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Lot-et-Garonne – Méca d’Aquitaine : l’histoire d’une reprise réussie

Alors qu'elle était en redressement judiciaire en 2013, Méca d’Aquitaine a été reprise par Alain Bonnet qui a sauvé un savoir-faire unique sur le territoire marmandais. 10 ans plus tard, l’entreprise se développe et diversifie son activité.

Méca d'Aquitaine

© Julien Mivielle

Il est des histoires entrepreneuriales qui font plaisir à raconter et dont on aimerait qu’elles soient plus nombreuses. Méca d’Aquitaine fait partie de celles-là. Dans le vent de désindustrialisation qu’a connu notre pays durant des décennies, l’entreprise marmandaise aurait pu être emportée et sa trentaine de salariés avec.

DE LA FERMETURE À LA REPRISE D’ACTIVITÉ

C’était sans compter sur l’opiniâtreté d’un homme : Alain Bonnet, qui a voulu, contre les tendances économiques de l’époque, maintenir un savoir-faire industriel en zone rurale. À l’époque directeur industriel du groupe HMD qui possède le site de production marmandais, il est missionné pour fermer le site, à contre-cœur : « J’avais été recruté pour développer l’activité et on m’a demandé d’être l’interlocuteur du Tribunal de Commerce, je n’étais pas venu pour ça ». Il propose alors à son patron la reprise de l’entreprise en redressement judiciaire. Malgré un refus initial, il insiste et finit par réussir à reprendre Méca d’Aquitaine en 2013 avec 16 salariés et ses économies investies dans l’aventure.

 Au fil de ma carrière, j’ai choisi des structures de plus en plus modestes, de 2 200 salariés à 16 aujourd’hui – Alain Bonnet

Alain Bonnet @Julien Mivielle

Le dirigeant de 63 ans n’en est pas à son coup d’essai dans le domaine de l’industrie. Ingénieur métallurgiste de formation, il a fait ses classes chez Usilor Sacilor dans la Nièvre, puis à Aurillac et enfin à Bergerac avant de s’installer à Marmande en devenant Président de Méca d’Aquitaine : « Je suis resté 10 ans à chaque fois mais au fil de ma carrière j’ai choisi des structures de plus en plus modestes, de 2 200 à 16 salariés aujourd’hui ».

FOURNISSEUR D’EURODISNEY

L’entreprise est spécialisée dans les structures tubulaires en acier pour le mobilier. Il renforce ce savoir-faire auprès des collectivités et de partenaires privés jusqu’à fournir par exemple les parcs d’attraction en poussette standardisée comme Eurodisney et Europa Park. S’il avoue « ne pas avoir dormi tranquille les cinq premières années avec les prêts sur le dos », Alain Bonnet diversifie l’activité de l’entreprise avec du matériel médical ergonomique et thérapeutique : siège, fauteuil et table, pour personne à mobilité réduite, en rééducation ou dépendante. Un choix payant puisque 25 % de son chiffre d’affaires proviennent de ce secteur à présent. De plus, si l’entreprise a stagné autour d’un million de chiffres d’affaires, celui-ci est aujourd’hui de 1,7 million d’euros après 3 ans consécutifs de croissance malgré la crise sanitaire. Une situation qui lui a permis d’investir dans du matériel de découpe laser très perfectionné et d’embaucher 2 nouveaux salariés.

MÉCA D’AQUITAINE DANS LA RESTAURATION

Même si ce n’est pas le cœur de son activité, Méca d’Aquitaine fournit également les structures métalliques pour le mobilier de restauration des chaînes de restaurant Pitaya et Crescendo. Partout en France, vous trouverez donc dans ces enseignes des chaises, tables, présentoirs et totems fabriqués à Marmande.

20 % DE CROISSANCE EN 3 ANS

La présence d’un centre de formation à Marmande lui permet d’assurer son recrutement et il forme constamment des apprentis en soudure, un domaine particulièrement en tension sur le marché du travail. En revanche, la hausse du coût de l’acier entamée dès 2020 à cause de la demande chinoise (+ 400 %) conjuguée à l’augmentation des tarifs énergétiques incitent le chef d’entreprise à la prudence : « nous avons réalisé de nombreux travaux d’isolation dans le cadre d’un plan d’action de sobriété énergétique afin de contenir la facture d’électricité et de gaz et nous réfléchissons actuellement à la pose de panneaux photovoltaïques ». Une anticipation et une prudence qui permettent de voir l’avenir avec sérénité et de retrouver le sommeil après des temps difficiles, même si Alain Bonnet confie « être vigilant en permanence, le fruit de l’expérience sans doute ».

@Julien Mivielle

 

MÉCA D’AQUITAINE EN CHIFFRES

18 salariés

1,7 million de chiffre d’affaires

5 000 m2 de bâtiment

20 % de croissance en 3 ans

Le mobilier médical représente 25 % du CA