À l’intérieur d’un des bâtiments de La Soulane, une voile de parapente déployée est minutieusement inspectée par Lucas Landes. Le gérant de l’Atelier Volant, une entreprise spécialisée dans le contrôle et la réparation de parapentes qui était installée à Montastruc (82), a déménagé au tiers-lieu La Soulane à Jézeau depuis le 3 juin dernier. Ce nouvel espace de 180 m² était une ancienne salle de classe qui a nécessité 6 mois de travaux. « Nous avons tout cassé pour avoir un espace qui nous permette de travailler confortablement. Nous avons investi 100 000 euros, changé notre outillage et notre matériel pour qu’il soit plus performant et acheté une nouvelle machine à coudre », explique dans le détail Lucas Landes à la tête de l’Atelier Volant. Cette nouvelle installation près des montagnes était nécessaire pour le développement de l’entreprise. « À Montastruc, nous étions loin des sites de vol, à la fois au milieu de tout et près de rien. En nous installant à La Soulane, nous nous rapprochons des montagnes et nous positionnons à proximité de Loudenvielle qui est un site de vol majeur », ajoute le jeune chef d’entreprise de 28 ans.
Parcours atypique
Lucas Landes ne s’est pas tout de suite intéressé au parapente. « J’étais maraîcher bio, j’avais une formation dans l’aéronautique et un DUT en génie mécanique. Le parapente est arrivé plus tard et a fini par prendre de plus en plus de place dans ma vie. » En voulant faire réparer sa voile, il rencontre Cyrill Duroueix, un passionné de parapente qui avait créé Wingair, le précédent nom de l’Atelier Volant, en 2012 et cherche un repreneur. Intéressé par le métier, il se forme sur le tas et renoue avec la couture qu’il pratiquait enfant avant de reprendre l’entreprise en 2020. L’atelier Volant compte aujourd’hui un employé et entend embaucher une couturière supplémentaire à partir de septembre prochain. L’Atelier Volant a aussi fait évoluer son statut en SAS dans laquelle l’école de parapente Virevolte, basée à Génos, est associée. « Cela nous permet de renforcer notre partie administrative et notre communication, mais aussi, de pérenniser un emploi », souligne Lucas Landes. L’Atelier Volant a profité de son déménagement à Jézeau pour confirmer son changement de nom et retravailler son image avec un nouveau site et un système de réservation en ligne simplifié.
Un métier qui se structure
Dans l’atelier, un important dispositif lumineux et d’attaches permet d’inspecter les voiles de parapentes au plus près. « Une voile nécessite 3 à 4 heures de contrôle. Il passe par une inspection visuelle pour vérifier les coutures et l’absence de trou, l’état des suspentes, de fines cordes qui relient la voile, elles sont faites de kevlar en général et peuvent supporter 200 à 300 kg chacune. Le contrôle comporte plusieurs tests de résistance, de porosité, de rupture des suspentes. Nous mesurons ces dernières en fonction des tableaux des constructeurs », continue Lucas Landes. Le contrôle des voiles n’est pas obligatoire mais est conseillé tous les 2 ans ou toutes les 100 heures de vol. « C’est un matériel vivant, nous réglons ce qui ne va pas. Les réparations peuvent passer par de petits patchs, le remplacement de suspentes ou le changement d’un morceau de voile », ajoute le gérant de l’Atelier Volant.
« À La Soulane, nous sommes à proximité de Loudenvielle qui est un site de vol majeur »
Une activité rare
Seule une vingtaine d’ateliers de réparation de parapentes existent en France et seulement 3 dans les Pyrénées. La Fédération Française de Vol Libre tend à structurer l’activité. « Avec la Fédération, nous avons produit une charte d’harmonisation du contrôle et nous avons fait partie du comité de rédaction de cette charte. L’objectif est d’encadrer ce métier et de travailler avec les mêmes outils pour traiter la donnée de la même manière », dévoile Lucas Landes. L’Atelier Volant a prévu d’accueillir des formations pendant les stages de l’école de parapente Virevolte sur le vieillissement du matériel et l’utilisation du parachute de secours. « Nous avons pour projet de mettre en place une tyrolienne extérieure pour tester l’extraction de parachutes de secours », continue Lucas Landes. Avec des toiles de voiles recyclées, Lucas Landes mise aussi sur le développement de produits dérivés et upcyclés. « Notre activité double chaque année en volume depuis que j’ai repris l’atelier. Pour la suite, je souhaite pérenniser l’activité et créer plus d’emplois, que nous soyons 4 ou 5 à terme », conclut le gérant de l’Atelier Volant.