulousaine.

La genèse

Valentin Famose et Quentin Saieb, Hector le collector

Valentin Famose et Quentin Saieb. ©Stéphy photographies

Créé en 2020, Hector le Collector propose un service de collecte de biodéchets en centre-ville. « J’ai grandi avec un composteur au fond du jardin de mes parents. Lorsque je suis devenu étudiant et que je me suis installé dans mon appartement, je me suis aperçu que je n’avais plus de solution pour trier mes déchets alimentaires », se souvient l’entrepreneur. Dès 2019, le jeune homme alors salarié chez Demooz (une entreprise de services marketing sur Internet, NDLR) décide de proposer une solution de tri. « L’entreprise dans laquelle je travaillais étais incubée chez At Home. J’ai mis dans la salle commune un petit bac sur lequel j’ai écrit ‘biodéchets’ pour que tout le monde puisse trier ; et ça a fonctionné », raconte-t-il. A l’époque, Quentin rencontre Valentin Famose, qui deviendra son associé. « On récupérait les biodéchets et on les déposait dans un composteur situé dans le jardin des parents de Valentin », se souvient Quentin. « Grâce à ce test, on s’est aperçu que les gens étaient prêts à trier leurs déchets, et on a décidé de lancer notre entreprise ».

De la collecte à la méthanisation

Interrompus par le confinement de 2020, les deux associés n’abandonnent pas leur projet qui reprend de plus belle à l’issue de la crise sanitaire. « Lorsqu’on a rempli un septième composteur dans le jardin de la maman de Valentin, on s’est dit qu’il fallait réfléchir à plus grande échelle », sourit le dirigeant. Il était temps : en 2023, Hector le Collector a collecté plus de 40 tonnes de déchets à Toulouse chez environ 200 clients. « Notre offre consiste aujourd’hui à fournir des bacs à nos clients – restaurants ou entreprises – et à venir récupérer les biodéchets une à plusieurs fois par semaine en fonction des besoins ». L’entreprise stocke les déchets dans son entrepôt situé à L’Union, au nord de Toulouse, avant de les confier à Cler Verts qui les achemine jusqu’à son site de méthanisation situé à Bélesta-en-Lauragais, afin de valoriser les biodéchets en les transformant en biogaz.

GRDF et Esprit Pergo parmi les clients

La solution a convaincu des sociétés de renom à Toulouse : At Home et le fournisseur d’énergie verte Ilek, clients historiques de Hector le Collector, puis GRDF, Veolia, ou encore Eiffage. Les restaurants font également désormais appel aux services de la société toulousaine. Parmi eux, le Florida Café, le Mama Schelter, la Braisière ou encore les restaurants du groupe Esprit Pergo. « Depuis le 1er janvier 2023, tous les établissements qui produisent plus de 5 tonnes de biodéchets par an ont l’obligation de les valoriser », rappelle Quentin Saieb. La réglementation s’est durcie depuis le 1er janvier 2024, avec l’obligation de tri à la source pour tous (les collectivités doivent ainsi proposer des solutions à leurs administrés, N.D.L.R.).

À l’assaut de nouvelles métropoles

« Chaque année, nous multiplions notre chiffre d’affaires. En 2023, nous l’avons multiplié par 2,5 », se félicite Quentin Saieb. Forte de son succès à Toulouse, la jeune entreprise souhaite désormais dupliquer ce modèle dans d’autres grandes villes. « Nous démarrons avec Paris, mais nous ciblons d’autres villes comme Montpellier, Perpignan ou encore Nantes. Il y a un impératif pour que notre modèle fonctionne : il faut un méthaniseur à moins de 50 km de la ville », explique le cofondateur. Pour se déployer comme elle le souhaite, l’entreprise de 7 salariés va devoir investir. « Nous allons devoir aller chercher des fonds ». Car Hector le Collector veut aller vite : « on espère s’implanter dans deux nouvelles villes dès 2024 », projette Quentin Saieb. À horizon 2030, Hector le Collector espère être présente dans une quinzaine de villes en France, avec un effectif d’environ 300 personnes.