Avec chaque mot choisi comme un uppercut, et une table que la joute verbale transforme en ring, le Souper de Jean-Claude Brisville est, à l’instar de nombreux classiques, incroyablement contemporain. Si ce face-à-face mythique entre Talleyrand, diplomate stratège, et Fouché, l’ancien ministre de Police, se déroule en 1815, l’actualité lui offre un écho que Bruno Spiesser, le directeur artistique ne renie pas. À l’affiche de la 4e édition des Nuits Impériales, le choix de cette œuvre est terriblement osé. Et il signe une évolution dans cet évènement culturel hors normes qui s’inscrit définitivement dans les rendez-vous incontournables de l’été : chez les Brumont, depuis 1982, de l’excellence d’un vignoble au caractère unique des œuvres présentées, on ose. En proposant un spectacle pour les cinq sens, le théâtre résonne autrement… C’est normal, dans la cour du Château Montus, l’écho est celui des moments précieux, comme un millésime à jamais au sommet.
Un classique plus épicé
Véritable bulle hors du temps, le festival ne dure que trois jours et il est unique par son essence même. Monter une œuvre qui ne se jouera jamais ailleurs qu’à Castelnau-Rivière-Basse, y inclure des acteurs inattendus tels que le vin, la gastronomie, le terroir et l’histoire… Le tour de force se fait avec l’élégance du lieu, il semblera couler de source alors que la préparation se joue dès le printemps. Le défi 2025 réside dans l’aura intimiste du Souper qui se déroule en tête à tête. Et là encore, le site, dont chaque pierre façonne l’histoire, s’appuie sur la technologie actuelle : mapping et immersion en sons et lumières cueilleront le public pour l’asseoir à cette table où le destin de la France est au menu : « La pièce est très connue, il fallait la monter de façon inédite. Même manger et boire relèveront de la chorégraphie », souligne Frédéric Garcès, metteur en scène mais également auteur et comédien.
Le chef des rois et le roi des chefs
Si le dispositif avec des projections spectaculaires s’avère exceptionnel, la touche Brumont le sera sans détour grâce à un invité qu’eux seuls pouvaient inscrire au programme : Antonin Carême, le chef des rois, trouve sa place dans la pièce… Mais également dans les deux propositions gourmandes des Nuits Impériales : « Pour cette nouvelle édition, nous avons fait appel aux équipes de Michel Guérard, roi des chefs et référence absolue de la gastronomie mondiale », précise Laurence Brumont. Le dîner trois étoiles, réservé à 150 convives et donc sur réservation, sera élaboré par cette grande maison qui rendra hommage aux créations de Carême. Des mets que l’on retrouvera dans l’option buffet en plein air mis en scène, lui, par Stéphane Carrade (Villa Navarre, Haïtza). « Le monde change, il y a 40 ans, côté vins, on trouvait des icônes dans les petits restaurants des alentours, ce qui n’existe plus, souligne Alain Brumont. Nous, nous les mettrons au menu et s’il est fixé à 145 euros, il faut se dire qu’en réalité il coûte 4 fois plus ». Avec un château classé dans le top 100 des vins mondiaux, il suffit de se laisser surprendre et séduire.

©ChateauMontus
Une scène devenue incontournable
Cette année, les conférences de Guy Cassagnet, qui délivrera son analyse passionnante de la Révolution à la République, seront un moment fort et, suite à une demande récurrente des visiteurs, une découverte des lieux sera proposée dès 15 heures, ponctuée de dégustations. Avec 1 800 spectateurs par édition et 1 000 repas servis, les Nuits Impériales ont suscité un véritable engouement qui s’est mué en attente : « L’objectif est d’inscrire Château Montus comme une des scènes culturelles de la région, on souhaite cette scène immersive et inclusive. Soyons ambitieux », conclut Laurence Brumont. À vivre uniquement pour le spectacle, en y associant le festin gourmand ou le dîner royal, l’expérience est de celles qu’on n’oublie pas.
L’objectif est d’inscrire Château Montus comme une des scènes culturelles de la région