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Pôle Emploi : les stratégies du recrutement

Aux 35 métiers en tension répertoriés nationalement s’ajoutent ceux du BTP et des services à la personne dans le département. Pôle Emploi travaille en lien avec les entreprises et mise sur l’innovation pour y faire face.

Catherine Guilbaudeau, directrice territoriale Hautes-Pyrénées et Gers. Pole emploi

Catherine Guilbaudeau, directrice territoriale Hautes-Pyrénées et Gers. © D.R.

On les connaissait stables, d’avenir ou manuels, en 2023 les métiers qui sont sur toutes les lèvres sont dits « en tension ». Préoccupation majeure des entreprises qui connaissent une reprise économique intense, le manque de main d’œuvre est si vif qu’il pourrait même ralentir certains secteurs. Les Hautes-Pyrénées n’échappent pas à la problématique nationale et les équipes locales de Pôle Emploi travaillent main dans la main avec les sociétés pour établir de véritables stratégies.  

« Sur ces 3 derniers mois, on a enregistré plus de 3 800 offres d’emploi » 

Il faut dire que le département connaît un essor qui dépasse la dynamique de 2019 et se répercute sur les offres d’emplois. Si en Occitanie elles ont baissé d’1,4 % cette année glissante, elles ont fait un bond de 9 % dans le 65 : « On est un peu en décalage avec la Région, on est dans un paradigme. Rien que ces 3 derniers mois, on a enregistré un peu plus de 3 800 offres », constate Catherine Guilbaudeau, directrice territoriale Gers et Hautes-Pyrénées.  

Baisse du nombre de demandeurs d’emplois de 3,5 % 

Sachant que les embauches proposées par Pôle Emploi représentent un tiers du marché total du travail, on ne peut que se réjouir de la conjoncture qui booste l’économie locale comme le souligne Catherine Guilbaudeau : « Pour les demandeurs d’emplois, il y a de vraies opportunités sur le territoire. Fin juillet, nous en avions 17 000 enregistrés, on est sur une baisse de 3,5 % sur un an, bien devant la Région qui est à 0,6% ». Un contexte qui induit évidemment des recrutements intenses dans l’industrie, notamment l’aéronautique mais aussi étonnement dans le BTP qui ne connait aucun ralentissement dans le département : « On a moins de grosses boites que dans l’industrie mais c’est tout un tissu de petites entreprises qui a besoin de main-d’œuvre dans la pose de canalisations, la conduite de grue ou d’engins de terrassement par exemple » explique la directrice. 

L’HOTELLERIE, LEADER DE LA TENSION 

Dans une moindre mesure, le transport rejoint la liste des secteurs en tension et la santé demeure un point noir avec un énorme besoin en infirmiers et personnel polyvalent hospitalier, métiers encadrés par des diplômes d’Etat, particulièrement difficiles à trouver : « On est tous sous l’eau. Ce n’est pas un secteur où on a des solutions, on est en difficulté ». Les métiers liés aux services à la personne pâtissent d’un vrai manque d’attractivité et enfin, le premier secteur d’activité où les difficultés sont majeures est celui de l’hôtellerie. Une conséquence logique dans un département touristique : « Lourdes est juste après Paris en termes de nuitées hotellières, même si les lignes bougent par rapport aux saisonniers, ça reste très difficile ». La saison cultuelle se termine, celle du ski et des sports d’hiver se prépare déjà avec le recensement des offres et les jobs dating qui s’enchainent dans les vallées.  

UN CONSEILLER DANS LES LOCAUX DU BTP 

Au niveau national, 35 métiers en tension ont été répertoriés, auxquels s’ajoutent les particularités locales. Autant dire que Pôle Emploi est à pied d’œuvre et n’hésite pas à mettre en place des stratégies inédites. Si les conventions avec les différentes branches professionnelles comme l’UMIH ou l’UIMM sont usuelles, avec le BTP, la collaboration est celle de l’innovation. Richard Leduc, conseiller de Pôle- Emploi, a un bureau au sein des locaux de la fédération du bâtiment pour être au plus près des artisans. 

Le but c’est de ne pas mettre nos entreprises au ralenti parce qu’elles ne trouvent pas de main d’œuvre  

ANTICIPER ET FORMER 

Et c’est le cœur du sujet, lorsqu’un secteur affiche un regain de recrutement, Pôle Emploi peut même mettre en place une formation collective : « Je le dis souvent aux employeurs, il ne faut pas nous appeler la veille pour le lendemain. Les demandeurs ne sont pas formés pour les métiers en tension ». Un travail en amont avec les entreprises qui permet d’anticiper et d’établir un parcours de reconversion sur mesure avec tuteur si besoin : « On part des besoins des employeurs et on en parle à nos demandeurs pour les adapter à ces besoins. Daher embauche par exemple et on a besoin de 20 tourneur-fraiseur, on informe en temps réel le Conseil Régional qui met en place le plan régional de formation. Il faut être hyper réactif ». 

L’ESPRIT START-UP AU SERVICE DU RECRUTEMENT 

Le panel d’outils s’est également adapté au contexte et les conseillers créent des produits numériques dignes des start-ups comme Immersion Facilité, un site sur lequel les employeurs proposent une immersion dans leur entreprise et où les demandeurs d’emplois n’ont qu’à matcher : « On est également en train de travailler avec l’office des HLM pour l’hôtellerie et la restauration. Quand une mise en relation avec une offre sera faite, un accès permettra au saisonnier de trouver un logement disponible ». Un système qui n’existe qu’en Bretagne et sera déployé en 2024 dans les Hautes-Pyrénées : « Le but c’est de ne pas mettre nos entreprises au ralenti parce qu’elles ne trouvent pas de main d’œuvre ».