La Vie Economique : Comment se portent les entreprises de l’agroalimentaire actuellement ?
Christine Huppert : L’Ania (Association nationale des industries agroalimentaires, N.D.L.R.) a interrogé les entreprises au cours d’une enquête menée en septembre. En Occitanie, 80 % des entreprises questionnées ont affirmé que leur résultat net sera en baisse en 2024.
LVE : Malgré ces difficultés, continuent-elles à investir ?
C. H. : Les entreprises de l’agroalimentaire ont investi 500 millions d’euros en 2023. Pour observer la tendance, il faut comparer à la période pré-Covid : en 2019, elles avaient investi environ 400 millions d’euros. On est donc en progrès. Mais le type d’investissement a changé. Avant, ils concernaient souvent des projets de R&D, aujourd’hui, on est plus sur des équipements d’autoconsommation d’énergie et d’automatisation.
LVE : Des investissements qui vont permettre de limiter la hausse des coûts de production…
C. H. : Oui, car les entreprises de l’agroalimentaire ont subi de plein fouet l’effet de l’inflation. Elles ont vu leurs coûts de production augmenter de 35 à 40 % en moyenne, du fait de la hausse du prix de l’énergie, des matières premières, des emballages… Quand, dans le même temps, la hausse des coûts des produits alimentaires n’a atteint que 30 %. Or, ces 5 % de décalage constituent le résultat net moyen des entreprises agroalimentaires… Bien entendu, ces chiffres sont généraux et il y a des situations très disparates en fonction des filières.
LVE : Comment les entreprises peuvent-elles faire face ?
C. H. : C’est le rôle de l’Area Occitanie de les aider dans ce contexte. Sur la question de l’énergie par exemple nous les avons accompagnées pour renégocier leurs contrats d’énergie, moins consommer et installer des systèmes permettant de produire de l’énergie qu’elles peuvent vendre ou autoconsommer. Les entreprises doivent trouver de nouvelles solutions pour maîtriser davantage leurs coûts. Et sur ces sujets-là, l’intelligence artificielle peut être un outil. Enfin, les entreprises doivent travailler à mieux sécuriser et valoriser leurs approvisionnements. L’enjeu cette fois n’est pas de limiter le coût de production mais de voir comment on peut valoriser un approvisionnement local sur le prix final.
80 % des entreprises interrogées en Occitanie affirment que leur résultat net sera en baisse en 2024
LVE : Est-ce que le local est un argument de vente ?
C. H. : Le local a en effet le vent en poupe, et nous cherchons à le valoriser notamment à travers l’initiative Occitanie tu nous régales qui promeut les produits sous la marque Sud de France portée par la Région Occitanie. L’idée est partie des membres du bureau de l’Area Occitanie qui ont souhaité pouvoir s’impliquer davantage sur l’animation de la marque en grande distribution. On a désormais une petite année de recul et on constate que tous les magasins qui ont fait des opérations commerciales Occitanie tu nous régales les prolongent ou les renouvellent car les consommateurs sont au rendez-vous.
LVE : Quels sont les autres grands enjeux de la filière pour les prochaines années ?
C. H. : Les entreprises savent qu’elles doivent porter attention à de nombreux sujets. Elles doivent travailler à redorer leur image, qui a pu être écornée par quelques scandales alimentaires. La démarche Occitanie tu nous régales doit y contribuer. Les entreprises ont également tout intérêt à rouvrir leurs portes, après les avoir fermées pour des raisons de contraintes réglementaires. Elles commencent à le faire, aussi pour attirer les talents. Car les entreprises du secteur agroalimentaire recrutent. Elles vont pouvoir également renforcer leur travail sur le sujet de la nutrition pour améliorer encore les recettes qu’elles proposent. Les défis restent nombreux !
![Occitanie](https://www.vie-economique.com/wp-content/uploads/sites/13/2024/12/2024_11_14-AREAOccitanie-AdrienNowak-13-scaled.jpg)
© Adrien Novak – La Vie Economique
Occitanie : l’agroalimentaire en chiffres
Secteur agricole et agroalimentaire : 165 000 personnes et 23 milliards de CA
Industrie agroalimentaire : 1 200 entreprises qui génèrent environ 50 000 emplois
De grandes entreprises présentes (Nutrition et Santé, Danone, Carte Noire, Andros ou encore Florette…), et nombreuses TPE-PME, réparties sur l’ensemble du territoire régional.
1re région de France en termes de nombre de SIQO (signes officiels de qualité et d’origine, N.D.L.R.) : 250.