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Centrale hydroélectrique de Pragnères : chantier au sommet pour EDF

EDF a entamé en juin dernier plusieurs chantiers de maintenance dans la galerie de 11 kilomètres qui achemine l’eau du lac de Cap-de-Long vers sa centrale hydroélectrique de Pragnères. Perchée à 2 000 mètres d’altitude, la conduite doit être remise en fonctionnement avant l’hiver.

chantier

© Charlène Lermite

Sur les hauteurs de Luz-Saint-Sauveur, à Pragnères, EDF mène un chantier hors du commun. Juchée à 2 000 mètres d’altitude, la galerie de 11 kilomètres de long, qui relie le lac de Cap-de-Long à son usine de production hydroélectrique de Pragnères, est en travaux et EDF nous en a exceptionnellement ouvert les portes. Depuis la centrale de Pragnères, l’accès au chantier se fait dans un petit téléphérique rouge ouvert de toute part pour éviter le ballant qui le pousserait contre les poteaux et les câbles à flanc de montagne. Pendant la montée, il offre une vue à couper le souffle sur les sommets pyrénéens et la brèche de Roland. En tête de la visite, François Tissier, le directeur du groupement exploitation hydraulique Adour et Gaves d’EDF, explique les manœuvres en cours : « La galerie est faite de roche bétonnée et par endroits d’une peau métallique. L’objectif est de renforcer l’étanchéité, de reprendre le béton qui se dégrade et la peau métallique. Nous en profitons aussi pour tirer du câble afin de passer la fibre optique depuis Cap-de-Long jusqu’à l’usine de Pragnères. Cela prend du temps et nécessite de souder des fixations par centaines ».

Nous pouvons uniquement amener du petit matériel adapté et nous ne pouvons pas nous croiser dans la galerie

Des conditions difficiles

A peine sortis du téléphérique, il est temps pour nous d’enfiler une paire de bottes, lampe frontale vissée sur le casque de chantier, pour se faufiler dans la galerie. Après un premier couloir, nous passons une gigantesque vanne qui sert à fermer le tunnel habituellement rempli d’une eau qui circule au débit de 19 mètres par seconde. Pour François Tissier, la difficulté repose surtout sur l’altitude du chantier, perché à 2 000 mètres d’altitude et sur le caractère exigu de galerie dont le diamètre ne dépasse pas les deux mètres. Le matériel est acheminé en haut de la montagne via le petit téléphérique rouge et un blondin qui suit la conduite descendant vers l’usine. Il avait servi à la construction de l’édifice. « Nous pouvons uniquement amener du petit matériel adapté et nous ne pouvons pas nous croiser dans la galerie », témoigne François Tissier. Un tracteur chemine de l’entrée de la galerie au premier chantier, positionné 1 kilomètre plus loin. Un opérateur y procède à des soudures sur la paroi de la conduite. Dans le tunnel, la progression se fait lentement dans l’obscurité, avec de l’eau parfois jusqu’à mi-mollet. Les entrepreneurs, pour la plupart locaux, comme FFT basé à Beaucens, se relaient sur les trois chantiers qui ont lieu en parallèle dans la galerie.

L’ouvrage hydroélectrique sert l’été lors des pointes de consommation mais surtout l’hiver : l’eau du lac de Cap-de-Long est acheminée à 5oo km par heure au pied de la conduite

Contrainte de temps

Pendant les travaux sur la construction datant du début des années 50, l’usine hydroélectrique en aval est à l’arrêt. Le chantier doit donc respecter un délai raisonnable. « Il a été intégré à la programmation d’EDF a minima un an à l’avance afin que d’autres ouvrages hydroélectriques en France puissent compenser », souligne François Tissier. Pour le directeur du groupement exploitation hydraulique Adour et Gaves, « Pragnères est un ouvrage fondamental au niveau énergétique. Son enjeu est de produire de l’électricité quand il y en a besoin. Pragnères se concentre sur de la production de pointe, le matin, le soir ou quand il y a un problème de réseau pour compenser ». Les travaux se font donc sur la période estivale, avec d’abord l’installation des bases de vie qui accueillent les employés du chantier en juin dernier, puis le début des travaux depuis juillet avant un redémarrage programmé début novembre. L’usine de Pragnères peut rendre disponible 185 MW en 3 minutes et représente la consommation d’une zone de 150 000 habitants en production annuelle. Elle enregistre environ 3 000 démarrages par an.

Ce chantier d’envergure mené par EDF représente un investissement de 6 millions d’euros

Au rythme de cap-de-long

L’ouvrage hydroélectrique sert l’été lors des pointes de consommation mais surtout l’hiver : l’eau du lac de Cap-de-Long est acheminée vers l’usine hydroélectrique à toute vitesse, elle arrive à 500 kilomètres par heure au pied de la conduite. Le lac vidé à la fin de la saison hivernale se remplit à nouveau au moment de la fonte des neiges. À mi-chemin entre l’usine et le tunnel, sur le trajet du petit téléphérique rouge, se trouve à 1 700 mètres d’altitude une station de pompage. Elle permet de remonter l’eau vers le lac. La galerie peut donc servir à acheminer de l’eau dans les deux sens. Pendant ces travaux, des câbles de fibre sont installés le long de la conduite. « Cela sert à faciliter les commandes, à passer plus d’informations et à améliorer l’existant », énumère François Tissier. De l’autre côté de la montagne sont installées des vannes pour isoler et remplir le barrage qui se pilotent à distance.

François Tissier, directeur du groupement exploitation hydraulique Adour et Gaves EDF

François Tissier, directeur du groupement exploitation hydraulique Adour et Gaves EDF © Charlène Lermite

Bases de vie

25 à 30 personnes travaillent sur le chantier de Pragnères ; si celles évoluant sur le premier chantier peuvent emprunter le téléphérique, les autres sont déposées par hélicoptère le lundi pour ne rentrer que le vendredi. « Une base de vie est installée à Cap-de-Long, elle compte le personnel mais aussi la logistique qui va avec : un cuisinier, un infirmier », ajoute François Tissier. Ce chantier quasi hors norme mené par EDF, qui prendra fin début novembre, représente un investissement de 6 millions d’euros. Après cette visite dans les entrailles de la montagne, le paysage grandiose alentour reprend toute sa dimension.