Couverture du journal du 17/01/2025 Le nouveau magazine

Coop’alpha : esprit d’entreprise partagé

Les porteurs de projet font pour la plupart leurs premiers pas sous le statut de micro-entreprise. Faute de connaître celui d'entrepreneur-salarié, un modèle porté en Gironde (Lormont) et en Dordogne (Périgueux) par la coopérative d’activités et d’emploi Coop’alpha.

Coop’alpha

Karine Labat-Papin, directrice générale de Coop'Alpha © Coop Alpha

Si le statut de la micro-entreprise prend toute la place dans le paysage et les chiffres de la création (65 % en moyenne en France), d’autres chemins existent pourtant. La loi sur l’économie sociale et solidaire de 2014 a donné un coup d’accélérateur au statut d’entrepreneur-salarié qui associe la liberté d’entreprendre à la protection du salariat, avec un passage de 8 000 à 12 500 de personnes concernées. Coop’alpha a vu le jour en Gironde en 2006 puis essaimé à Périgueux en 2013. Karine Labat-Papin, sa directrice générale, après avoir été notamment psychologue du travail, décrit les richesses de la mutualisation et de la coresponsabilité qui font grandir les individus dans le collectif grâce à des temps de rencontre et un accompagnement qui permet d’assurer son projet, dans une logique d’émancipation. « On maximise les chances de réussite autour de valeurs, de prises de décision, de transparence des prix, d’enjeux de société. »

Coopér’action

Tous se retrouvent dans un état d’esprit et des règles inscrites dans une charte de coopération. Les filets de sécurité se tendent au démarrage avec des outils communs, des formations, des possibilités de sous et cotraitance en interne… Le revenu des contrats réalisés se transforme en salaires, avec des cotisations sociales prélevées et donc des droits ouverts pour la formation, la retraite, la perte d’emploi… Et un chômage partiel qui s’est révélé précieux lors de la période Covid.

La création d’activités, qui peut impliquer de 1 à 10 participants sur la même, recouvre une quinzaine de secteurs, majoritairement la formation (38 %) et le numérique (10 %), la santé (13 %) et le commerce (7 %), avec une grande diversité reflétant le territoire. À trois ans d’existence au sein de la coopérative, l’entrepreneur-salarié est appelé à prendre une décision : en sortir – parce que l’activité n’est pas viable, ou pour grandir ailleurs sous forme de Sasu, de Scop, etc. ou pour revenir au salariat – ou en devenir sociétaire, ce que choisissent 25 % des adhérents. « Le taux de pérennité est de 88 %, supérieur aux TPE-PME », note la directrice générale ; et le salaire médian supérieur au revenu d’un micro-entrepreneur.

J’apprécie le côté individuel en collectif, la souplesse du free-lance dans un cadre salarié.

Un statut mieux connu par l’exemple

Hervé Loubet est encore au début du chemin au sein de Coop’alpha avec son projet E-Périgord (publicité et partenariat) : il a déjà été indépendant, puis salarié et a choisi ce format pour son retour à l’entrepreneuriat. « J’apprécie le côté individuel en collectif, la souplesse du free-lance dans un cadre salarié. Chacun mène son projet et peut s’y concentrer car nous sommes allégés de l’aspect administratif. L’effet réseau permet d’échanger des conseils, d’enrichir nos connaissances. Le travail en pôle donne la possibilité de porter des dossiers à plusieurs. On bénéficie de la notoriété de la coopérative, elle s’engage avec nous et nous auprès d’elle. On utilise son Siret, tout est prêt sur chorus-pro pour travailler avec les collectivités. Moyennant un abonnement, Coop’alpha fournit un outil de gestion, l’accès à des stages, des formations, des conseils, un espace de bureau et de réunion. La structure est certifiée Qualiopi et nous en bénéficions tous. » Autant d’échanges de bons procédés pour progresser dans un environnement bienveillant, en gagnant en autonomie. Passé la phase test (CAPE), vient celle du développement (CESA) et Hervé Loubet aspire au sociétariat pour s’engager pleinement dans le partage d’expérience.

Coop’alpha

Hervé Loubet, créateur d’ E-Périgord © SBT – La Vie Économique

Un poids local

Plus de 2 000 entrepreneurs ont été accompagnés depuis la création de la Coopérative. Coop’alpha, c’est une seule entreprise et 90 équivalents temps plein qui lui sont rattachés, avec leur marque d’activité. Sur une année, Coop’alpha accompagne 180 adhérents, pour deux tiers en Gironde et un tiers en Dordogne. 68 emplois ont été créés sur l’année 2023. Le chiffre d’affaires réalisé est de 2,8 millions d’euros et près de 284 000 euros de subventions ont été obtenus par les entrepreneurs. La collecte de TVA contribue au développement économique du territoire. 35 adhérents sont actuellement inscrits en Dordogne. Depuis 2017, 48 activités sont ainsi nées dans le département pour 114 porteurs de projets accompagnés. Et parce que l’union fait la force, Coop’alpha, ATIS et France Active Nouvelle-Aquitaine ont créé en 2018 l’incubateur Émergence Périgord.