« Pendant le confinement en 2020, j’étais devant ma télévision et j’ai vu la députée Patricia Mirallès expliquer qu’à compter de 2023, l’impression automatique des tickets de caisse allait être interdite. Lorsque le journaliste lui a demandé ce qui allait remplacer les tickets papier. Elle a répondu : « il y aura bien des start-up qui trouveront des solutions d’ici là ! ». C’est comme ça que tout a commencé ! », se souvient Michaël Ribière, cofondateur avec Enzo Schwander, de la société OcciDev implantée à Tournefeuille, qui a développé l’application Quipo.
Quipo cible les commerces de proximité à la recherche d’une solution pour dématérialiser les tickets de caisse avec une promesse forte : une empreinte carbone faible. « Envoyer les tickets de caisse par mail n’est pas une solution écologiquement satisfaisante, car cela génère une pollution numérique importante. Il faut savoir que 1 000 tickets non imprimés, c’est une économie de 60 litres d’eau et 5 kg de CO2 évités ! »
Un système de QR code
Quipo repose sur un système de QR code. Le client – qui a téléchargé l’appli Quipo – peut scanner le QR code qui apparaît sur un écran lors de son achat chez un commerçant. Il conserve ainsi son ticket de caisse dans son appli, sans avoir à communiquer ses données personnelles au commerçant.
Une solution qui paraît simple à première vue, mais qui a nécessité des mois de travail. « Le problème des QR codes traditionnels est qu’ils ne permettaient pas de stocker assez de données », se souvient Enzo Schwander, le « geek » de l’équipe. OcciDev a ainsi développé ses propres QR codes, capables de contenir 4 à 5 fois plus de données que les QR codes classiques.
Lauréats I-Nov et Life
« En 2021, on a obtenu une subvention de 158 000 euros via le concours I-Nov porté par Bpifrance. Avec une condition toutefois : on devait également mettre 158 000 euros en face. On a demandé à tous nos proches, et on a réussi ! » se souvient Michaël Ribière. Contactés par le ministère de la Transition écologique dans la foulée, les deux entrepreneurs déposent un dossier de candidatures pour le programme de financement de la Commission Européenne Life. « On a appris au printemps 2022 qu’on était lauréats », sourit encore le cofondateur. Quipo décroche une subvention de plus d’un million d’euros. Les deux entrepreneurs décident alors de se consacrer à 100 % à Quipo.
Après avoir peaufiné sa solution avec le concours de quelques commerçants toulousains bêta-testeurs, OcciDev – qui compte désormais 8 collaborateurs – a lancé la commercialisation de son application – qui s’interface avec les logiciels de caisse – en juin dernier.
Programme fidélité et outil de communication
« Au départ, on était parti sur la question de la dématérialisation des tickets de caisse sans saisie de données personnelles, mais à la demande de nos commerçants partenaires, nous avons beaucoup enrichi l’application », indique Enzo Schwander. Quipo propose ainsi de mettre en place facilement un programme de fidélité. « Le commerçant peut choisir son système : une remise au bout de tant de passages en caisse ou de tant d’euros dépensés dans le magasin. Lorsque le client a rempli les conditions, un QR code est généré sur son appli Quipo. Il n’a plus qu’à le présenter à son commerçant pour obtenir sa ristourne », explique Michaël Ribière.
L’appli permet par ailleurs aux commerçants de communiquer avec leurs clients, grâce à des notifications envoyés via l’appli. « Les restaurateurs peuvent par exemple envoyer la photo du plat du jour ».
Il y a plus de 700 000 commerces de proximité en France. Le potentiel est fort !
Levée de fonds en perspective
L’application est gratuite pour les utilisateurs et repose sur un système d’abonnement mensuel de 60 euros HT pour le commerçant qui dispose d’un accès à son interface pour y retrouver toutes les statistiques relatives à l’utilisation de Quipo par ses clients.
Aujourd’hui, Quipo a déjà séduit une quinzaine de commerçants et espère en compter près de 150 d’ici à la fin de l’année. « On vise les 300 pour l’été 2025, ce qui nous permettra d’être à l’équilibre », affirme Michaël Ribière. Et d’ajouter : « Nous venons de recruter un commercial en Île-de-France, car la Région subventionne les commerces qui investissent dans leur digitalisation ». Pour accélérer le déploiement commercial de Quipo, OcciDev prévoit une levée de fonds, de l’ordre de 800 000 euros, pour 2025. « Il y a plus de 700 000 commerces de proximité en France. Le potentiel est fort ! », concluent les dirigeants.