Couverture du journal du 20/04/2024 Le nouveau magazine

Hautes-Pyrénées – Pic Steak : à l’assaut de la chaîne alimentaire

En misant sur la force du circuit court et la qualité de leur viande, les éleveurs des Hautes-Pyrénées ont lancé leur marque. Pic Steak est désormais une réalité, distribuée dans les supermarchés du département, elle est porteuse de nombreux espoirs .

Christian Duprat, Jules Cotrez, Pic steak

Christian Duprat et Jules Cotrez, Pic Steak © Hermance Hitte

Le défi est énorme, l’aventure humaine magnifique et l’enjeu crucial. Les éleveurs des Hautes-Pyrénées ont lancé leur propre marque de viande et, depuis juin, Pic Steak enrichit les rayons des supermarchés du département. Le produit phare est le steak haché mais toutes les parties nobles comme les entrecôtes et les côtes à l’os sont également disponibles, en libre-service ou sous-vide. Il aura fallu plus d’un an pour que cette idée novatrice devienne une réalité et à ce jour, 25 professionnels sont réunis dans l’association. Un groupement amené à évoluer comme l’explique Jules Cotrez, responsable du développement de la marque et de la filière : « À la base il y avait une quinzaine d’éleveurs et au fil du temps et des discussions, le cercle s’est agrandi. Pour l’instant on a la demande, la confiance aussi, mais il faut qu’on fasse nos preuves, qu’on montre que la marque a du potentiel. Tous les éleveurs sont les bienvenus ».

UN VRAI CHOIX POUR LE CONSOMMATEUR

Pic Steak

Un logo que les consommateurs apprennent à reconnaître © Pic Steak

Si le premier distributeur a été le Leclerc d’Ibos, le logo aux sommets noirs et cœur rouge est désormais disponible à Tarbes, Orleix et Lourdes ainsi que dans certaines enseignes Carrefour. Sur le long terme, les départements limitrophes devraient être les prochains distributeurs et le vœu pieux serait que le bassin toulousain entre dans la zone de diffusion. Avec quelques semaines de recul, l’accueil est indéniablement bon mais pour ces professionnels, le chemin commence à peine : « On vient s’insérer dans un monde économique qui ne nous a pas attendu », souligne Christian Duprat, éleveur et président de l’association.

« Changer les habitudes des uns et des autres… on s’aperçoit que ce n’est pas si facile. Les partenaires commerçants commencent à mettre en avant ce genre de produits locaux. Le but est que le consommateur ait conscience d’avoir le choix entre pouvoir acheter un produit industriel, pour des raisons de prix souvent, et un produit local qui essaye d’être le plus vertueux possible ». Blonde d’Aquitaine, Charolaise, Gasconne et Limousine : les éleveurs misent sur des races reconnues pour leur qualité et leur finesse mais pas seulement.

UNE MARQUE ÉTHIQUE ET LOCALE

Grâce au circuit court, le temps de transport des vaches est réduit, le bien-être animal ainsi préservé. L’abattage et la transformation se faisant également dans le département, l’impact environnemental, notamment carbone, moindre. L’herbe n’étant pas plus verte ailleurs, les troupeaux pâturent presque huit mois dans l’année dans les prairies bigourdanes, une alimentation complétée avec des céréales, garanties sans OGM : « C’est un point important mais au-delà, il y a surtout la volonté d’un approvisionnement avec des protéines locales », ajoute Christian Duprat. « À travers l’alimentation bovine, il y a évidemment la partie énergie. Dans les fermes, les éleveurs sont souvent autonomes grâce aux productions de céréales. Si on utilisait du sans OGM qui a fait le tour de la planète, ça n’aurait pas le même sens. » Avec une transparence de provenance et un cahier des charges rigoureux, la qualité se double d’une éthique indéniable, autant de paramètres qui font de la marque une alternative qui séduit : Pic Steak fournit trois à quatre vaches par semaine aux supermarchés.

Une transformation dans les abattoirs locaux, moins d’impact carbone, moins de transport et une vraie transparence

UN SOUTIEN AUX ÉLEVEURS

En créant leur propre marque, les éleveurs prennent leur avenir en main. Dans un département qui a vu les troupeaux passer de 65 000 à 50 000 têtes en une dizaine d’années, il s’agit presque de survie : « De nombreux éleveurs ont cessé d’exercer, il n’y a pas eu de renouvellement, c’est factuel », constate Christian Duprat. « En très peu de temps on a perdu 1/6 e du troupeau haut-pyrénéen. L’élevage bovin est très contraignant mais comme beaucoup d’autres métier. Le problème est que ça devient de plus en plus difficile de gagner sa vie avec. Le constat est simple, soit on reste chez nous, on se plaint et on attend que ce soit notre tour, soit on fait quelque chose. Avec Pic Steak, on essaye de se réapproprier le fonctionnement d’une chaîne alimentaire, et tous les maillons commerciaux, pour arriver en tant qu’éleveur à gagner sa vie. Des emplois seront confortés, d’autres créés… L’aventure elle est là, on ne sait pas si on réussira mais on aura essayé. » Des perspectives d’évolution dont le futur paysage du département est étroitement lié, si la moitié de la surface agricole est composée de pairies, celles-ci seraient inexorablement remplacées par des champs de cultures si l’élevage était amené à disparaître. Engagée, locale et savoureuse, Pic Steak ouvre la voie mais aussi l’appétit.

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