Couverture du journal du 20/04/2024 Le nouveau magazine

RER Métropolitain – Toulouse officiellement candidate

Les responsables politiques de la Ville, du Département et de la Région ont signé une déclaration d’intention commune à destination de l’État pour la création d’un Service Express Régional Métropolitain (SERM). Six branches d’un futur RER ont été dessinées pour un coût avoisinant les 4 milliards d’euros.

Le président du département 31, Sébastien Vincini, la présidente de région Occitanie, Carole Delga et le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc

Le président du département 31, Sébastien Vincini, la présidente de région Occitanie, Carole Delga et le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc © Maxime Fayolle - La Vie Economique

Que celui qui n’a jamais perdu plusieurs heures dans les embouteillages à Toulouse arrête ici sa lecture ! En 2023, un automobiliste toulousain est resté 71 heures dans les bouchons, contre 53 heures l’année précédente. L’attractivité de la ville rose (dont l’aire urbaine gagne 20 000 nouveaux habitants par an) a pour effet une congestion des routes et une saturation des transports en commun qui atteint des seuils critiques. Si rien n’est fait, la surfréquentation des routes atteindra 160 % en 2030 à Toulouse.

Plus de train, plus d’amplitude horaire

Il faut donc une révolution des transports. C’est pour cela que le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, le président du département Haute-Garonne, Sébastien Vincini et la présidente de Région Occitanie, Carole Delga, ont signé cette déclaration commune d’intention en faveur du SERM à Toulouse. « C’est un projet à voir sur le temps long, entre 10 et 15 ans », souligne d’emblée Carole Delga. En effet, le projet comporte plusieurs volets dont le principal est le ferroviaire. « Il faut plus de trains, une amplitude horaire renforcée et surtout optimiser l’intermodalité entre tous les modes de transport », poursuit la présidente de Région. En clair : des trains de 5 h à 23 h et toutes les 10 minutes en heure de pointe.

La Région prévoit 35 % de trains supplémentaires d’ici 2032

Montée en puissance dès 2032

Un remodelage des six branches de l’étoile ferroviaire toulousaine est au programme. Elles permettront de relier Montauban, Saint-Sulpice, Villefranche-de-Lauragais, Auterive, Carbonne et L’Isle-Jourdain. La Région prévoit 35 % de trains supplémentaires d’ici 2032 (468 trains par jour contre 347 aujourd’hui) et 132 % de plus en 2040 (806 trains).

Le projet va se concrétiser petit à petit grâce aux travaux de la ligne C du métro (fin en 2028) et à ceux de la LGV entre Toulouse et Bordeaux (fin prévue en 2031) qui vont débloquer les axes Nord et Ouest. De nouvelles connexions entre le métro toulousain et le train seront aussi créées pour faciliter l’interconnexion entre tous les modes de transport. « Nous devons aller chercher avec le train des gens qu’on ne peut pas toucher par le métro ou les bus. Ceux qui sont à 30 ou 50 km de Toulouse. Nous devons leur proposer des solutions de transport décarboné », insiste Jean-Luc Moudenc.

Toulouse, Région Occitanie

© Région Occitanie

Des connexions à tous les étages

La connectivité des modes de transport est la clé de voûte du SERM. Train, bus, covoiturage, vélo doivent chacun prendre le relais de l’autre afin d’éviter le recours à la voiture. Surtout au poison du « seul au volant ». « Nous souhaitons que chaque habitant du département se trouve à moins de 15 minutes d’une aire de covoiturage », annonce le président Sébastien Vincini. Cette incitation à lâcher son véhicule personnel répond d’ailleurs aux aspirations des Occitans. 42 % d’entre eux se disent prêts à abandonner la voiture pour les trajets du quotidien selon un sondage Ifop commandé par la Région. « C’est l’offre et la qualité du service qui feront changer les comportements », martèle Carole Delga.

C’est un projet à voir sur le temps long, entre 10 et 15 ans

La facture en débat

Mais il faut aborder la question qui fâche. Combien cette révolution va-t-elle coûter ? Et qui va la financer ? « L’État a annoncé une enveloppe de 700 millions d’euros, on est très loin du compte », tonnent en chœur les élus. La Région chiffre le coût global du SERM à 3,632 milliards d’euros dont près de 350 millions rien que pour le désengorgement de la gare Matabiau. À cela s’ajoutent le coût des trains qui frôle les 500 millions d’euros et le coût de fonctionnement estimé à 113 millions d’euros par an. Si chaque collectivité se déclare prête à mettre la main à la poche, l’addition s’avère trop salée pour assumer la charge à elles seules. « Il faut un investissement prioritaire de l’État. D’autant plus que cela fait 30 ans que l’Occitanie est la région la moins dotée », tonne Carole Delga. « Soyons clairs : aujourd’hui nous n’avons pas le financement. L’État doit amener sa contribution prioritairement, mais doit également nous donner les moyens pour débloquer des ressources nouvelles », abonde Jean-Luc Moudenc.

Une taxe transport ?

Une conférence nationale sur le financement de ces SERM doit avoir lieu avant le 30 juin. Chaque partie viendra avec des idées. « Il faut pouvoir allonger la durée du financement sur 40 ans », demande Carole Delga, quand Jean-Luc Moudenc et Sébastien Vincini insistent sur le déplafonnement du taux de versement mobilité aujourd’hui bloqué à 2 %. Cette « taxe transport » prélevée sur les entreprises de plus de 11 salariés a été poussée à 3,2 % pour les travaux du Grand Paris. « Si on l’augmentait vers 3 %, elle rapporterait plus de 140 millions d’euros en plus par an » calcule Sébastien Vincini. Une question qui devra être tranchée dans les meilleurs délais si ce projet de SERM toulousain veut être mis sur de bons rails.