Selon Maïalen Sarraude, coordinatrice du Syndicat du piment d’Espelette, une diminution de 30 % à 40 % est attendue (N.D.L.R. : entretien réalisé le 21 novembre) comparée aux cinq dernières années, où la production moyenne atteignait 246 tonnes de poudre. Pour 2024, les prévisions tablent sur seulement 130 à 140 tonnes. Cette année, les conditions climatiques ont été défavorables avec beaucoup de pluie. « Entre janvier et fin octobre, il est tombé 1 100 mm, c’est 600 mm de plus que d’habitude », explique Maïalen Sarraude. Le printemps humide a rendu difficile le travail des sols, entraînant des plantations dans des conditions médiocres. Le manque de chaleur a empêché les plants de bien démarrer, les rendant vulnérables aux maladies et réduisant leur capacité de production.
Pénurie annoncée
Les inquiétudes concernant la récolte annuelle avaient déjà été exprimées lors de la 55e foire aux piments d’Espelette organisée les 26 et 27 octobre 2024. Panpi Olaizola, président du syndicat de l’AOP Piment d’Espelette, avait alors anticipé une production largement inférieure aux chiffres des dernières années. « Toute la filière va être touchée », redoutait-il. Déjà en 2023, un épisode de grêle en juin avait causé des dégâts importants. Panpi Olaizola craint que la pénurie résultant de la récolte 2024 ne profite à d’autres produits, entraînant même une désaffection durable du piment basque.
Moins de producteurs
Le piment d’Espelette, seule épice bénéficiant de l’appellation d’origine protégée en France, est cultivé sur 300 hectares répartis dans 10 communes, avec 203 producteurs répertoriés. Cette épice emblématique, vendue 25 euros pour 250 grammes, est un symbole de la gastronomie basque. Mais un autre phénomène alarmant est la baisse du nombre de producteurs cette année, une première historique. « Nous avons toujours été en croissance », rappelle Panpi Olaizola. Cette année, 4 ou 5 producteurs ont renoncé à poursuivre la culture du piment d’Espelette. Pour Maïalen Sarraude, cette diminution s’explique par l’âpreté du métier et le manque de main-d’œuvre.