Couverture du journal du 17/01/2025 Le nouveau magazine

Incontournable Manatour

Après un coup d’arrêt lié à la crise sanitaire, le spécialiste du tourisme de découverte économique Manatour renoue avec le succès. Le groupe toulousain dirigé par Pierre-Olivier Nau a dernièrement remporté de nouveaux appels d’offres à Paris et regorge de nouveaux projets.

Manatour

Pierre-Olivier NAU, CEO de Manatour © Louis Piquemil - La Vie Economique

C’est un joli coup que vient de réaliser Manatour : le groupe toulousain expert du tourisme de découverte économique a décroché fin avril le marché des visites du grand magasin parisien Printemps Haussman. Pendant 1 h 30, les visiteurs sont invités à réaliser « un voyage vertical » leur permettant de découvrir l’histoire de ce magasin mythique ouvert en 1865, en partant du panorama exceptionnel qu’il offre sur les toits de Paris jusqu’aux galeries souterraines. Un nouveau marché prometteur pour le groupe qui a déjà gagné en septembre dernier la visite du quartier Paris La Défense. « Nous avons remporté l’appel d’offres de l’établissement public de La Défense pour qui nous avons créé une visite autour du thème de l’architecture et de l’art. Il faut savoir que dans ce quartier, se trouve en sous-sol l’atelier de Moretti, resté en l’état ! C’est lui qui a notamment peint les arcades du Capitole à Toulouse », explique Pierre-Olivier Nau, président de Manatour.

L’impact de la crise sanitaire

Ces nouveaux marchés viennent couronner le travail mené par le groupe – gestionnaire notamment du musée Aeroscopia à Blagnac – après une période compliquée liée à la crise sanitaire. « Je me souviens précisément qu’en janvier 2020, on est parti avec mes équipes à Seattle pour visiter le Museum of Flight. Pendant le voyage retour, on a entendu parler des premières grippes venant de Chine. Deux mois après, tout fermait et on commençait à négocier avec les banques », relate Pierre-Olivier Nau. En deux mois, le groupe passe d’une dette de 250 000 euros à 1,25 million d’euros. Le chiffre d’affaires s’écroule, passant de 6 millions d’euros, à 2,5 millions.

En 2023, Manatour a heureusement retrouvé des couleurs. L’entreprise a accueilli 600 000 personnes sur la vingtaine de sites qu’elle propose à la visite en France et réalisé un chiffre d’affaires de 8,5 millions d’euros. « On a surtout retrouvé un Ebitda positif à 7 %, et un résultat net positif de 400 000 euros », ajoute le dirigeant également président du Medef 31. Manatour attend 700 000 visiteurs en 2024 et vise un chiffre d’affaires de 10 millions d’euros.

Le groupe toulousain a décroché fin avril le marché des visites du grand magasin parisien Printemps Haussman.

Visite virtuelle de l’Opéra Garnier

Pour poursuivre sur le chemin de la croissance, Manatour cherche sans cesse à innover. Ainsi, le groupe, en charge des visites de l’Opéra Garnier à Paris, s’apprête à proposer des visites virtuelles du site. « Nos équipes ont passé trois nuits entières enfermées dans l’opéra pour filmer tout ce qui est à voir. On pourra par exemple zoomer sur tous les détails du plafond peint par Chagall. » Si tout est « préfilmé », un guide sera présent en direct dans un coin de l’écran pour interagir avec les visiteurs. Ces e-visites commencent à être testées dès cet été dans des écoles et des Ehpad, avant d’être lancées officiellement en janvier 2025 pour les 150 ans de l’Opéra Garnier. « L’idée est d’aller parler aux personnes qui ne peuvent pas se déplacer : on pense aux Ehpad, pourquoi pas aussi aux prisons. On voudrait aussi s’adresser aux personnes situées à l’autre bout du monde. Dans cette optique, nous allons nous faire accompagner par Atout France. »

Manatour

© Manuel Bougot

Renouvellement de la DSP du musée Aeroscopia

Mais l’actualité la plus brûlante pour Manatour est l’appel d’offres de Toulouse Métropole pour le renouvellement de la délégation de service public du musée Aeroscopia, qui retrace l’histoire de l’aéronautique. Le groupe a déposé sa candidature début juin, après trois mois de travail acharné. « On a questionné tout ce qu’on avait fait de bien et de moins bien depuis 10 ans », confie Pierre-Olivier Nau. Parmi le « bien », l’ouverture en février dernier d’un nouvel espace de réalité virtuelle permettant de survoler Toulouse. « Nous avons investi 250 000 euros pour transformer une ancienne salle de réunion en espace doté de cinq sièges mobiles. » Mais le dirigeant n’est pas à court d’idée pour l’avenir. « Notre objectif est de faire d’Aeroscopia une vitrine de classe mondiale. » Pierre-Olivier Nau ambitionne notamment de décliner de nouvelles thématiques d’actualité telles que le sujet des femmes et de l’aéronautique ou encore, celle de l’avion vert. La réponse de l’appel d’offres devrait être annoncée à l’automne. Deuxième actualité chaude concernant l’aéronautique à Toulouse pour Manatour : l’ouverture (attendue !) à la visite cet été de la ligne d’assemblage final de l’A 321.

« Notre objectif est de faire d’Aeroscopia une vitrine de classe mondiale »

Création de Manatour Consulting

Manatour se lance dans le conseil avec la création d’un nouveau département qui va vendre de l’ingénierie touristique et culturelle : Manatour consulting. « Nous allons par exemple pouvoir accompagner un industriel qui veut ouvrir son site à la visite du grand public. Nous pourrons créer la visite ex nihilo. On peut également accompagner une collectivité ou un État pour valoriser son patrimoine industriel : quelles usines mettre en avant ? quels circuits construire ? » Troisième cible, les institutions culturelles, avec l’objectif de les accompagner sur la question des revenus complémentaires : boutiques, séminaires… « À ce sujet, on vient par exemple de se mettre en contact avec une entreprise qui fait du conseil en développement muséal en Arabie saoudite. On cible également quelques États américains à qui l’on veut envoyer notre savoir-faire français ».

Manatour attend 700 000 visiteurs en 2024 et vise un chiffre d’affaires de 10 millions d’euros

La Cité de la mer à Cherbourg

Le groupe toulousain, qui propose une grosse vingtaine de visites en France, notamment le Stade toulousain, les stades du TFC ou encore de la Beaujoire à Nantes, mais également divers sites EDF tels que Golfech ou Flamanville ou encore le site de La Dépêche du Midi, travaille par ailleurs sur de nouveaux projets. « Nous avons gagné, en partenariat avec Edéis, l’appel d’offres de la Cité de la mer à Cherbourg. Nous allons intervenir en conseil d’Edéis sur ce projet », confie le dirigeant.

Des candidatures en cours

Manatour répond régulièrement à de nouveaux appels d’offres pour continuer à étoffer son catalogue. « Nous avions candidaté il y a un an pour l’animation culturelle de la future gare Saint-Denis Pleyel mais sommes arrivés deuxième. Nous comptons bien proposer nos idées autour des cultures urbaines et du hip-hop à d’autres collectivités, confie Pierre-Olivier Nau. Nous avons également répondu à l’appel à manifestation d’intérêt pour l’Aventure Michelin, le musée situé à Clermont-Ferrand. Nous attendons la réponse. Et nous avons envoyé début juin notre dossier de candidature pour créer et animer un espace immersif à La Villette autour des sciences et de l’industrie ». Les 118 salariés (dont 47 guides) du groupe Manatour ne devraient pas chômer dans les prochains mois !

Manatour : de père en fils

En 1990, Philippe Nau (père de Pierre-Olivier), spécialiste de la communication, et son ami Jean-Pierre Mas, créateur de l’agence Voyages d’Oc créent ensemble Taxiway – entreprise pionnière dans le tourisme industriel, scientifique et technique – afin de gérer les visites des usines Airbus de Toulouse. « Peu à peu l’entreprise a pris de l’ampleur, en remportant les marchés de la ligne d’assemblage de l’A 380 en 2005, puis du musée Aeroscopia en 2012 », raconte Pierre-Olivier Nau. De son côté, après des expériences dans le domaine financier et un engagement bref dans la politique (voir plus loin), le Toulousain créé en 2016 à Paris Insider Tour : une société spécialisée dans l’organisation de voyage d’études pour les entreprises. En 2019, il rachète l’entreprise de son père, Manatour.