« Lorsqu’il est venu à la rencontre de la filière aéronautique mi-février, le ministre de l’Économie et des Finances, Éric Lombard, a laissé entendre que tout allait bien dans la Ville rose. La Banque de France avait la veille fait part de bons chiffres pour l’économie toulousaine. Or, sur le terrain, nous avons un son de cloche bien différent de la part des entrepreneurs : tout n’est pas si rose dans la Ville rose. » Le message est clair de la part du président du Medef de Haute-Garonne, Pierre-Olivier Nau, qui avait convié la presse le 6 mars pour tirer la sonnette d’alarme sur les risques encourus par les entreprises locales dans un contexte économique dégradé.
Trop de taxes
Pour Pierre-Olivier Nau, les inquiétudes se multiplient : le contexte mondial est plus que jamais tendu ; au niveau national, le budget adopté est « complètement anachronique », juge le président du Medef 31, au vu de la situation économique des entreprises. « Rajouter des impôts sur les entreprises est aberrant ! » Pierre-Olivier Nau dénonce notamment la contribution exceptionnelle sur l’IS (impôt sur les sociétés) due par les grandes entreprises qu’il espère voir supprimée en 2026. « Ces impôts supplémentaires, ce sont des investissements en moins. Investissements qui auraient profité aux PME », déplore le président du syndicat départemental. « Quand on taxe Airbus ou Pierre Fabre, ce sont les sous-traitants et partenaires locaux qui en subissent les conséquences. »
Les Régions aussi prévoient de ponctionner les entreprises, avec la mise en place potentielle du versement mobilité régionale, appelée des vœux de la présidente de Régions de France et de la Région Occitanie, Carole Delga, à l’heure où les trésoreries des entreprises font grise mine.
Ces impôts supplémentaires, ce sont des investissements en moins
Des trésoreries affaiblies
« Airbus a décidé de recentrer son activité pour assurer les cadences et délais de livraison. Les sous-traitants qui ne sont pas directement liés à la production subissent l’impact de cette décision », note Pierre-Olivier Nau, rappelant que l’économie locale est encore fortement dépendante d’Airbus. « Le secteur de l’événementiel et de la restauration toulousain est particulièrement touché », renchérit Thomas Fantini, vice-président du Medef 31. Autre cause de la fragilité des entreprises haut-garonnaises : l’urgence à rembourser les PGE.
Dans ce contexte, le moral des dirigeants est au plus bas. Le Medef 31 a mené une enquête auprès des 45 administrateurs du syndicat départemental, qui sera renouvelée régulièrement, pour prendre le pouls des dirigeants. « Le plus inquiétant concerne leur moral, évalué à 4/10 », alerte Thomas Fantini. Autres enseignements : 77 % des interrogés déclarent des perspectives négatives en termes de recrutements, 50 % jugent que leur niveau de trésorerie est faible, 59 % estiment que les carnets de commandes sont insuffisants, 40 % ont constaté une diminution des marges en 2024.
L’enjeu des infrastructures à Toulouse
Et les dernières actualités au niveau local ne rassurent pas les dirigeants. La question des infrastructures pour aider la ville de Toulouse à se développer est essentielle, estime Pierre-Olivier Nau qui fait part de son « inquiétude immense » quant à l’arrêt du chantier de l’A69 entre Toulouse et Castres. « Par extension, je suis inquiet pour le projet de LGV, d’autant plus qu’il n’est pas complètement financé et pour la jonction Est de Toulouse. Certains veulent faire de Toulouse une ville qui recule ; nous, nous sommes pour une croissance durable. »
Certains veulent faire de Toulouse une ville qui recule ; nous, nous sommes pour une croissance durable
En attente du PLF 2026
Le Medef 31 est ferme : 2025 sera une année compliquée. « Les dirigeants sont habitués à prendre des risques, mais là, tout le monde va devoir rester prudent et attendre », note Valérie Jimenez.
Les chefs d’entreprise espèrent une éclaircie en fin d’année. « Lorsque j’ai discuté avec Éric Lombard il y a quelques semaines, il m’a assuré que les choses iraient mieux en 2026. Espérons que ce soit le cas et que la loi de finances rectificative 2025 puis le PLF 2026 nous montrent que le gouvernement fait confiance aux entreprises », conclut Pierre-Olivier Nau.