C’est la quatrième révolution de l’aviation. Celle qui sera capable de maintenir le principe de l’avion pour tous, tout en respectant les engagements des Accords de Paris. En clair : continuer à augmenter le nombre de passagers, tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre. Comment concilier ces deux ambitions qui paraissent contradictoires ? « Il y a plusieurs leviers » explique Baptiste Voillequin du GIFAS. « Cela passe par le renouvellement de la flotte des avions, le développement de nouveaux bio-carburants et enfin par l’innovation technologique. » Sur ce dernier point, l’avion à l’hydrogène est l’objectif avoué des industriels.
Budget carbone presque épuisé
L’ingénieur Carlos Lopez de la Osa Garcia se veut, lui, plus prudent. « La prise de conscience de l’industrie aéronautique est très récente. La croissance continue et notre budget carbone est bientôt épuisé. Cette feuille de route basée sur la technologie est-elle suffisante ? »
Une question à laquelle plusieurs start-ups toulousaines tentent d’apporter des réponses. C’est notamment le cas de Beyond Aero dont l’objectif est de réaliser le premier vol à l’hydrogène avec pilote. « On s’attaque principalement à l’aviation d’affaires qui représente 23 000 appareils. On a levé 25 millions d’euros mais on s’est fixé le milliard comme objectif » détaille Valentin Chomel, le cofondateur.
L’argent, nerf de la guerre
La question du financement est finalement celle qui sous-tend toutes les autres. « Le problème, c’est que les financeurs sont des poltrons ! » lâche Marwan Lahoud, directeur général du groupe de gestions d’actifs Tikehau Capital. « Aujourd’hui, ils commencent à croire en l’aviation mais il faut que les start-ups en soient conscientes : elles ne deviendront pas toutes des licornes ! »
Certaines comme Universal Hydrogen ont fait le choix de s’installer outre-Atlantique. Les enjeux financiers ont été mieux appréhendés là-bas selon Pierre Farjounel, le responsable du développement Europe : « En deux ans, on a fait voler un avion à l’hydrogène en partant de rien. Ce fut possible car on a eu un accompagnement financier rapide. Si j’ai besoin de 50 millions, ça ne doit pas me prendre 18 mois de dossiers, de commissions … En Europe, le fléchage de l’argent prend trop de temps. » Un temps pourtant crucial pour réussir cette quatrième révolution de l’aviation.