Couverture du journal du 07/05/2024 Le nouveau magazine

Satys vise l’Amérique

Le spécialiste de la peinture d’avion et de satellite mise sur une croissance forte en 2024, portée par l’accélération des cadences chez Airbus. Satys a également pour projet de renforcer sa présence aux Etats-Unis et au Canada avec cinq sites qui seront occupés d’ici fin 2025.

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© Satys

« Jamais le secteur n’a connu une telle pente de croissance ! » Les mots du directeur général Grégory Mayeur résument l’ampleur de la tâche pour Satys dans les années à venir. Après trois années compliquées sur fond de Covid-19, le secteur de l’aéronautique est revenu à ses standards. « Le trafic est revenu à son niveau de 2019 et les cadences à venir sont supérieures à celles d’avant la crise puisqu’Airbus prévoit de les doubler d’ici 2027. » L’enjeu pour l’entreprise spécialiste de la peinture de ces avions est de savoir comment supporter la hausse de ces flux.

On va recruter entre 300 et 400 personnes dans le monde, dont la moitié en France

Le recrutement, priorité numéro 1

En 2019, Satys tournait entre 3 et 5% de croissance. « Aujourd’hui, on est autour de 10 à 12% de croissance organique » calcule Grégory Mayeur. Le sous-traitant d’Airbus est concerné en premier lieu par la peinture des avions neufs, mais également par le maintien en condition opérationnelle. « La repeinture est un axe qu’on souhaitait renforcer. Pendant le Covid, de nombreux appareils n’ont pas volé et n’ont pas été entretenu. Il y a donc un phénomène de rattrapage. »

Si l’outil industriel de Satys reste correctement dimensionné, au moins jusqu’au début 2025 selon son directeur général (6 salles de peinture à Toulouse), la question prioritaire est celle du recrutement. « Hormis en Espagne et au Maroc, on souffre d’une pénurie de main d’œuvre qualifiée dans les 11 autres pays où on se trouve. » En France, les deux années qui viennent de s’écouler ont été compliquées. Et les besoins seront encore nombreux en 2024. « On va recruter entre 300 et 400 personnes dans le monde, dont la moitié en France » calcule Grégory Mayeur.

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Grégory Mayeur, directeur général de Satys © Satys

Donner du sens

Afin d’éviter la pénurie, l’entreprise a lancé Satys Campus pour encadrer le processus de recrutement. « Il faut d’abord attirer des jeunes grâce à des partenariats avec des lycées et des centres d’apprentissage. » Ensuite, Satys propose sa propre formation peinture pendant 6 mois. Enfin, l’étape la plus difficile est la fidélisation des nouvelles recrues. « La demande est forte dans tous les secteurs de l’aéronautique. On se retrouve face à des personnes qui peuvent changer de métier et d’entreprise comme elles le souhaitent. Le temps où on passait 30 ans dans une seule boîte est révolu ! » Ainsi, pour garder ses recrues formées, l’entreprise propose une politique salariale ambitieuse et veut créer un climat convivial. « Il faut donner du sens à nos métiers. »

Réduction énergétique

Outre le fait de participer à une industrie florissante « et qui fait toujours rêver », les jeunes recrues de Satys peuvent se targuer de rejoindre un groupe qui a mis en place une politique volontariste sur les économies d’énergie. « Notre plan de sobriété énergétique nous a permis de réduire nos émissions de 22%. Désormais, on va entamer un plan de transition pour récupérer la chaleur perdue et parvenir à notre objectif de 30% d’émissions en moins en 2025 » se satisfait Grégory Mayeur.

Le directeur général croit à plus large échelle à une prise de conscience globale du secteur et de toute la supply chain. « Pour réduire l’empreinte carbone de l’aéronautique, il faut que les sous-traitants s’y mettent. Tous les mois, on regarde les consommations de tous nos sites. C’est au cœur de notre stratégie. On y arrivera grâce à de nouvelles avancées technologiques. »

Première en Europe

A ce sujet, Satys va inaugurer fin janvier la mise en service d’une nouvelle technologie de traitement des aluminiums. « Il s’agit de l’anaphorèse. Elle permet d’éviter le chrome qui est un métal lourd et polluant. » Développée avec le fournisseur de peinture PPG, cette technologie est une première en Europe et sera en service en avril « pour un client qui fait des avions militaires et d’affaires » souffle le directeur général.

L’autre projet de Satys à moyen terme est le déploiement de ses ailes en dehors de l’Europe. « Nous ne sommes pas assez présent sur le continent nord-américain alors que l’aéronautique est la plus dynamique là-bas » déplore Grégory Mayeur. Satys envisage d’opérer cinq sites aux Etats-Unis et au Canada d’ici 2025. Un gros enjeu pour le groupe toulousain qui garde également le Moyen Orient dans son viseur.

 

Satys en chiffres :

2500 salariés sur 45 sites dans 13 pays

200 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2023 dont 1% grâce à l’activité peinture de satellites, ouverte en 2023

300 à 400 embauches dans le monde en 2024 (1/4 à Toulouse)

22% d’émissions de CO2 évitées grâce au plan de sobriété