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Basse-Navarre : concilier l’accueil d’entreprises et les terres agricoles

Accueillir de nouvelles entreprises sans empiéter sur les terres agricoles est l’équation difficile du nouveau président d’Indar, l’association d’animation économique de Basse-Navarre. Maire de Saint-Just-Ibarre et directeur du collège Saint-François de Mauléon, André Larralde doit également favoriser les projets d’installation des jeunes de ce territoire rural.

Indar agricole

André Larralde ©V.Biard

La Vie Economique : Avec le manque de foncier sur la Côte basque, des entreprises imaginent dorénavant s’installer en Pays basque intérieur. Comment répondre à ces demandes ?

André Larralde : « Dans le Pays basque intérieur il y a une forte activité agricole et y enlever des terrains agricoles plats et facilement exploitables pour y installer des zones artisanales ou des entreprises est assez compliqué. Il y a très peu de terrains disponibles. »

LVE : Et plus de place non plus dans les zones d’activités ?

A.L. : « Sur Larcevau, il y a encore un peu de potentiel. Sur Garazi Baigorri, il n’y a quasiment plus rien de disponible pour l’installation d’entreprises. En Amikuze une zone artisanale est en création pour le secteur agroalimentaire en partenariat avec l‘Institut Jean Errecart et la CAPB.  Une zone d’activités va bientôt voir le jour à Irissarry mais cela fait presque 10 ans que nous sommes sur le dossier. Nous avons une problématique de sol et on ne peut pas mettre en concurrence l’agriculture avec d’autres secteurs économiques. Mais nous négocions des terrains lorsqu’il y a des successions ou des zones un peu stratégiques. Si nous n’arrivons pas à nous entendre nous pouvons aller jusqu’à la BIP, c’est-à-dire l’expulsion publique mais c’est rare. »

LVE : Qu’est ce qui peut justifier une telle décision ?

A.L. : « Nous avons le cas sur Larcevau avec l’entreprise Pyrénéfrom, une filière de Lactalis, grande pourvoyeuse d’emplois avec presque 110 postes qui doit se développer. Pour certains agriculteurs cela peut être un travail d’appoint. Nous négocions donc du terrain que Pyrénéfrom puisse d’agrandir. »

LVE : Et la question du logement ? De la place pour des nouvelles constructions ?

A.L. : « La législation de l’urbanisme est de plus en plus stricte. Il y a eu une consommation extrêmement importante des terres agricoles et si on veut y maintenir l’activité, il faut conserver des hectares verts. Il y a la loi de zéro artificialisation nette en 2050. Nous sommes en pleine réflexion sur un PLUi Sud Basse-Navarre appelé à couvrir 44 communes pour prévoir l’accueil économique, pérenniser la vie des familles déjà présentes, accueillir les nouveaux arrivants et tout cela en réduisant la consommation foncière. L’équation est très difficile car nous devons permettre à nos jeunes de rester ici. »

25 ans d’animation économique pour Indar

En basque, le nom de cette association créée en 1997 veut dire « donner l’impulsion ». Se présentant comme un outil d’animation économique du territoire des 3 communautés de communes de Basse-Navare, devenues pôles territoriaux de la Communauté Pays Basque, Indar couvre 70 communes mais ne s’occupe pas du secteur agricole.

Avec Marc Oyhagaray et Carine Violette l’association compte deux salariés à plein temps et s’appuie sur ses deux pépinières d’entreprises de Saint-Palais et Saint-Jean-le-Vieux totalisant une vingtaine de bureaux et des places en télétravail.

En 2021, Indar a suivi 247 dossiers dont 86 porteurs de projets générant 38 créations d’entreprises pour 48 emplois. « Ce sont des activités assez classiques dans le monde rural » résume Marc Oyhagaray pour décrire la typologie de ces créations d’entreprises majoritairement consacrées au bâtiment, au tourisme et au commerce.

Bientôt une pépinière d’entreprises agroalimentaires en Amikuze

La plus grande des trois provinces du Pays basque français est un territoire d’une superficie de 1 325 km2 peuplé de 26 108 habitants (chiffres 2019) dont environ les deux tiers parlent l’euskara. Des vignobles d’Irouléguy aux champs de maïs de Saint-Palais sans oublier l’élevage de bovins et de moutons comme la race typique de Manech tête noire, la Basse-Navarre est une terre agricole.*

La moitié des 5 600 entreprises recensées sont des établissements du secteur agricole avec notamment le groupe coopératif Lur Berri (terre nouvelle en basque) créé en 1936 et aujourd’hui fort de 430 salariés et 5 100 agriculteurs adhérents en France.

La Communauté Pays Basque va investir 3,5 millions d’euros pour la construction d’une pépinière d’entreprise dédiée à l’agroalimentaire sur la commune d’Aïcirits-Camou-Suhast. Bientôt bâtie sur la zone d’activités économique de Larramedia, cette pépinière proposera des ateliers de transformation, un espace de coworking, des salles mutualisées et également des bureaux pour d’autres secteurs que l’agroalimentaire.

A noter que sur le territoire du Pays basque français, l’emploi dans l’agroalimentaire est en croissance de 7% depuis 2007 et que le cluster Uztartu créé en 2010 rassemble une cinquantaine de professionnels de la filière.