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Photo : les pianos magnifiés

Le photographe bergeracois Romain Thiery a été distingué lors des International Photography Awards dont la cérémonie aura lieu le 5 octobre, à Athènes. Sa série Requiem pour pianos, mettant à l’honneur des pianos abandonnés, est comme une nature morte, visuelle et sublime. 

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© Romain Thiery

Un piano entouré de végétation, dans une maison abandonnée où la nature a repris ses droits. Un piano, seul trônant dans une salle de réception délaissée, où l’on imagine encore le faste de soirées mondaines. Un piano dans un hôtel abandonné au cœur d’un hôtel… Toutes ces scènes sont des clichés capturés par Romain Thiery, artiste originaire de Bergerac, qui dédie sa carrière à sa série photographie Requiem pour pianos.

Suspendues dans le temps, d’une poésie rare, et magnifiés par l’œil de l’artiste, ces œuvres ont récemment été récompensées par le jury des International Photography Awards dans les catégories architecture et histoire. Une récompense pour Romain Thiery figurant également parmi le top 5 du jury, et qui tentait sa chance à ce concours pour la sixième fois. Pour sa candidature, il avait envoyé 12 photos représentatives de sa série.

Un piano à Périgueux

S’il est photographe autodidacte, Romain Thiery a grandi dans cet univers grâce à sa mère, et a pratiqué le piano dès ses cinq ans, à Bergerac. Un instrument dont il aime le son, et la solitude. « Le piano n’est pas obligé d’être accompagné », confie-t-il. Mêler le piano à son autre passion, la photo, n’est arrivé que plus tard, alors qu’il est âgé d’une vingtaine d’années, en 2017. Son premier piano abandonné, il l’a trouvé en 2014, dans une maison de maître à Périgueux. « À ce moment-là, j’accompagnais ma mère sur un projet photographique. Je n’ai pas d’appareil avec moi, mais l’idée de la série émerge, avec des questions : qu’est-ce qu’il fait là ? Comment peut-on laisser un piano derrière soi ? ». Requiem pour pianos émerge et voit le jour trois ans plus tard.

Cuba, l’Argentine…

Aujourd’hui, le photographe parcourt le monde à la recherche de pianos abandonnés : Bulgarie, Hongrie, Allemagne, Italie, États-Unis… Et plus récemment le Japon, en avril 2025 où il a pu photographier 12 pianos. « Au Japon, j’ai vu des choses que je n’avais pas l’habitude de voir, dans les lieux, l’architecture… Mais ils ont une culture du piano importante, les enfants l’apprennent dès petits, et Yamaha est une marque importante originaire du Japon. »

De tous les autres pays parcourus, c’est en France, en Allemagne ou encore en Pologne et en Autriche qu’il en a trouvé le plus. « Les grands compositeurs viennent de ces pays, et les grandes marques de pianos aussi. » Son coup de cœur ? « L’Autriche, il y a une ambiance particulière. L’opéra de Vienne est fabuleux, et il y a encore une aura autour de la musique classique. » Pour son prochain voyage, Romain Thiery espère partir à Cuba. « Cuba est un pays de musique, et j’aime son architecture, c’est ce qu’il faut pour mon projet. » En attendant, il part direction la Pologne en novembre, et envisage aussi de partir en Argentine.

Capture l’essence, et le son

Afin de trouver les instruments, Romain Thiery fait beaucoup de recherches, grâce à des associations, a des connaissances dans le domaine de l’urbex, ou encore grâce à Google Earth. « Je recherche des lieux qui soient vraiment abandonnés, donc ouverts. » Le photographe se rend ensuite sur place, et la magie opère. « Je ne fais aucune mise en scène. J’ouvre simplement le couvercle du piano et je retire les déchets comme des canettes s’il y en a. » Il attend ensuite le bon moment, la bonne lumière, pour la photo parfaite. « J’attends qu’il se passe quelque chose, que ça fasse ressortir l’ambiance du lieu, ce moment de la journée où il va se passer quelque chose. » De chacun de ces pianos retrouvés, il en capture également le son.

Vendu sur le marché de l’art, Romain Thiery ne tire ses photos qu’à 30 exemplaires. Il est exposé dans les collections permanentes de plusieurs musées comme celui de Leeds, ou encore le musée de la musique de Saint-Pétersbourg. Il a également installé son atelier-galerie à Pézenas, dans l’Hérault.

Vendu sur le marché de l’art, il ne tire ses photos qu’à 30 exemplaires