En arrivant sur les lieux, il est difficile de soupçonner que l’immense bâtiment austère de la zone Jean-Malèze à Bon-Encontre abrite une chaîne de conditionnement de dernière génération. Et pourtant, avec 10 millions d’euros d’investissement depuis 2020, les deux coopératives des 3 Domaines et des 2 Vallées n’ont pas fait les choses à moitié : « L’idée est de proposer un outil récent et structurant pour la filière », explique Lucas Grard, directeur des 3 Domaines, aussitôt renchéri par Lucas Crosnier, producteur et directeur des 2 Vallées : « Nous souhaitons devenir un pôle d’attraction avec cet outil ». Alors, de quoi parle-t-on au final ? D’une station de conditionnement pour stocker, calibrer, trier, emballer et palettiser pour être prêt à l’envoi en commercialisation. Le tout se fait dans une atmosphère refroidie à 6 °C pour le conditionnement et à 0 °C pour le stockage. Autant dire qu’il ne faut pas être frileux dans le kiwi pour la trentaine de salariés présents car il s’agit de sa température idéale de conservation.
Le boom du kiwi jaune
Derrière cet équipement technique impressionnant se cache une vision stratégique. En effet, pour l’instant, Kiwis du Sud représente 1 000 tonnes par an de kiwis vert pour le double de kiwis jaunes. L’objectif est de développer ce tonnage, surtout en kiwi jaune, comme nous le précise Lucas Crosnier : « le kiwi vert est une vieille plantation qui a dû subir de l’arrachage alors que le kiwi jaune est un nouveau produit à la croissance exponentielle partout en Europe ». Les connaisseurs le savent déjà mais le grand public commence à le découvrir : le kiwi jaune est beaucoup plus sucré, doux et parfumé quand le vert reste acidulé. Or, aujourd’hui, 80 % des kiwis jaunes vendus en France sont importés. Il s’agit donc d’un marché extrêmement porteur et d’une filière d’avenir. Dans une période où la question du revenu des agriculteurs est un sujet sensible, la marque « Kiwis du Sud » souhaite proposer un débouché et une diversification sur une culture à forte valeur ajoutée. Ce sont évidemment les arboriculteurs, notamment les pomiculteurs, qui sont les premiers concernés. Ainsi, le duo de Lucas souhaite développer un programme de plantation de kiwi jaune auprès des producteurs du grand Sud-Ouest.
« Le kiwi jaune est une production qui génère de la valeur »
Un investissement conséquent
Seule ombre au tableau d’un fruit qui pourrait ressembler à de l’or vert : l’investissement au départ est lourd : environ 100 000 euros à l’hectare avec une production démarrant en quatrième année. Lucas Crosnier n’élude pas cette question : « il y a des exemples qui ont réussi et d’autres non. Cela étant, c’est un fruit très résistant, qui nécessite peu d’intrants. C’est une bonne production qui génère de la valeur ». Lui-même producteur dans le Tarn-et-Garonne, il produit 25 tonnes à l’hectare avec l’objectif d’atteindre les 40 tonnes. Côté commercialisation, Zespri et Blue Whale sont des partenaires solides sur le marché des fruits pour « Kiwis du Sud ».
Les Kiwis du Sud en chiffres
15 000 mètres carrés remis à neuf
20 producteurs
2 000 tonnes de kiwis jaunes par an
1 000 tonnes de kiwis verts par an
Capacité de 10 000 tonnes annuelles
30 salariés
10 millions d’euros d’investissement
Le kiwi : 2 000 ans d’histoire
Le kiwi (Actinidia chinensis) est le fruit d’une liane qui ressemble un peu à la vigne. Il est originaire de Chine, où il est dégusté depuis plus de deux mille ans. Vers 1750, le père jésuite Pierre Le Chéron d’Incarville fut le premier européen à décrire cette plante. Les premiers plants arrivèrent en France en 1904, à Selva Brancolar près de Nice, et en 1920, au Jardin des plantes de Paris. Il fallut attendre les années 1960 pour que le kiwi se développe à grande échelle. Aujourd’hui, on le cultive notamment en France, aux États-Unis, au Japon, en Italie, au Chili, et en Grèce.