Couverture du journal du 20/04/2024 Le nouveau magazine

Hautes-Pyrénées – Lou Tiny House : espace réduit, succès immense

Habitats mobiles, sur-mesure et respectueux de l’environnement, les Tiny House connaissent un véritable engouement. Une entreprise de Loubajac fait partie des constructeurs pionniers de ces petites maisons qui vont bien plus loin que la prairie et séduisent aussi bien les particuliers que les professionnels.

Tiny house

Les Tiny House sont livrées où le veut le client ©DR

Le talent musical de Jacques Dutronc n’est certes plus à vanter mais on ne devinait pas que le temps lui prêterait des dons de visionnaire. Alors, en 2022, tout « est mini dans notre vie » ? À en juger le carnet de commandes de Lou Tiny House, la maison idéale l’est assurément… En tous cas ce sont celles qui connaissent un succès fulgurant. Lorsque l’entreprise a ouvert ses portes en 2017, elle était le deuxième constructeur français de ces résidences sur remorque. 80 tiny houses plus tard, elle s’est imposée comme une adresse incontournable grâce à son savoir-faire technique et des sommets de Saint-Lary à Genève, elle transforme le monde de l’hébergement et affiche cette année un chiffre d’affaires qui avoisine le million d’euros.

UNE MAISON LIVRÉE OÙ ON VEUT

Dans l’atelier situé à Loubajac, village à quelques kilomètres de Lourdes, l’activité ne connaît aucun temps mort. Des plans 3D, assurés par Laetitia, à la charpente, la menuiserie, la plomberie ou l’électricité, rien ne différencie le quotidien de l’équipe de sept personnes de celui des professionnels du bâtiment classique. Le rythme est pourtant aussi soutenu que les maisons sont petites : intérieurement, le rez-de-chaussée s’étend à 13 m2, une sur- face multipliée par deux avec une simple mezzanine voire plus avec la double. « La contrainte majeure, c’est le poids, il ne faut pas dépasser les 3,5 tonnes », souligne Laëtitia. Il faut dire que l’entreprise ne s’arrête pas à la simple conception et fabrication, les remorques spéciales avec châssis homologué sont vendues avec la maison qui est livrée, où le veut le client.

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Denis Demaegdt, dirigeant le Lou Tiny House Laetitia, la spécialiste des plans 3D © H.H.

UNE VINGTAINE DE CONSTRUCTIONS PAR AN

L’engouement est indéniable, chaque année entre 15 et 20 tiny houses sont élaborées et construites sur place, dans un délai d’un mois environ. Une capacité de production qui s’est étoffée au fil des années et réjouit Denis Demaegdt, son dirigeant depuis deux ans : « On a toutes les compétences en interne, il n’y a pas de sous-traitance, chaque tiny est réalisée sur mesure. On part vraiment des besoins de la personne et on passe beaucoup de temps avec elle pour définir son mode de vie, savoir si elle a besoin d’un grand espace travail, s’il y a un hobby qui nécessite un espace dédié… ». Des envies qu’il faut parfois recentrer sur les possibilités réelles et, toujours, les fameuses contraintes de transport : « Il y a pas mal d’émissions où des tiny américaines sont présentées et ici, on ne peut pas les réaliser. Nous n’avons pas le même cadre réglementaire, si on veut rester au gabarit routier, tout n’est pas possible. On a déjà fait des tiny de 12 m de long mais sur des châssis remorques, là, le poids n’est plus un paramètre puisqu’avec des remorques de poids-lourds on peut monter jusqu’à 14 ou 20 tonnes. Mais ce n’est pas la même mobilité ».

On part des besoins de la personne et de son mode de vie

DES RÉSIDENCES PRINCIPALES OU SECONDAIRES

Si l’espace est réduit, les possibilités sont immenses. Salon, coin bureau, cuisine équipée, salle de bain, chambre séparée, les lieux de vie s’articulent avec tout le confort possible. De 40 000 € à 70 000 €, selon les finitions, les tiny houses ont autant de destins que d’acquéreurs. Trois types de clients investissent dans ces logements, les professionnels, les particuliers qui en font leur résidence secondaire mais aussi ceux qui y vivront à l’année : « Plus de la moitié en fait sa résidence principale. Ce sont souvent des gens qui ont une forte sensibilité écologique, qui ont déjà pas mal cheminé sur leur mode de consommation, leur impact et veulent aller un peu plus loin », constate Denis Demaegdt.

Se séparant du superflu pour ne garder que l’essentiel, ils optent pour cet habitat qui s’illustre par sa construction écologique mais aussi son fonctionnement peu énergivore. L’isolation est un des points forts et l’autonomie peut être totale grâce aux équipements en photovoltaïques qui permettent de ne pas être nécessairement raccordés au réseau électrique. Pour les matériaux biosourcés, notamment le bois d’ossature, Lou Tiny House, a fait le choix de s’approvisionner en local, un esprit qui s’inscrit dans la même mouvance.

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© H.H.

DES BUREAUX INSOLITES

Les résidences secondaires trouvent une solution clé en main dans les tiny houses, quel que soit le terrain, ainsi que les professionnels… qui ne font pas tous forcément du locatif, comme le souligne le dirigeant : « On a déjà des salons de coiffure, des cabinets de sophrologie, de kiné, tant en fixe qu’itinérant. Là on travaille sur un projet de cave à bières, avec un bar à l’intérieur et tous les frigos, on aura un pan de mur qui se rabattra pour créer une terrasse. Ils pourront aller sur tous les événementiels. Les possibilités sont assez énormes ». N’étant pas considérée comme une habitation mais comme un véhicule avec une carte grise et numéro d’immatriculation lié au châssis, côté taxes seuls les 13 m2 au sol relèvent du foncier. Ces petites maisons ont vraiment tout d’une grande.