Dans le nuancier des couleurs, Nehia regardait plutôt dans la zone des gris depuis 2020 et l’apparition du Covid. « On a perdu 40 % de notre activité », résume Philippe Dubois, le patron de Nehia. La PME toulousaine, spécialiste de la communication visuelle, travaille en effet principalement avec des clients dans l’événementiel (GL Events) et l’aéronautique (Airbus, ATR, Aura Aero…). Deux secteurs qui ont mis du temps à rebondir. « Heureusement qu’on avait de la trésorerie et que la gestion était faite en bon père de famille », souffle Philippe Dubois. Tombée à 9 millions d’euros de chiffre d’affaires, l’entreprise a rebondi petit à petit jusqu’à revenir dans ses standards pré-Covid en 2024, avec 14 millions d’euros de CA. « On vise près de 16 millions l’an prochain », espère le PDG.
UNE ANNÉE 2025 À PROJETS
2025 s’annonce déjà comme une année charnière pour Nehia qui va entamer plusieurs chantiers. Outre l’agrandissement de ses locaux proches du stade Ernest-Wallon au nord de Toulouse, la PME envisage la création d’un laboratoire de recherche et développement. « On a reporté le projet d’une année », concède Philippe Dubois qui appuie sur la nécessité de ce laboratoire. « On doit apporter la certitude à nos clients que les adhésifs qu’on leur fournit vont pouvoir durer dans le temps, en fonction de leurs spécificités techniques. » Au sein de ce laboratoire, des machines vont simuler le vieillissement des adhésifs sur plusieurs années. Un investissement de 200 000 euros avec une embauche supplémentaire pour la PME qui dépasse déjà les 70 collaborateurs entre ses sites de Toulouse et Montpellier.
« On aimerait se développer au Canada dans les prochaines années »
AIRBUS COMME FIGURE DE PROUE
Nehia va également s’ouvrir à la capitale dès la rentrée avec la création d’un bureau commercial à Paris. « C’est mon fils Pierre qui va se charger de développer la clientèle parisienne et tenter de dénicher des gros comptes. » Si l’entreprise toulousaine travaille déjà avec Airbus et la SNCF, elle ambitionne de nouveaux clients d’envergure nationale. « Avoir ces deux gros clients est un gage d’exigence pour les entreprises qu’on démarche, note Philippe Dubois. C’est d’ailleurs comme ça qu’on a collaboré avec PSA. Je les ai appelés et ils nous ont reçus grâce au tampon Airbus. Ce sont des industries d’élite qui ouvrent des portes. » Nehia envisage même de pousser les portes de l’Amérique. « J’aimerais me développer avec Airbus au Canada, où ils détiennent les anciens sites de Bombardier. » Un salon est prévu sur place d’ici quelques mois pour tâter le terrain.
Avec l’avionneur toulousain, les relations sont en tout cas au beau fixe. « On vient de décrocher un nouveau marché avec eux sur les protections peinture pour la rentrée. On réalise aussi les kits de masquage pour toutes leurs gammes d’avions. C’est un gros client qu’on livre quotidiennement. On exporte également pour eux vers l’Allemagne et la Chine. » Nehia possède la grande force d’être certifié PART 21G, pour produire des équipements à destination de l’aéronautique. « Pour les étiquettes, nous ne sommes que 2 en Europe », précise le PDG de Nehia.
RSE ET EMPREINTE CARBONE
La relation entre Nehia et Airbus a aussi poussé la PME à s’améliorer sur son volet RSE. « Aujourd’hui, les clients sont très demandeurs sur cet aspect », précise Philippe Dubois qui a dû travailler sur la qualité des encres, désormais sans solvants. Une nécessité pour les gros clients – comme Airbus – qui doivent rendre des comptes sur leur propre RSE et désormais sur les pratiques de leurs sous-traitants. « On les livre quotidiennement avec un véhicule électrique », précise également le patron de Nehia qui a obtenu les labels Ecovadis et Imprim’Vert.
Des médailles qui ne sont pas qu’anecdotiques pour Nehia qui envisage l’avenir avec sérénité. L’entreprise s’est construite au fil des années par des opérations de croissance externe (rachat de La Lettre Peinte à Montpellier en 2015, de Piem à Toulouse en 2019 et de Zest à Montpellier en 2021) et cela devrait continuer selon Philippe Dubois. « Mais à chaque fois, ces opérations doivent nous permettre d’acquérir de nouvelles compétences. Avec Zest on a acquis la sérigraphie par exemple. On ne veut pas seulement grossir pour grossir, mais que cela nous serve. » Grâce à ces opérations, Nehia maîtrise déjà la chaîne de A à Z : création visuelle, impression et distribution.
De quoi envisager l’avenir avec sérénité pour Philippe Dubois qui envisage une retraite d’ici 5 à 6 ans. « Je suis entré dans l’entreprise en 1999, et je l’ai reprise en 2012. Il sera temps de passer le flambeau. » L’attelage de ses deux fils, Julien le directeur financier et Pierre le commercial, est espéré par le père, autant que par le chef d’entreprise. « Ils feraient un bon tandem pour perpétuer le travail ! »
« Travailler avec Airbus et la SNCF ouvre des portes. Ce sont des industries d’élite. »