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Saint-Pierre-de-Clairac : des moines bien chaussés

Le monastère Sainte-Marie de la Garde à Saint-Pierre-de-Clairac est le seul en France à produire des sandales à grande échelle. Leur succès a été immédiat et continue à l’être depuis vingt ans.

moines

© D. R.

Fondé en 2002 par l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux dans le Vaucluse, le monastère Sainte-Marie de la Garde consacre une part importante de son travail manuel à la fabrication de sandales. En effet, les 17 moines qui y vivent aujourd’hui suivent la règle de saint Benoît, qui peut se résumer dans le célèbre adage : « ora et labora » (« prie et travaille »). Leur vie alterne donc entre prière (7 offices le jour et 1 la nuit à 3 h 30) et travail. En plus des tâches habituelles d’une grande maison (hôtellerie, cuisine, ménage, entretien des bâtiments…), les moines travaillent aussi de leurs mains pour assurer leur subsistance : ainsi, outre la fabrication de sandales, ils cultivent un verger de noyers (dont ils vendent les noix en coque, en cerneaux et en huile).

1 500 PAIRES DE SANDALES COMMERCIALISÉES PAR AN

Depuis 2003, alors qu’ils avaient démarré de manière très artisanale, les moines ont amélioré le processus de fabrication avec des machines plus nombreuses et plus perfectionnées, dont une presse à découper à l’emporte-pièce ou ce banc de finition offert par un artisan savatier parti à la retraite. De la centaine de paires fabriquées par an au début de l’aventure, vingt ans plus tard, ils en sont à 1 500.

SILENCE IMPRESSIONNANT

En robe de bure bleue avec capuce, frère Augustin, d’origine québécoise, travaille avec frère Cyprien dans cet atelier dont images et statues religieuses, ainsi qu’une grande croix rouge, constituent le décor. Le geste est précis, les étapes méthodiques, entre découpe à l’emporte-pièce du cuir de bovin européen pleine fleur (en provenance d’une tannerie de Pau) et du caoutchouc Vibram, collage, cardage, pointage des lanières, presse et finition de la semelle et de celle de la lisse. Certaines lanières étant renforcées par de petits clous pour assurer une plus grande résistance ! Le tout vécu dans un silence impressionnant, puisque, pour le moine, tout travail est aussi une prière : « ora et labora » !

Conseillés par des professionnels de grandes marques françaises de chaussures, les moines ont mis au point trois modèles de sandales aux lignes simples et harmonieuses : les Hildegarde et les Scholastiques (comportant un talon) pour les femmes, et les Benoît pour les hommes. Déclinés en six couleurs pour des tailles allant du 35 jusqu’au 47, cela donne 92 catégories en termes de production.

Outre la fabrication de sandales, les moines cultivent un verger de noyers (dont ils vendent les noix en coque et en huile)

LES ATELIERS MONASTIQUES DE LA GARDE

Père Hubert, cellérier de la communauté (c’est-à-dire économe), veille à la bonne marche temporelle du monastère. « Nos sandales sont vendues sur place dans notre magasin, mais aussi dans différents magasins de monastères en France, dont celui de notre maison mère du Barroux dans le Vaucluse. Tout récemment encore, elles étaient aussi commercialisées à l’étranger d’une écoute, d’un conseil, que sais-je encore ». Le blason de l’abbaye représente un cèdre sous une étoile. Le cèdre, symbole biblique, suggère la force tranquille, la justesse, la patience. L’étoile, quant à elle, renvoie à la Vierge Marie. Cette étoile a été suivie cet été par de nombreuses personnes qui, dans le cadre des deux visites guidées estivales programmées par l’Office de tourisme Destination Agen, ont choisi cette destination très particulière.

LA CONSTRUCTION D’UN CLOÎTRE EST EN COURS

D’imposants travaux du futur cloître avec trois de ses ailes ont débuté en mai. Celui-ci, sera édifié dans un style d’esprit roman, entièrement en pierre (fondations y compris). Dans trois ans, cette première tranche de travaux devrait être achevée. Puis viendra alors la construction de l’église abbatiale. L’objectif étant, à terme, de construire un monastère pouvant accueillir 40 moines, contre 17 actuellement. « Il s’édifie donc en 2023, en Lot-et- Garonne, une abbaye telle qu’on en construisait il y a 1 000 ans ! », conclut le père abbé Dom Marc.

DÉDIÉE À SAINTE FOY

C’est en novembre 2002 que huit moines furent accueillis par l’évêque d’Agen sur le site de Lagarde, propriété acquise l’année précédente, pour fonder un nouveau monastère.

En 2006, la chapelle est bénie et dédiée à sainte Foy. Les bâtiments ne cessent alors de s’étendre jusqu’à ce qu’en février 2021 l’érection en abbaye soit confirmée et que le premier abbé reçoive la bénédiction abbatiale (24 juin 2021).