Couverture du journal du 07/05/2024 Le nouveau magazine

Château Moncassin, histoire d’une saga familiale

Depuis la reprise du château en 1965 par la famille Delmotte, le lieu est devenu une marque unique en son genre au sein de l’appellation Buzet. Rencontre avec Étienne Delmotte, la 3e génération aux manettes du château, qui nourrit de nombreux projets.

Étienne Delmotte, Château Moncassin

Château Moncassin © Julien Mivielle

Étienne Delmotte nous accueille dans la cour du château familial le jour de ses 25 ans. Après une journée de travail dans la torpeur estivale, un pulvérisateur récalcitrant ne l’empêche pas de garder sa bonne humeur et un franc parler assumé. Depuis un an et demi qu’il a pris les rênes du château à la suite de son père Vincent, Étienne n’a pas chômé en assurant la continuité de l’entreprise familiale durant la crise sanitaire : « 2020 a été une année très difficile : on a perdu 60 000 euros. On s’est bien repris en 2021 mais tout le bénéfice de l’an passé a servi à neutraliser le déficit précédent. Je sens la reprise en 2022, que ce soit pour le vin ou les gîtes et chambres d’hôtes au château avec le retour de la clientèle étrangère ».

COVID, INFLATION, SÉCHERESSE POUR DÉMARRER

Une crise chassant l’autre, le jeune homme doit à présent affronter la flambée du prix des matières premières : « le carton a pris 25 à 30 %, le verre a pris 5 centimes par bouteille, les capsules ont été livrées avec 4 mois de retard.

On a été obligé d’augmenter le prix des bouteilles de 20 centimes. Les clients ont suivi même si les habitués ont râlé un peu, c’est normal. Nos bouteilles restent abordables avec des prix entre 4,90 euros et 12,50 euros ». Un problème n’arrivant jamais seul, l’extrême sécheresse de cet été impacte le vignoble : « L’appellation Buzet a autorisé l’irrigation des vignes l’an passé. On n’a pas pris le pli alors et je commence à le regretter cette année. C’est une réflexion qu’il faudra mener à l’avenir ».

On a été obligé d’augmenter le prix des bouteilles de 20 centimes mais elles restent abordables

UN CHÂTEAU MONCASSIN AUX ÉTATS-UNIS

Une autre réflexion incite Étienne à regarder de l ’autre côté de l’Atlantique : « En janvier 2023, je vais aux États-Unis pour monter un deuxième château Moncassin. Le projet est en train d’être finalisé. J’ai un attrait personnel pour les États-Unis. J’ai été 8 mois en Australie et 4 mois aux États-Unis avant de reprendre Moncassin. Je suis sorti de ma zone de confort, je ne parlais même pas anglais ! J’ai travaillé au centre de recherche du vin de la Barossa Valley pour savoir ce que je voulais vraiment faire. Aux États-Unis, j’ai beaucoup échangé et j’ai rencontré des gens intéressants. Là-bas, la mentalité est différente, notamment au niveau administratif.

Il y a beaucoup moins de contraintes. Je vais m’installer sur la côte est en Caroline du Nord, à Wilmington, qui est aujourd’hui le 4e port des États-Unis. L’immobilier reste abordable. De plus, c’est un État qui veut se développer avec une politique fiscale attractive : pas d’impôt sur les sociétés et 20 % d’impôt sur le revenu. Je voudrais passer l’hiver là-bas et la saison estivale en France. Le savoir-faire français conserve encore une renommée sur le marché américain ».

Malgré ce projet d’envergure, pas question pour le jeune homme de délaisser la France : « J’aime mon pays, je suis né là. L’objectif ici est de garder le patrimoine familial et de continuer à développer le château, petit à petit. C’est vrai que j’aime bien démarrer les projets, les faire évoluer et une fois que ça tourne bien, je passe à autre chose ».

Le savoir-faire français conserve encore une renommée sur le marché américain

Étienne Delmotte, Château Moncassin

Château Moncassin © Julien Mivielle

UNE SAGA FAMILIALE

L’héritage familial compte beaucoup pour Étienne qui nous narre l’histoire de son grand-père Roland qui a tout d’un personnage de roman : « Mon grand-père était belge. Après la guerre, il est arrivé en France sans rien. Il a démarré casseur de vaisselle sur les marchés, un métier qui n’existe plus aujourd’hui. Ensuite, il s’est mis à la vente de casseroles. Puis, issu du monde agricole, il a recréé une exploitation de céréales avec des amis dans le Val-d’Oise. En remontant d’Espagne, il a fait un détour par le Lot-et-Garonne et il a eu un coup de cœur pour la région. Il a acheté le château et les terres 1 million de francs en 1965. Il a poursuivi l’activité entre les deux exploitations dans le Val-d’Oise et en Lot-et-Garonne avec ses 4 fils. Je m’occupe du château à la suite de mon père et mes cousins se consacrent à l’activité céréalière ».

2 200 HECTARES DE CÉRÉALES POUR LE GROUPE DELMOTTE

Le groupe Delmotte compte aujourd’hui plus de 2 200 hectares en culture céréalière, une vaste surface qui en fait une des plus grosses exploitations de la région. Une success story qui a pu attirer les foudres de la jalousie autour de la famille Delmotte. Un ressentiment qui peut également se manifester en ligne sur les réseaux sociaux pour lesquels Étienne a choisi de prendre une agence de communication afin de se dégager de cette négativité et de se consacrer à l’essentiel.

Par ailleurs, les propos assurés d’Étienne n’empêchent pas le jeune entrepreneur de 25 ans d’avoir conscience de ses limites et des domaines dans lesquels il peut progresser : « Je préfère travailler avec des prestataires indépendants plutôt que des salariés avec les difficultés de recrutement que l’on connaît actuellement. Je n’ai pas encore assez d’expérience pour rester calme émotionnellement. C’est un mode de fonctionnement qui me convient pour l’instant ». Ainsi, l’exploitation dispose d’un haut niveau d’équipement qui permet de réaliser des vendanges 100 % mécaniques avec des tables de tri. De plus, son père Vincent, même retraité, continue de l’aider. Il le conseille notamment pour la prise de décisions et surtout s’occupe des démarches administratives qui lassent particulièrement son fils, préférant travailler dans la vigne.

Le Lot-et-Garonne se développe mais on n’en parle pas assez notamment en ce qui concerne le vin

Enfin, malgré son rêve américain, Étienne garde un œil optimiste sur le Lot-et-Garonne : « Le territoire se développe mais on n’en parle pas assez, notamment en ce qui concerne le vin. Alors que les touristes qui viennent dans notre département repartent toujours ravis et réfléchissent même à venir s’installer ici dans le futur ».

Étienne Delmotte, Château Moncassin

Château Moncassin © Julien Mivielle

100 000 BOUTEILLES PRODUITES EN 2021

Au XIXe siècle, le domaine viticole comptait 160 hectares, jusqu’aux ravages du phylloxéra qui touche l’Europe dans les années 1860-1870. C’était alors un des plus gros châteaux de l’appellation disparue Haut Bordeaux. Vincent Delmotte, le père d’Étienne, commence à replanter de la vigne à partir de 1997 : « Ma mère était médecin, issue d’une famille agricole faisant du cognac. Alors, avec mon père, ils ont voulu replanter de la vigne et refaire un chai », raconte Étienne.

Le vignoble couvre aujourd’hui 16 hectares : 11,5 ceinturent harmonieusement le château et son parc et une parcelle à Puch-d’Agenais (4,5 hectares) vient compléter le domaine. L’ambition d’Étienne est d’arriver prochainement à 20 hectares. Son terroir se prête à merveille à la culture de la vigne grâce à ses pentes idéalement orientées et ses sols argilograveleux plantés en cépages nobles : cabernet sauvignon, cabernet franc, merlot pour les rouges, sauvignon et sémillon pour les blancs. 100 000 bouteilles produites en 2021 : 75 % pour le marché hexagonal. La gamme de vin s’apprête d’ailleurs à connaître une petite évolution sous l’impulsion d’Étienne et se répartira entre « Le M de Moncassin » pour le rosé et le blanc, et « Conquérant », « Impérial » et « Diplomate » pour le rouge.

 

LE CHÂTEAU MONCASSIN, 800 ANS D’HISTOIRE

En 1259, le château Moncassin était une demeure féodale fortifiée comprenant une ferme vivrière et un chai. Il assurait, en ses murs, un refuge aux paysans voisins qui, au moment des conflits, leur permettait de vivre en autarcie. Dès le XIIe siècle il fut le siège d’une coseigneurie très puissante. La forteresse appartint successivement à de grandes familles : les comtes de Foix, de Pins, de Lupiac, de Montlezun et la famille d’Albret entre autres. Les seigneurs de Moncassin se distinguèrent surtout pour leurs faits d’armes. De cette époque féodale ne demeure que la tour, aujourd’hui transformée en gîte. Ce château fort fut remanié en 1554, puis reconstruit en 1865 par les familles de Sigalas Lur-Saluces selon les plans du baron Haussmann, à la suite d’un incendie. Il arbore depuis le style de la Renaissance.

En 1965, la famille Delmotte a pris en main la destinée du château et du chai avec la volonté de valoriser les terres, replanter de la vigne et de transmettre son histoire et le goût de la tradition.

UN SÉJOUR AU CHÂTEAU

D’avril à septembre, cette bâtisse de charme se transforme en gîte et chambres d’hôtes pour un séjour paisible au cœur des vignes, en famille ou entre amis. Les chambres rénovées avec soin permettent au visiteur d’éprouver la vie de château pour 95 € la nuit (140 € les 2 nuitées). Le sauna, le jacuzzi et la piscine couverte agrémentent le séjour des hôtes. Après une année 2021 où la clientèle était essentiellement française, l’année 2022 marque le retour de la clientèle étrangère européenne et internationale. De plus, pour un mariage, un baptême, un cocktail, ou tout autre événement, le parc du château Moncassin se transforme en lieu de réception pour une expérience entre nature et charme de la Renaissance. Les excellentes notes sur les sites de réservation en ligne témoignent de la qualité des prestations du lieu.

 

LE CHAI

Le chai permet, de par sa singularité, la vinification essentiellement par gravité naturelle aussi appelée « écoulage ». Les vins sont élaborés grâce à une combinaison de technologies modernes et de techniques traditionnelles, notamment par le processus de thermorégulation.

Sa cave accueille les fûts de vieillissement qui contribuent à créer des vins souples, boisés et durables. Ces méthodes offrent une variété de vins d’assemblage à boire jeunes ou à conserver dans le temps.

Le chai du château Moncassin est ouvert pour une visite, une dégustation ou de la vente en direct. Avec l’agrandissement du domaine viticole, le chai va également subir des transformations avec des travaux à venir pour un montant de 300 000 €.

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