Couverture du journal du 20/04/2024 Le nouveau magazine

Papeterie de Condat : Choc sur toute la ligne

Au moment où un groupe florissant posait une nouvelle pierre de son évolution dans l’agglomération de Périgueux, le Terrassonnais recevait pour la Papeterie de Condat la nouvelle qu’il redoutait : Lecta y ferme sa ligne de papier couché.

papeterie condat

© shutterstock

Tous craignaient cette annonce, après plusieurs mises à l’arrêt et chômage partiel depuis l’automne dernier, le coût de l’énergie s’ajoutant aux baisses de commandes. C’est par un communiqué que Lecta a annoncé, le 20 juin, « un projet de cessation de la production de papier couché deux faces de l’usine de Condat pour concentrer son savoir-faire et ses ressources sur la ligne 8 dédiée à la production de papiers spéciaux ».

FOCUS SUR LA GLASSINE

La ligne 4 de Condat, au Lardin-Saint-Lazare, est victime de la forte baisse du marché des papiers graphiques dont elle était la première unité française de production, en chiffre d’affaires. La réorientation amorcée depuis 2020 vers les papiers spéciaux sur la ligne 8 monte progressivement en puissance, Lecta prévoyant de concentrer « le savoir-faire et les ressources de l’usine » sur la glassine (papier cristal) et le papier couché une face, reconversion liée à un plan d’investissement soutenu par de l’argent public.

Cette secousse chez le plus important employeur privé du département fait trembler tout le bassin d’emploi et l’économie locale qu’il alimente

Le préfet de Dordogne, qui prend acte de cette décision inscrite « dans le contexte actuel de décroissance du marché du papier couché au niveau mondial », rap- pelle d’ailleurs « qu’aux côtés des collectivités locales, l’État a accompagné ces dernières années la modernisation de Condat en Dordogne : ce sont en effet les financements mobilisés par le groupe Lecta, soutenus par les pouvoirs publics, qui permettent aujourd’hui le maintien sur le site d’une activité industrielle autour du papier de spécialité ».

UNE COMPÉTITIVITÉ QUI TOURNE COURT

Lecta rappelle investir « actuellement dans une chaudière biomasse (CSR) — opérationnelle d’ici mi-2024 — afin de réduire considérablement les coûts énergétiques ainsi que l’empreinte carbone de l’usine ». Une décarbonation massive qui doit baisser de deux tiers les émissions de CO2 « et redonner de la compétitivité au site », était-il annoncé en février 2020 lors de la visite d’Agnès Pannier-Runacher, alors secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des Finances et d’Alain Rousset, président de Région, pour saluer « ce premier dossier qui associe retournement économique et transition écologique à ce niveau d’exigence ». Alors qu’une dette de 400 M€, notamment auprès de l’État, était effacée avec l’arrivée de nouveaux actionnaires, l’investissement réalisé portait sur plus de 90 M€, l’État étant le principal contributeur dans cette restructuration et y ajoutant 14 M€ via l’Ademe. Un prêt exceptionnel de 19 M€ sans intérêt de la Région venait en plus d’un engagement sur le plan de formation du personnel.

IMPACT SOCIAL DANS LA VALLÉE VÉZÈRE

Le groupe indique qu’un « projet de réorganisation a été annoncé aux représentants du personnel, qui seront consultés à ce sujet ». De son côté, l’État veillera « à l’accompagnement des salariés et à l’application des procédures qui encadrent la réduction d’effectifs annoncée par l’arrêt de la ligne 4, en particulier au titre des obligations qui s’imposeront au groupe Lecta en matière sociale et pour la revitalisation du territoire ».

© Archives SBT

Si Lecta « s’engage à minimiser les conséquences sociales du projet de cessation de l’activité de la ligne 4 », avec « des réunions d’information/consultation avec ses représentants du personnel », cette secousse chez le plus important employeur privé du département (sur 410 salariés, combien perdront leur poste ? Il est question de plus de 180 suppressions) fait trembler tout le bassin d’emploi et l’économie locale qu’il alimente à travers les services, les commerces et bien sûr les sous-traitants, c’est-à-dire plus de 2 000 personnes. « L’État attire l’attention de l’entreprise afin de les accompagner au mieux dans une transition ou adaptation de leurs activités », le préfet rencontrant bientôt les représentants des salariés et les élus locaux concernés.