Couverture du journal du 01/10/2025 Le nouveau magazine

Lot-et-Garonne : une autre voix patronale

Fils de paysans du Nord de la France, Jean-Luc Guéry a rejoint le Lot-et-Garonne il y a 18 ans pour diriger l’entreprise Optimum, aujourd’hui leader européen de la porte de placard. Très engagé pour défendre son département d’adoption, cet ingénieur de formation est également le président du Medef 47 et du syndicat Inoha (association des Industriels du nouvel habitat). Alors qu’il vient de céder son poste de directeur d’Optimum au Toulousain Cyril Jolivet, il fait le point sur la situation économique du secteur de l’habitat en France et rappelle son combat pour la baisse des charges des entreprises.

Optimum

Jean-Luc GUÉRY, ex-PDG d'Optimum, président du Medef 47 et président d'Inoha © Louis Piquemil - La Vie Economique

La Vie Economique : Votre actualité personnelle est d’abord marquée par la reprise d’Optimum que vous avez dirigée pendant 18 ans. Comment s’est déroulé le processus de reprise ?

Jean-Luc Guéry : Optimum appartenait à un fonds d’investissement toulousain entré au capital en 2015 et qui devait en sortir en 2020, sauf que nous étions en plein Covid. À la sortie de la crise sanitaire, nous faisons une bonne année 2021 et relançons alors le processus de sortie du capital quand surgit la guerre en Ukraine où tout s’arrête ! Nous subissons la montée des prix des matières premières, du pétrole, de l’énergie… entraînant une année 2022 très mauvaise pour l’entreprise en termes de résultats avec une baisse d’activité de 10 % et une perte de 7 points de marge que nous avons toutefois, en grande partie, regagnés l’année suivante.

LVE : Vous n’avez pas pu répercuter ces hausses de coûts de production et de charges sur vos prix de vente ?

J.-L. G. : Si, mais avec six mois de décalage tandis que nous, nous subissions des hausses instantanées de la part de nos fournisseurs ! Le prix de l’acier, notamment, pouvait doubler du jour au lendemain sur des commandes pourtant passées 13 semaines avant… C’était une situation pénurique exceptionnelle qui profitait aux fournisseurs. Quand la situation est revenue à la normale, le processus de sortie du capital a été réenclenché fin 2023.

Je suis un militant de la LGV qui est un projet structurant. Sans l’autoroute, nous n’aurions pas eu l’Agropole…

LVE : Vous avez reçu beaucoup d’offres de reprise pour Optimum ?

J.-L. G. : Oui mais nous cherchions un repreneur qui soit fidèle aux valeurs de notre groupe. Au début de l’été 2023, je reçois un mail d’un cabinet d’affaires parisien. Chose que je ne fais jamais, je décroche mon téléphone pour en savoir plus et c’est là que je découvre l’offre de Cyril Jollivet qui venait de vendre son groupe, les Ducs de Gascogne. Après une visioconférence, il est venu sur place à la mi-juillet pour me rencontrer. Il cochait toutes les cases. Le 16 septembre, il signait une offre ferme sans conditions.

Optimum

L’usine Optimum au Passage d’Agen © Optimum

LVE : C’est une belle histoire de reprise…

J.-L. G. : Oui en effet, car Cyril est jeune, dynamique et il saura remettre en cause ce qui avait été mis en place depuis 18 ans. C’est très bien pour l’entreprise, qui conserve en plus son esprit familial, car le marché est compliqué actuellement.

LVE : Qu’elle est la situation économique d’Optimum ?

J.-L. G. : Le chiffre d’affaires a été en retrait de 9 % en 2024 et nous avons tenu la marge. Le résultat reste positif mais il est en retrait par rapport à 2023. Il faut savoir que le marché français de la porte de placard est de loin le plus important en Europe et qu’Optimum reste numéro un sur les portes de standard, dites économiques, et pour lesquelles nous faisons de très gros volumes.

Optimum

© Optimum

LVE : En tant que président d’Inoha, quel regard portez-vous sur le marché de l’habitat en France ?

J.-L. G. : Nous sommes très impactés par la crise des transactions notariées. En 2022, nous avons atteint le record de 1 200 000 transactions annuelles, alors que la moyenne était entre 900 000 et un million avant 2022. Aujourd’hui, nous sommes à 760 000 en 2024 ! Si je prends la construction de maisons individuelles, la moyenne était de 119 000 logements par an entre 2019 et 20…