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Lot-et-Garonne : Chambre de Métiers, la vision du nouveau président, Jean-François Blanchet

Élu en octobre dernier, l’hôtelier-restaurateur de Duras Jean-François Blanchet a d’importants dossiers sur la table de l’artisanat lot-et-garonnais. Représentant plus de 10 000 entreprises dans le département, il a également endossé la fonction de trésorier régional de la Chambre de Métiers de Nouvelle-Aquitaine. Il fait le point sur les nombreux projets à venir.

Jean-François Blanchet , président de la Chambre de métiers et de l'artisanat de Lot-et-Garonne

Jean-François Blanchet , président de la Chambre de métiers et de l'artisanat de Lot-et-Garonne © D. R.

La Vie Économique : Vous avez été élu en fin d’année 2021. Comment se sont passés vos débuts et votre prise de fonction ?

Jean-François Blanchet : « Il faut rencontrer toutes les équipes. La Chambre de Métiers est un très grand bateau, avec 110 personnes qui travaillent au quotidien pour les artisans et l’artisanat. On fait équipe ensemble. On s’occupe des entreprises de A à Z avec une attention particulière pour la formation (plus d’une vingtaine proposées ici). On est d’ailleurs passés de 700 à plus de 850 apprentis et 90 apprenants en alternance en 2 ans. Le Centre de Formation et d’Apprentissage (CFA) de Lot-et-Garonne, qui est le plus ancien de France avec ses 70 ans, est aujourd’hui très chargé. Il est largement temps de le restructurer. »

LVE : Justement, pourriez-vous nous dire où en est ce projet de nouveau CFA ?

J.-F. B. : « Les permis de construire sont déposés et les travaux vont démarrer en milieu d’année. Nous espérons que ça va aller bon train et nous pensons que dans deux ans beaucoup de choses auront été faites. Ça va être le chantier de l’année en Lot-et-Garonne. Nous allons nous agrandir pour atteindre l’objectif d’accueillir 1 000 élèves dans les meilleures conditions possibles. 50 % à 60 % des jeunes formés ici créent une entreprise. Si on augmente le nombre d’apprentis, on crée de l’emploi et on sait que sur notre territoire, on manque d’emplois et on manque de mains. Non seulement, nous formons, mais nous préparons aussi à embaucher. C’est pourquoi ce projet est si primordial. L’artisanat repré- sente plus de 20 000 emplois dans notre département. C’est un poumon économique, et c’est aussi un poumon de la vie locale. »

LVE : Le montant des travaux est estimé à 17 millions d’euros, est-ce que le financement est bouclé ?

J.-F. B. : « Le financement est bouclé. Mais nous avons les mêmes soucis que tout le monde : l’augmentation du prix des matières premières. C’est un imprévu mais nous allons faire le nécessaire pour arranger cela. »

Le nouveau CFA sera le chantier de l’année 2022 en Lot-et-Garonne

LVE : En plus de votre présidence lot-et-garonnaise, vous avez été élu trésorier de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat de Nouvelle-Aquitaine. Comment abordez-vous cette autre responsabilité ?

J.-F. B. : « Notre département a été reconnu car ce mandat de trésorier fait de moi le numéro 2 régional. Cela veut dire que le Lot-et-Garonne est reconnu comme un bon département de l’artisanat. Je souhaite mener à bien cette trésorerie pendant 5 ans même si ça me prend beaucoup de temps et me fait faire beaucoup de trajets. C’est très prenant mais très intéressant. »

LVE : Vous êtes également président de l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie 47. C’est un secteur qui a particulièrement souffert de la pandémie. Quelle est la situation aujourd’hui ?

J.-F. B. : « On oublie qu’il y a eu 270 jours de fermeture l’an passé. On s’est relevés l’été dernier car la pandémie nous a laissés tranquilles et ça s’est bien passé. On a tout de même toujours des problèmes de bras, recruter n’est pas simple. On constate une perte de vitesse et un fléchissement depuis la fin des fêtes et le début de l’année. »

Le Lot-et-Garonne est reconnu comme un bon département de l’artisanat qui représente ici 20 000 emplois

LVE : Comment l’expliquez-vous ?

J.-F. B. : « Aujourd’hui, nous avons le droit d’être ouverts, et tant mieux, mais il y a encore des restrictions importantes à l’activité : le télétravail, l’annulation de toutes les cérémonies de vœux en janvier, les séminaires en visio etc. Cela reste une période compliquée avec des chiffres d’affaires moindres. Les charges demeurent et le remboursement du prêt garanti par l’État au printemps prochain s’annonce délicat. Il est compliqué de prévoir l’avenir dans ce contexte. »

LVE : Êtes-vous inquiets pour les mois à venir ?

J.-F. B. : « Comme tout le monde. Une entreprise est comme une famille. Aujourd’hui, chaque foyer voit l’augmentation de l’électricité, du gaz, de l’essence et des matières premières. Les artisans du bâtiment qui ont fait des devis et voient les prix flamber peuvent être pris à la gorge, même s’ils ont le carnet de commandes rempli. Je voudrais que les gens comprennent que l’inflation ne vient pas des artisans, qui, souvent, ont pris sur leurs marges. Les feux ne sont pas au rouge mais il y a une certaine inquiétude. Nous aimerions tous que les choses reviennent à la normale. »

LVE : Pouvez-vous nous dire un mot sur le dossier de la LGV Bordeaux-Toulouse et l’hypothèse d’une gare dans l’Agenais1 ?

J.-F. B. : « C’est un sujet sur lequel nous allons nous exprimer conjointement avec la Chambre de Commerce et d’Industrie ainsi que la Chambre d’Agriculture. Est-ce que le Lot-et-Garonne est voué à devenir un territoire qui voit les avions et les trains passer sans s’arrêter ? Nous alimenterions les grandes métropoles voisines sans en profiter. J’ai un problème avec cela. Si cette ligne ne passait pas chez nous, ce serait autre chose. La LGV va passer chez nous. Si on veut avoir un développement pour nos entreprises, il faut saisir cette opportunité. »

LVE : Que comptez-vous faire pour vous mobiliser ?

J.-F. B. : « Les 3 chambres consulaires vont cosigner un courrier pour le Département, avec copie à Jean Castex. Nous sommes une terre d’accueil, mais il ne faut pas nous écraser. Nous devons jouer notre carte. »

1 .Suite au refus du Conseil départemental de Lot-et-Garonne de participer au financement de la LGV, le Premier ministre, Jean Castex, a évoqué l’hypothèse qu’il n’y ait pas de gare en Lot-et-Garonne.

Jean-François Blanchet , président de la Chambre de métiers et de l'artisanat de Lot-et-Garonne

Jean-François Blanchet , président de la Chambre de métiers et de l’artisanat de Lot-et-Garonne © D. R.

BIO EXPRESS

Jean-François Blanchet, 64 ans, a démarré sa carrière en cuisine en 1975 au service du baron de Rothschild à Paris. Après plusieurs années d’apprentissage en Région parisienne, il vient s’installer en 1979 en Lot-et-Garonne, à Duras. Il rachète alors un ancien couvent en ruines qu’il rénove et fonde l’Hostellerie des Ducs. Il démarre l’activité en 1980 avec ses parents et sa femme. Son fils naît en 1982. Hôtelier-restaurateur membre de l’UMIH, il est élu à la Chambre de Métiers depuis 10 ans quand il se lance pour la présidence en 2021. Il est élu avec son équipe le 19 octobre dernier et son fils prend le relais au sein de l’Hostellerie des Ducs.

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