Nicolas Labanhie ne rentre véritablement dans aucune case de l’artisanat et pourtant, à 39 ans, il est peut-être le maçon le plus dans l’air du temps de sa génération. Après un BTS en aménagement du paysage et une carrière qui se profilait dans les bureaux d’études, il décide de changer totalement d’orientation pour aller vers un métier manuel. Ce fils de marin brestois enchaîne les petits boulots et l’intérim avant de rencontrer Alain Franzoni, l’entrepreneur néracais en maçonnerie : « Il m’a appris le métier de la rénovation, on avait en commun l’amour du travail et il avait un caractère très fort », explique Nicolas. Il passe alors son CAP de maçon à 21 ans et décide de continuer à apprendre le métier auprès des nombreux artisans de la région.
NOUVELLE FACETTE DES MÉTIERS DU BÂTIMENT
Toujours pas rassasié et curieux d’en connaître davantage, il retourne auprès des agences d’intérim pour louer ses services aux grosses entreprises de travaux publics du département et apprendre une nouvelle facette des métiers du bâtiment. Son expérience faite, le jeune homme comprend qu’il n’est pas fait pour ces grandes structures : « Il fallait abattre du boulot et moi je n’ai jamais été rentable. J’ai toujours voulu avoir le temps pour du travail bien fait ». Et de poursuivre : « Je faisais une sorte de burn-out, j’étais dégoûté de la maçonnerie, je voulais arrêter. C’est ma femme qui m’a motivé et qui m’a convaincu de me mettre à mon compte ». Il crée son entreprise Labanhie Rénovation à Nérac en 2012. Il rencontre en 2014 un collègue installé aussi de son côté, Loïc Julienne, avec qui il travaille désormais en duo sur la plupart de leurs chantiers.
Avec cette notoriété grandissante, les sollicitations abondent mais aussi la jalousie des concurrents
LES DÉBUTS SUR INTERNET
« J’ai toujours été artiste et ce goût de l’esthétisme que je tiens de ma mère m’apporte beaucoup en maçonnerie », détaille Nicolas qui est spécialiste de maçonnerie décorative et notamment d’enduits sculptés absolument remarquables. Initialement, les deux compères veulent publier les photos de leurs chantiers sur les réseaux sociaux comme outil de vitrine commerciale et de communication. Un aspect qui plaît à Nicolas qui a toujours pris des photos de ses chantiers depuis ses débuts en maçonnerie. Le compte numérique « Maçons du 47 » venait de voir le jour. C’est par hasard qu’ils découvrent Youtube : « Je croyais qu’il n’y avait que de la musique sur cette plateforme. Et surtout j’ai découvert que n’importe qui pouvait poster des vidéos », précise Nicolas. Il n’a alors aucune compétence en montage.
SAVOIR-FAIRE ET PÉDAGOGIE
Il apprend en faisant et commence à poster des vidéos en 2016. Les débuts sont très timides mais Nicolas continue avec régularité à poster ses vidéos et à regarder ce que font les autres « Youtubeurs » populaires. Comprenant vite les codes de la plateforme, il montre davantage son savoir-faire et fait œuvre de pédagogie : « J’ai toujours voulu montrer à quel point la maçonnerie était un beau métier ». En plus de son activité de maçonnerie, il s’astreint à publier une vidéo par semaine, où une minute lui prend deux heures de travail.
LE SUCCÈS DE YOUTUBE
« J’ai réalisé une vidéo qui s’appelle « astuces de maçons » et tous les chiffres se sont emballés. Elle a fait 100 000 vues, je suis passé à 10 000 abonnés en un mois. Et j’ai reçu mon premier chèque de Youtube », indique Nicolas. Lors d’un salon dédié au bâtiment, une entreprise de vêtements professionnels lui propose alors un partenariat et une agence de presse qui recrute des influenceurs l’a sélectionné.
J’ai toujours été artiste et ce goût de l’esthétisme m’apporte beaucoup en maçonnerie
Avec cette notoriété grandissante, les sollicitations abondent mais aussi la jalousie des concurrents numériques et des confrères : « J’ai brisé cette barrière en essayant de rester le plus neutre possible en ligne. Et j’ai gardé mon métier : je reste un maçon qui fait partager sa passion ». Il reçoit en moyenne plus d’une dizaine de demandes par semaine. Pour faire front, Nicolas a dû recruter deux personnes pour l’aider à gérer ses partenariats et sa communauté en ligne. Avec plus de 100 000 abonnés sur Youtube et des dizaines de millions de vues cumulées, Nicolas Labanhie est l’une des personnalités les plus suivies de France dans le milieu du bâtiment. En Lot-et-Garonne, toutes catégories confondues, il n’y a guère que Francis Cabrel (122 000 abonnés) qui lui tienne la dragée haute, et encore, peut-être plus pour très longtemps.
MAÇONS DU 47 EN CHIFFRES
150 vidéos sur YouTube et plus de 100 000 abonnés
Vidéo la plus vue : 6,4 millions de vues
6000 abonnés Instagram
5500 abonnés Facebook