Couverture du journal du 02/10/2024 Le nouveau magazine

Saint-Savin – Des savons et des Soums* à La Fabrique des Soums

Installée depuis 22 ans dans les Pyrénées, Caroline Daguenet a lancé sa savonnerie La Fabrique des Soums en 2020. Elle produit des savons solides surgras saponifiés à froid pour le corps et le visage.

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© Lilian Cazabet - La Vie Economique

Dans le petit laboratoire de sa maison de Saint-Savin, Caroline Daguenet démoule un peu plus de 7 kg de son savon Soum d’Alep, un savon solide surgras saponifié à froid. Depuis 2021, cette infirmière libérale a ouvert, en parallèle de son activité, une savonnerie créative baptisée La Fabrique des Soums. « J’ai hésité entre la permaculture, qui mêle aussi la terre et le vivant, et la savonnerie. Je me suis tournée vers le savon car cela se rapproche de la cuisine, une activité qui m’intéresse. Il y a des recettes à tester avec des pourcentages d’huile, de beurres et de poudre à mélanger », raconte avec passion Caroline Daguenet. Après un premier test à l’automne 2019, elle « ultra-savonne » pendant le Covid et réalise des formations sur la fabrication, mais aussi, sur la réglementation en vigueur dans la cosmétique. « C’est une école de la patience, j’avais besoin de créatif, mais aussi, de fabriquer des savons plus propres, plus biologiques et en accord avec mes valeurs », complète-t-elle.

Les Soums des Pyrénées

Finalement, elle lance sa savonnerie La Fabrique des Soums en 2021 et avec 3 ans d’inscription comme savonnière à la Chambre des Métiers, elle est maintenant artisan savonnier. Originaire des Alpes-de-Haute-Provence et installée dans les Pyrénées depuis 22 ans, elle trouve son inspiration dans ses balades en montagne qui modèlent ses créations. Elle propose le Soum de l’Océan, un savon solide surgras saponifié à froid qui convient à toutes les peaux, le Soum des Montagnes, pour les peaux mixtes et grasses. Ses moules aux formes arrondies ont été réalisés par une amie sculptrice à partir d’écorces de chêne et de galets. « Mon objectif premier est de toucher le plus grand nombre possible de personnes afin qu’elles laissent tomber le gel douche », continue la créatrice de savon. Tous ses produits sont validés par un toxicologue qui vérifie ses dossiers, les formules, les fournisseurs, et, enfin, réalise des calculs dont découle l’étiquette apposée sur les savons.

Contexte défavorable

Si le savon a connu un boom pendant le Covid, les savonniers traditionnels entrent dans une période plus compliquée. « Le prix des matières premières a explosé et les frais de port avec. Les savonniers sont dans la tempête, certains ferment, ceux qui ont beaucoup investi ont du mal à survivre car la clientèle est moins au rendez-vous. Les clients privilégient des produits industriels moins chers », explique en détail Caroline Daguenet. Elle utilise beaucoup d’huile d’olive dans ses productions dont le prix a particulièrement augmenté. « Je réalise des tests avec des produits plus locaux comme l’huile de tournesol produite au Pays basque et en Béarn. Je compte sortir des savons avec des matières premières plus locales et dont le prix n’a pas augmenté pour continuer à proposer les prix que j’affiche », ajoute-t-elle. Elle n’utilise du beurre de cacao que dans un seul de ses savons. « D’autres l’utilisent dans la quasi-majorité de leurs savons, avec un prix du beurre de cacao qui a triplé, c’est compliqué pour eux », continue la savonnière.

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Caroline DAGUET, créatrice de la Fabrique des Soums en 2020. © Lilian Cazabet – La Vie Economique

Baumes et huiles

Caroline Daguenet poursuit son activité d’infirmière libérale en parallèle de sa savonnerie. « Je souhaite pérenniser mon activité en avançant doucement », ajoute-t-elle. À l’avenir, elle aimerait intégrer des produits locaux originaux à ses savons comme du lait de chèvre du Val d’Azun, du cacao de chez Dardenne, un chocolatier réputé de Bagnères-de-Luchon, de la bière, ou encore, des rafles de maïs. « On peut faire du savon avec tout », fait-elle remarquer. Caroline Daguenet s’intéresse aussi au développement de baumes et d’huiles qui nécessiteront des tests supplémentaires. « Je réponds également aux demandes de gîtes et Airbnb et j’aimerais aller chercher la mention Nature et Progrès cette année. Cette mention biologique certifiante demande de respecter un cahier des charges strict limitant l’impact sur l’environnement et qui correspond à mes valeurs », conclut-elle.

« Mon objectif premier est que le plus grand nombre laisse tomber le gel douche »