Couverture du journal du 01/09/2025 Le nouveau magazine

Les fabuleux Jardins de Sardy

Situés à Vélines en Dordogne, ces jardins offrent une balade rafraîchissante au rythme des paysages d’inspiration italienne et anglaise. Explosion des sens garantie.

Jardins de Sardy

© Loïc Mazalrey - La Vie Economique

C’est un endroit qui ressemble à l’Italie. Un endroit où le temps dure longtemps, otage complice des couleurs et des parfums qui valsent sous les chênes centenaires. Perchés sur les hauteurs de Vélines, en Bergeracois, les Jardins de Sardy ont à la fois l’étoffe des jardins italiens et le charme des paradis perdus. Les lignes de perspective y sont belles, sans être assommantes et les massifs de fleurs, fougueux mais jamais indisciplinés. « Les Jardins sont à l’image de mes parents qui ont racheté la propriété en 1956. L’un avait un penchant pour l’Italie, l’autre pour l’Angleterre », explique leur actuel propriétaire, Frédéric Imbs. Ses parents ont ainsi créé un écrin de verdure romantique au pied du bâtiment central, une fortification du Moyen-Âge remaniée aux XVIIe et XVIIIe siècles.

Des cyprès qui rappellent la Toscane

Aidé de l’architecte Louis Aublet et de Jacques Desmartis, le propriétaire des pépinières du même nom, le couple a entrepris de grands travaux autour de la pièce maîtresse : un bassin profond de 2 mètres et long de 48 mètres creusé dans l’affleurement rocheux au XVIIIe siècle. « Ils ont dessiné une première perspective autour du bassin, encadré par un mur à gauche et une haie à droite, évoque Ninon Imbs, responsable du site. Ils en ont par la suite créé une seconde en construisant un escalier dans l’axe de la bâtisse, donc décalée par rapport au bassin. » Irlandaise par sa mère, Betty Imbs tenait à insuffler une touche anglaise au jardin. Une coquetterie qui nécessitera le déplacement de 100 mètres cubes de terre pour aménager la (verte) pelouse à l’anglaise et les massifs de vivaces, sans oublier les cyprès qui rappellent la Toscane.

Jardins de Sardy

Clou de la visite, le bassin de 48 mètres de long creusé dans l’affleurement d’un rocher et ses jets d’eau. © Loïc Mazalrey – La Vie Economique

Des essences peu gourmandes en eau

Longtemps privé, le jardin ouvrira ses portes au public en 1993 avec l’aide de Véra de Commarque, propriétaire du château de Commarque à Marqueyssac. « Ou bien je vendais le domaine, faute de temps et de moyens suffisants pour assurer son entretien, ou bien je l’ouvrais à la visite pour essayer de couvrir une partie des frais », indique Frédéric Imbs. Bien lui a pris de choisir la seconde option. En 2015, la route de cet ancien homme d’affaires a croisé celle de Ninon, alors cadre dans le marketing à Paris. Le couple a eu un enfant et décidé de s’installer définitivement à Vélines. Passionnée par le monde végétal, Ninon s’est investie personnellement dans les aménagements paysagers du domaine. « J’ai suivi deux formations dont l’une dispensée par l’école du paysage de Versailles », se félicite Ninon qui a su mettre sa créativité au service de réalisations exigeantes. En témoigne la naissance du « jardin sec » situé à l’entrée de la maison. Elle en a choisi les essences, peu gourmandes en eau et suffisamment robustes pour s’adapter aux fortes chaleurs. « On y trouve des oliviers, de la lavande, de la ciste, toutes sortes d’arbustes dont le feuillage peut déclencher un festival de parfums », s’enthousiasme la responsable des Jardins.

Dans le même esprit, Ninon Imbs a imaginé sur une terrasse de la propriété un havre de fraîcheur peuplé exclusivement de pélargoniums (géraniums) qui ont la particularité de diffuser des parfums de rose, de térébenthine ou de citron. Un effort d’imagination qui a valu aux Jardins de Sardy, labellisés Jardin remarquable, de recevoir en 2024 le prix du Jardin patrimonial de l’Association des parcs et jardins d’Aquitaine.

Objectif : 20 000 visiteurs

Fin août 2025, a ouvert la dernière extension des jardins de Sardy, un espace de trois hectares offrant une perspective de 250 mètres entre le bâtiment en pierre de taille qui fait office de nouvelle entrée et le bassin en demi-lune dans lequel se jette l’eau des retenues aménagées sur une centaine de mètres en amont. Ce nouvel aménagement est jalonné d’oliviers et de lagestroemias (lilas des Indes). Le site accueille 7 000 visiteurs par an, il espère en attirer 20 000 dans les années à venir.