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Décarboner l’aviation : le défi de demain

Alors que le trafic aérien revient petit à petit aux standards d’avant Covid, un colloque s’est tenu à Toulouse sur l’avenir de l’aviation. Comment décarboner l’industrie, à quel rythme et avec quels financements ? Des questions dont les réponses tardent à venir.

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Carlos Lopez de la Osa Garcia (ingénieur), Chantal Beer-Demander (collectif PAD) et Baptiste Voillequin (GIFAS) © Maxime Fayolle

C’est la quatrième révolution de l’aviation. Celle qui sera capable de maintenir le principe de l’avion pour tous, tout en respectant les engagements des Accords de Paris. En clair : continuer à augmenter le nombre de passagers, tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre. Comment concilier ces deux ambitions qui paraissent contradictoires ? « Il y a plusieurs leviers » explique Baptiste Voillequin du GIFAS. « Cela passe par le renouvellement de la flotte des avions, le développement de nouveaux bio-carburants et enfin par l’innovation technologique. » Sur ce dernier point, l’avion à l’hydrogène est l’objectif avoué des industriels.

Budget carbone presque épuisé

L’ingénieur Carlos Lopez de la Osa Garcia se veut, lui, plus prudent. « La prise de conscience de l’industrie aéronautique est très récente. La croissance continue et notre budget carbone est bientôt épuisé. Cette feuille de route basée sur la technologie est-elle suffisante ? »

Une question à laquelle plusieurs start-ups toulousaines tentent d’apporter des réponses. C’est notamment le cas de Beyond Aero dont l’objectif est de réaliser le premier vol à l’hydrogène avec pilote. « On s’attaque principalement à l’aviation d’affaires qui représente 23 000 appareils. On a levé 25 millions d’euros mais on s’est fixé le milliard comme objectif » détaille Valentin Chomel, le cofondateur.

L’argent, nerf de la guerre

La question du financement est finalement celle qui sous-tend toutes les autres. « Le problème, c’est que les financeurs sont des poltrons ! » lâche Marwan Lahoud, directeur général du groupe de gestions d’actifs Tikehau Capital. « Aujourd’hui, ils commencent à croire en l’aviation mais il faut que les start-ups en soient conscientes : elles ne deviendront pas toutes des licornes ! »

Certaines comme Universal Hydrogen ont fait le choix de s’installer outre-Atlantique. Les enjeux financiers ont été mieux appréhendés là-bas selon Pierre Farjounel, le responsable du développement Europe : « En deux ans, on a fait voler un avion à l’hydrogène en partant de rien. Ce fut possible car on a eu un accompagnement financier rapide. Si j’ai besoin de 50 millions, ça ne doit pas me prendre 18 mois de dossiers, de commissions … En Europe, le fléchage de l’argent prend trop de temps. » Un temps pourtant crucial pour réussir cette quatrième révolution de l’aviation.