Depuis 2015, le Lot-et-Garonne est le lieu d’une expérimentation collective inédite : revaloriser une zone rurale en difficulté en bâtissant un système économique local. Encore plus ambitieux qu’un écolieu et déjà réparti en différents endroits du territoire, l’écosystème Tera rassemble une quarantaine de membres actifs qui œuvrent « Tous Ensemble vers un Revenu d’Autonomie ». Alors qu’un tiers des communes rurales sont en déprise, voient leur population vieillir et peinent à attirer de nouvelles activités, une étude estime que la moitié des citadins désirent quitter la ville.
« SE RÉAPPROPRIER L’ÉCONOMIE POUR LA REMETTRE AU SERVICE DE LA VIE »
De ce constat est née une volonté : « se réapproprier l’économie pour la remettre au service de la vie » en créant des activités économiques locales respectueuses des humains et de la nature au service d’une zone rurale en déclin. Des années plus tard, cette expérimentation de développement territorial se répartit dans trois lieux distants d’une dizaine de kilomètres : la ferme de 12 hectares, l’épicerie associative l’Alvéole et les bureaux de l’association à Tournon-d’Agenais, ainsi que le futur quartier rural de Lustrac, créé en collaboration avec la municipalité.
Une étude estime que la moitié des citadins désirent quitter la ville
« DONNER UN FUTUR AU PRÉSENT »
Sur un terrain de quatre hectares, au bord du Lot, au cœur de ce site historique classé, se prépare l’avenir de ce territoire de vie. Ainsi, entre 2023 et 2028, se construit le 1er quartier rural de France source de revenus relocalisés et durables pour ses habitants, ses entreprises et ses collectivités territoriales. Chaque année, en partenariat avec toutes les parties prenantes de notre territoire de vie, 30 habitants et une cinquantaine d’actifs vont y relocaliser durablement la production et la consommation des biens et services dont ils ont besoin.
© D. R.
REVENU D’AUTONOMIE D’AU MOINS 1 EURO SUPÉRIEUR AU SEUIL DE PAUVRETÉ
Progressivement, un revenu d’autonomie d’au moins un euro supérieur au seuil de pauvreté sera garanti à vie à chacun de ses habitants, de la naissance à la mort. Versé en monnaie citoyenne locale, il sera la contrepartie d’une partie de cette richesse relocalisée et durable. Les excédents liés à cette production seront investis en partie pour la maintenance et le renouvellement du patrimoine et une autre pour le développement dans la création de nouveaux quartiers ruraux dans d’autres communes.
Entre 2023 et 2028 se construit le 1er quartier rural de France, source de revenus relocalisés et durables pour ses habitants
« UN ÉCOSYSTÈME POUR REVITALISER LES ZONES RURALES »
Conçu avec les acteurs territoriaux et suivi par un conseil scientifique national, plus d’une dizaine d’activités économiques y seront développées. Cela permettra de générer plus de 2 millions de chiffres d’affaires, avec un objectif de 28 équivalents temps plein dans ces différents pôles et une distribution de revenus d’autonomie à tous les habitants de ce quartier pour y stabiliser la demande solvable : Pôle « Alimentaire », pôle « Écoconstruction », pôle « Énergie et Mobilité », pôle « Vivre ensemble », pôle « Écotourisme et Transition ».
« UN PROJET REMARQUÉ »
Aujourd’hui, ce projet inspire des centaines de milliers de citoyens bien au-delà du territoire expérimental initial – en France, en Suisse et en Europe – et est soutenu par l’Union européenne, l’Ademe, le CESE (Conseil Économique Social et Environnemental), l’Association des Maires ruraux de France, la Région Nouvelle-Aquitaine, le Département du Lot-et-Garonne, le Smavlot 47, la Mairie de Trentels et des dizaines d’autres partenaires. L’association Tera a d’ailleurs reçu pour cette expérimentation les prix de l’Innovation Sociale (Région Nouvelle Aquitaine) et de l’Inspiration Sociale (Fondation du Crédit Coopératif). Elle a été sélectionnée parmi les 10 000 projets financés par la Fondation de France comme « pépites de la fondation de France » et « acteurs du changement 2020 ». Le ministère de l’Économie lui a délivré le label « Pôle Territorial de Coopération Économique émergent ». Depuis 2020, ce quartier pilote est parrainé par le philosophe Edgar Morin.
