Couverture du journal du 20/04/2024 Le nouveau magazine

Dordogne : Le magicien des espaces

Le néo Périgourdin Lionel Daillen a installé le show-room de La Mobilierie, son agence de designer d’espaces dans les rues piétonnes de Périgueux. Un pari gagnant.

Lionel Daillen, espace, La Mobilierie

Lionel Daillen © Loïc Mazalrey - La Vie Economique

Magasin de meubles ? Brocante chic ? Show-room ? Un an et demi après son ouverture dans les rues piétonnes de Périgueux, la boutique de La Mobilierie reste un ovni pour beaucoup de Périgourdins. « Les gens hésitent entre une boutique et un show-room, mais ils sont loin d’imaginer qu’ils sont aussi dans mon bureau », sourit Lionel Daillen, qui n’a de commerçant que l’apparence et le tempérament. Formé à l’école d’architecture de Bordeaux et aux Beaux-Arts de Toulouse, le fondateur de La Mobilierie est avant tout designer d’espaces professionnels et domestiques.

J’ai reproduit la voûte de la chapelle Sixtine au plafond, mis des moulures haussmanniennes sur les murs et disposé des meubles contemporains susceptibles de refléter la diversité de mon catalogue

Un métier proche de celui d’architecte d’intérieur, quoique moins restrictif : « Les compétences du designer d’espace se révèlent tout aussi utiles dans l’agencement d’espaces domestiques et professionnels que dans l’aménagement d’espaces urbains, voire même artistiques », explique Lionel Daillen qui a eu le loisir d’expérimenter de nombreuses facettes du métier en 25 ans de carrière. Est-ce en raison de sa double qualification ? De ses collaborations réussies avec la Cité de l’espace pendant ses études toulousaines ? Sitôt diplômé, le jeune professionnel débute sa carrière en 1998 au Bureau d’études parisien de l’entreprise américaine Haworth spécialisée dans le mobilier professionnel. Il y assume une double mission de space-planner (amélioration des espaces de travail professionnels) et de chargé de développement.

Projets d’envergure

Désireux de donner une coloration plus artistique à son travail, le jeune actif choisit de rejoindre le BE de l’entreprise Boscher qui a bâti son succès sur le développement de la signalétique dans les sièges des grandes entreprises, les établissements accueillant du public et… les musées. À son aise dans cet univers qui mobilise son sens artistique, l’intéressé se distingue alors comme chef de projet en signant la nouvelle signalétique de la BNP (un projet à 5 millions d’euros) ou encore celle du musée basque à Bayonne. Après un détour par les laboratoires Bayer qui l’ont formé à la vente, Lionel Daillen reviendra à ses premières amours : le mobilier. Il intègre le spécialiste de l’aménagement de bureaux Protis pendant quatre ans avant de se lancer dans l’édition de petits bureaux et autres accessoires. En 2013, alors qu’il est retourné travailler chez son premier employeur au poste de chargé d’affaires, le designer de produits est appelé à piloter des projets d’envergure chez Setec, Planitec ou encore Danone.

La Mobilierie, espace

© Loïc Mazalrey – La Vie Economique

Danone lui a fait confiance pour deux de ses projets

Le géant de l’agroalimentaire lui confie la réhabilitation de « La Place du village » du Centre de recherche Daniel-Carasso, à Palaiseau, dont la construction remonte à 2002. Sa proposition séduit la direction de Danone, qui ne manquera pas de le rappeler au moment de concevoir le bar à eaux de la cafétéria. « L’objectif était de créer un bar destiné à la dégustation des nouvelles eaux déclinées par les marques du groupe, le tout en s’inspirant des comptoirs cubains », indique Lionel Daillen qui relèvera le challenge haut la main. De quoi lui donner envie de se lancer à son compte en 2015. « J’avais l’impression d’avoir acquis toutes les compétences indispensables pour rouler ma bosse seul. Les clients m’ont suivi », explique le designer d’espace. C’est la naissance de La Mobilierie, une agence de conception d’espaces sur mesure dont le nom fleure bon l’Italie, terre d’artisanat par excellence. « J’ai travaillé pour des gros clients de l’Île-de-France en lien avec des cabinets d’architecte. La notion de réseau est très importante dans notre secteur d’activité. C’est en confrontant nos idées que vont surgir les schémas les plus pertinents », glisse le responsable de La Mobilierie.

Arrivé à Périgueux à la faveur de la crise sanitaire

En 2020, la crise sanitaire change la donne. Les projets d’aménagement d’open spaces qui étaient en passe de se concrétiser sont repoussés à plus tard ou tout bonnement annulés. « J’ai profité de la fin du confinement pour quitter Paris et m’installer à Périgueux, en Dordogne, où j’avais des attaches familiales », concède Lionel Daillen. Le transfuge parisien ouvre d’abord un showroom de 135 m² dans le quartier Saint-Martin. La taille est idéale pour y accueillir le public au milieu d’une large gamme de meubles contemporains inédits. Mais le lieu se révèle peu passant. « C’est ce qui m’a poussé à déménager dans le centre-ville de Périgueux », poursuit le designer d’espaces. La surface d’exposition y est moindre, mais le maître des lieux s’en accommode. « J’ai repensé les lieux de A à Z. « J’ai reproduit la voûte de la chapelle Sixtine au plafond, mis des moulures haussmanniennes sur les murs et disposé des meubles contemporains susceptibles de refléter la diversité de mon catalogue. J’ai même trouvé la place pour créer un vrai-faux comptoir de bar », détaille Lionel Daillen qui a volontiers laissé battre son cœur d’artiste pour aménager un endroit qui puisse lui ressembler. En témoignent les tableaux abstraits signés de sa main accrochés aux murs de La Mobilierie. La générosité de l’homme n’est jamais (très) loin.