Un pays de plus pour Meteo France International (MFI). Avec ce contrat signé avec le Koweït, la société toulousaine accroche un 116e pays à son tableau de chasse. D’une valeur de 37 millions d’euros, cet accord signé avec la direction générale de l’aviation civile du Koweït est le deuxième plus gros contrat jamais conclu de la filiale de Météo-France. « Notre record reste l’accord de 60 millions d’euros avec l’Angola en 2019 », précise Patrick Bénichou, qui a fondé Meteo France International en 2002. Le succès de l’entreprise se voit surtout à l’étranger. L’export représente en effet 99 % du chiffre d’affaires de l’entreprise qui pointe à 21 millions d’euros en 2023.
Perspectives florissantes
Son positionnement novateur promet à l’entreprise des perspectives florissantes. « On vise un chiffre d’affaires supérieur à 30 millions d’euros vers 2026. Les contrats à prendre d’ici 2035 avoisinent 300 millions d’euros. À moyen terme, nous avons une vision prospère », admet Patrick Bénichou. Il faut dire que MFI est quasi seule au monde à proposer ce modèle de gestion de toute la chaîne de valeur météorologique. « C’est ce qu’on appelle le DBO pour Design, Build and Operate », explique Jean-Sébastien Cases, directeur commercial de MFI. L’entreprise toulousaine accompagne ses clients sur chaque étape de la modernisation de son service météorologique.
Au Koweït, ce système complet se caractérise par la collecte et la gestion des données météo, la production et la diffusion de bulletins météorologiques et la mise en place d’alertes précoces. Un programme de formation des membres du département de météorologie koweïtien est également inscrit au contrat. « La problématique dans ce pays, c’est la présence de vents de sable », explique Jean-Sébastien Cases. « L’objectif, c’est de protéger les populations mais aussi de soutenir le secteur économique et la sécurité aérienne », détaille Patrick Bénichou. Mieux prévoir permet en effet de mieux alerter. « Aujourd’hui 25 % du PIB mondial, qui représente 100 000 milliards de dollars, est climato-sensible. C’est-à-dire qu’un quart de la richesse du monde dépend du temps qu’il fera. On voit tout l’intérêt économique d’offrir un service de qualité. »
On vise un CA de plus de 30 millions en 2026
L’ONU à la rescousse
Meteo France International concentre une grande partie de son action sur les pays pauvres et en développement. Des pays relativement vulnérables au plan météorologique, où les risques de décès sont accrus en cas de catastrophe climatique. Dans ce combat, MFI a reçu le soutien inattendu du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres : il a lancé le projet « Early Warnings For All » en 2022. L’ambition est que chaque citoyen soit couvert par un système d’alerte météo d’ici cinq ans. Un tel projet nécessite des services météo à la pointe sur l’observation, la prévision et la diffusion des alertes. Pour y parvenir, l’ONU a débloqué un budget de 3 milliards de dollars sur cinq ans. « Nous sommes les seuls à proposer ce type de service global. Cette ambition de l’ONU est un relais de croissance pour MFI », rappelle le directeur commercial. L’approche de MFI est largement soutenue par l’ONU mais aussi par l’Organisation mondiale de la météorologie (OMM). Des accords sont signés un peu partout dans le monde, notamment dans les pays ciblés prioritairement par les Nations unies comme le Mozambique.
Ouverture à d’autres marchés
Pour MFI, l’implantation au Koweït est avant tout stratégique. « On sait que les pays parlent entre eux et que lorsqu’on arrive quelque part, les voisins observent, note Patrick Bénichou. Depuis plusieurs années, on aimerait pénétrer le marché de l’Arabie saoudite. Le contrat koweïtien peut nous y aider. » L’entreprise toulousaine regarde également du côté de l’Amérique latine où elle a déjà des contrats au Paraguay et en Argentine.
Il sera ensuite temps pour la filiale à 100 % de Météo-France d’ouvrir son capital à d’autres investisseurs. « Le groupe Egis, filiale de la Caisse des Dépôts qui détenait 33 % du capital, s’est retiré en 2015, explique Patrick Bénichou. Nous voulons mettre en adéquation nos ambitions et notre stratégie avec nos moyens. Nous sommes une pépite française, un véritable outil de soft power. » MFI est en effet présente sur tous les continents et collabore avec de nombreux gouvernements. Son ambition de croissance passe par le développement de l’innovation et des nouvelles technologies, notamment l’intelligence artificielle et le machine learning. À ce titre, la politique d’investissement en recherche et développement a changé ces dernières années. De quelques milliers d’euros, elle a bondi à 5 millions d’euros cette année.