Dans le secteur méconnu et feutré de l’archivage professionnel, on ne compte pas en euros, mais plutôt en kilomètres linéaires. Face aux géants du secteur et leurs milliers de kilomètres d’archives, l’entreprise lot-et-garonnaise Archi’Mède affiche le respectable chiffre de 32 kilomètres linéaires et va bientôt pouvoir compter sur un nouvel espace de stockage de 4 000 m². C’est en effet au cœur de l’été que cette SCOP aux 15 actionnaires-salariés va lancer les travaux d’un bâtiment moderne et spécialement adapté à l’archivage sur la commune de Damazan, à côté d’un premier bâtiment, grâce au partenariat de la SEM 47 « qui prend en charge le financement pour au final nous restituer le bâtiment au bout d’une vingtaine d’années. Avec notre espace de Saint-Jean-de-Thurac et le bâtiment de Damazan, nous atteindrons une capacité de stockage de 45 km linéaires », détaille Rodolphe Pontens, gérant d’Archi’Mède.
Des clients de tout le Sud-Ouest
Seule entreprise du département spécialisée dans l’archivage confidentiel et sécurisé, de la prise en charge à son élimination, Archi’Mède restitue près de 200 archives hebdomadaires et travaille avec tout type de clients du grand Sud-Ouest tels que l’hôpital de Périgueux, des cabinets d’avocats, la caisse régionale du Crédit Agricole, des collectivités locales, une clinique à Pau, tous les hôpitaux et une trentaine d’entreprises du Lot-et-Garonne ou bien encore le Pôle emploi de la région Occitanie. « 60 % des archives sont médicales. Nos clients conservent les 3 dernières années et nous confient le reste en toute sécurité. La moyenne de conservation de ces archives est de 25 ans, mais certaines seront à détruire dans 70 ans ! », souligne le fondateur qui conserve entre ses murs ultra-protégés près de 25 millions de documents.
Utilisation de logiciels de géolocalisation
Face à ces tonnes de papiers, la clé de la réussite réside dans la gestion de la logistique. Une prouesse rendue possible grâce à l’utilisation de logiciels d’indexation et de géolocalisation permettant à Archi’Mède de délivrer une archive en 48 heures maximum. Alors que l’avenir de l’archive physique semblait condamné face au numérique quand la société a vu le jour en 2009, force est de constater que le bon vieil archivage connaît un vrai regain d’activité face notamment aux risques de piratages et de fuites de données en ligne. Répondant à un cahier des charges très strict, les entreprises du secteur sont donc équipées des derniers systèmes de sécurité incendie et anti-intrusion ainsi que de capteurs d’humidité et de températures les informant quotidiennement des conditions hygrométriques.
« La clé de la réussite réside dans la gestion de la logistique »
L’insertion via l’archivage
Archi’Mède est avant tout une entreprise d’insertion qui accompagne un public rencontrant des difficultés d’accessibilité à un emploi durable. Professionnel de l’inclusion, Rodolphe Pontens a été aiguillé sur la voie de l’archivage par le biais d’un élu départemental avec qui il travaillait régulièrement « et qui avait constaté que ce modèle fonctionnait ailleurs en France ». Après une étude de marché, le dirigeant a vite imaginé le potentiel d’une telle offre en Lot-et-Garonne et s’est donc jeté à l’eau avec le soutien technique d’une entreprise toulousaine, qui comptait déjà 800 km d’archives en 2009 ! Agréée par l’État, via le service interministériel des archives de France (SIAF), pour faire partie des 15 entreprises pouvant conserver des archives sensibles. Archi’Mède travaille avec une trentaine de prescripteurs départementaux dans le cadre de l’insertion professionnelle et accompagne aujourd’hui 26 personnes en parcours d’inclusion, soit l’équivalent de 22 temps pleins, aux profils différents comme des jeunes ou des adultes en reconversion : « Certains agents ont connu la sténographie ! Nous leur apprenons à manier l’outil numérique. L’objectif est de les remettre dans le circuit avec des compétences nouvelles ».
Deux nouvelles activités en 2024
Seule entreprise d’insertion sous le statut SCOP du Lot-et-Garonne, Archi’Mède a connu un grand virage en 2023 en reprenant, après la fermeture de la SEML du Confluent, les prestations de collecte des déchets d’activités spécifiques aux risques infectieux (DASRI) et le centre de tri des emballages ménagers en collaboration avec PAPREC début 2023. Passant de 20 à 40 salariés en quelques mois, l’entreprise a découvert de nouveaux métiers ayant toutefois des bases communes, comme le transport ou la logistique. Avec un chiffre d’affaires de 800 000 euros (50 % réalisés par l’archivage), elle entend d’abord consolider la structure, mais travaille sur de nouveaux projets très prometteurs comme celui d’une application numérique de covoiturage déjà fonctionnelle…