Couverture du journal du 07/05/2024 Le nouveau magazine

Aménagement : Toulouse en cinq projets phares

Aire urbaine parmi les plus attractives de France, Toulouse poursuit sa mue. A quoi ressemblera la ville rose à l’horizon 2030 ? Focus sur cinq projets d’envergure qui vont transformer la métropole.

Métro, Toulouse, Sept Deniers, Stade Toulousain

La future station de métro Sept Deniers - Stade Toulousain. © Taillandier Architectes

Métro : la 3e ligne opérationnelle en 2028

A l’horizon 2028, 200 000 personnes devraient emprunter quotidiennement la nouvelle ligne C du métro. D’une longueur de 27 kilomètres et jalonnée de 21 stations, elle reliera Colomiers à Labège, en passant par Blagnac. « Plus de 40 chantiers sont en cours », indique Jean-Michel Lattes, président de Tisséo Collectivités, l’autorité organisatrice des mobilités de l’agglomération toulousaine.

La ligne C du métro fera le lien entre le domicile et le lieu de travail : elle devrait desservir 220 000 emplois 

« Les lignes A et B du métro étaient des lignes reliant les habitations au centre de Toulouse, la ligne C sera celle de l’économie : elle fait le lien entre le domicile et le lieu de travail. Elle devrait desservir 220 000 emplois », explique Jean-Michel Lattes. Le tracé traverse en effet le pôle aéronautique à l’ouest de Toulouse, avec plusieurs arrêts sur les sites d’Airbus, le futur quartier Grand Matabiau-Quai d’Oc, et le sud-est de l’agglomération toulousaine avec des stations sur le Campus Aerospace et à Labège. « La ligne C devrait permettre de retirer chaque jour 90 000 voitures de nos routes », se félicite le président de Tisséo Collectivités. Le projet global est estimé à 3,2 milliards d’euros

En parallèle, des travaux sont en cours pour prolonger la ligne B de deux stations pour qu’elle rejoigne, depuis Ramonville, la ligne C à la station Labège Madron. La livraison du projet évalué à 250 millions d’euros est prévue pour 2027.

 

LGV Bordeaux – Toulouse : début imminent

Longtemps controversée, la ligne à grande vitesse (LGV) qui reliera à l’horizon 2032 Toulouse à Bordeaux en 1 h (contre 2 h aujourd’hui) a vu son financement se boucler en 2022. Au total, la facture s’élève à plus de 14 milliards d’euros répartie entre l’Etat (40 %), les collectivités locales (40 %) et l’Union européenne (20%). L’inflation et la hausse du coût des matériaux pourraient faire gonfler la facture. « On a anticipé ces hausses, rassure Benoît Lemozit, en charge de la communication au sein de la société Grand Projet du Sud-Ouest (GPSO) qui pilote le projet. Rien ne dit que l’inflation ne baissera pas d’ici la fin des travaux. C’est évolutif dans les deux sens. » Pour pallier ces hausses, une taxe additionnelle à la taxe spéciale d’équipement sera payée chaque année par les propriétaires et les entreprises situés à 1 h autour des gares de la LGV (Bordeaux, Agen, Montauban, Toulouse et Mont-de-Marsan). « Cela représente 5 € sur la taxe foncière en partant d’une base d’imposition de 1 500 € », calcule Benoît Lemozit. Les travaux au sud de Bordeaux et au nord de Toulouse vont débuter à la fin d’année.

La nouvelle gare Matabiau, inaugurée le 5 septembre, sera complétée d’une Halle des Transports pour accueillir 150 000 voyageurs contre 75 000 aujourd’hui

Grand Matabiau : la Tour Occitanie en suspens

Conséquence des projets de la ligne C du métro et de la LGV, le quartier de la gare Matabiau va être profondément transformé. La nouvelle gare, inaugurée le 5 septembre, sera complétée d’une Halle des Transports pour accueillir 150 000 voyageurs contre 75 000 aujourd’hui. Tous les modes de transports convergeront ici : trains, métro, bus, vélo (un parking de 1 000 places sera créé). Un peu plus loin, les derniers bâtiments vétustes du boulevard Pierre Sémard, à côté de la gare routière, seront détruits en fin d’année. Les constructions nouvelles, avenue de Lyon, débuteront fin 2024. Des logements vont être érigés ainsi qu’un pôle d’innovation sociale. Une halte de nuit, un restaurant solidaire et une résidence intergénérationnelle vont voir le jour.

Une incertitude demeure toutefois quant au projet de Tour Occitanie : ce gratte-ciel de 153 mètres de haut, qui accueillera bureaux et logements, au pied de la gare Matabiau. Deux recours sont devant la justice, notamment concernant la modification du plan local d’urbanisme. A ce jour, la justice administrative n’a pas fixé de date d’audience. Initialement prévue pour 2022, la Tour Occitanie reste en suspens.

Tour Occitanie, Toulouse

© Compagnie de Phalsbourg

Francazal : le pôle des mobilités décarbonées

Toulouse Métropole, qui a acquis 38 hectares de friches au sud de l’ancienne base aérienne de Francazal à Cugnaux, prévoit d’y installer un « Campus des mobilités innovantes et décarbonées ». Actuellement dans sa phase de concertation publique, le projet comprend des bureaux, des espaces académiques (lieux de recherche et d’enseignement supérieur) et logistiques ainsi qu’une zone dédiée aux acteurs de l’aéronautique. La start-up Aura Aero, qui a réalisé cet été le premier vol de son deuxième biplace de formation éco-conçu, INTEGRAL S – bientôt décliné en version électrique – et qui développe ERA, un avion hybride-électrique de 19 places, prévoit d’implanter à Francazal son usine, dimensionnée pour construire 150 aéronefs par an. Elle devrait représenter un investissement de 150 millions d’euros, financés avec le soutien de Toulouse Métropole et de la Région Occitanie.

Les deux entités prévoient par ailleurs l’installation sur le site de Francazal d’un site dédié aux technologies de l’hydrogène. Le projet devrait mobiliser un budget de 55 millions d’euros, cofinancés notamment par l’État, la Région et Toulouse Métropole.

Aura Aero, Francazal

La future usine Aura Aero. ©Brunerie Architectes

Toulouse Aerospace : l’écoquartier dédié à l’aéronautique

Initiée il y a plusieurs années, la transformation du quartier de Montaudran, désormais connu pour sa Halle de la Machine, se poursuit. Le projet consiste en la réhabilitation d’un ancien site aéronautique (l’aérodrome de Montaudran) en un écoquartier combinant commerces et services, équipements publics, bureaux et espaces verts. « Au sud du quartier, le Campus de l’innovation se développe autour de l’Espace Clément Ader et du B612, bâtiment de plus de 24 000 m² qui abrite, depuis 2018, de nombreux acteurs et entreprises de R&D technologique dans les domaines de l’aéronautique, de l’espace et des systèmes embarqués. La Maison de la Formation Jacqueline Auriol, ouverte en janvier 2022, vient compléter cet écosystème scientifique qui réunit plus de 1 400 salariés et 1 500 étudiants », explique-t-on à Toulouse Métropole. Plusieurs projets de bâtiments tertiaires sont en cours : « Signal » – un espace de 10 700 m2 proposé par le promoteur 3Ci Investissement destiné à recevoir des bureaux, des ateliers technologiques et un centre de formation – qui devrait être livré en 2025, ou encore « Altiplano », développé par Linkcity en association avec les agences KCAP et V2S Architectes, qui rassemblera 390 logements individuels, 4 500 m2 de bureaux et 2 000 m2 d’espace de travail flexible. Plus au nord, le promoteur GA Smart Building construit son futur siège social, qui sera livré début 2024.

Toulouse aerospace, B612, MFJA

Le Campus d’Innovation B612 et la MFJA. ©Oppidéa