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Righini, les portes de la réussite

L’entreprise créée à Tonneins en 1960 par Michel Righini continue aujourd’hui, avec son fils Philippe, de se développer et de tenir sa place parmi les leaders français du marché de la porte et bloc-porte avec le même crédo qu’aux origines : investir et innover.

Philippe Righini, PDG de Righini © Louis Piquemil

Philippe Righini, PDG de Righini © Louis Piquemil - La Vie Economique

Cette histoire c o m m e n c e dans les années vingt quand de nombreux Italiens du Frioul viennent trouver en Lot-et-Garonne une terre d’accueil. La famille Righini fait partie de ceux-là et c’est à Tonneins, sur les berges de la Garonne, qu’ils s’installeront. Comme l’immense majorité de leurs compatriotes, ils commenceront par le dur labeur des champs mais déjà le grand-père de Philippe Righini s’intéressait au bois en fabriquant des roues de charrettes puis de petits meubles. L’histoire d’une réussite entrepreneuriale était en route.

La Vie Economique : Pouvez-vous nous raconter l’origine de l’entreprise Righini ?

Philippe Righini : « Mon grand-père a commencé à toucher du bois en tant que charron. Il fabriquait les roues de charrette et ma grand-mère mettait le cerclage en fer autour. Un jour, mon père et lui ont eu le chantier de l’école Notre-Dame à Tonneins avec pas mal de travaux et notamment le changement des portes. De là est né l’intérêt pour ce métier. Des entreprises fabriquaient déjà des portes de façon industrielle mais mon père pensait que c’était un domaine où il y avait à faire. Après ce chantier, il a donc créé en 1960 l’entreprise Righini spécialisée dans la fabrication de portes et blocs-portes d’intérieur à destination des professionnels. » Le Covid n’a pas été un sujet d’inquiétude dans l’entreprise

Righini

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LVE : Comment Righini est-elle devenue au fil des ans une des entreprises leaders de son secteur dans l’Hexagone ?

P.R. : « La créativité fait partie de l’ADN de l’entreprise dès les origines. À l’époque de la création de l’entreprise, on fabriquait les panneaux de porte et l’artisan devait réaliser les huisseries, ferrer l’ensemble et les poser. Dès le début, mon père a créé le bloc-porte avec la porte, ce qui simplifiait énormément la pose. Cette recherche d’innovation est constante au sein de Righini et a d’ailleurs été récompensée par l’INPI en 2007. Nous avons ainsi plusieurs standards du marché à notre actif : les blocs-portes, les portes et huisseries prépeintes, l ’enrobage de profilés comme nos dormants. Nous avons aussi participé au développement des vantaux gravés et aujourd’hui des portes mélaminées. »

RIGHINI EN CHIFFRES

Entreprise créée en 1960 par Michel Righini, reprise par son fils Philippe en 2000

760 000 portes et blocs-portes produites chaque année

1 site unique de production de 19 hectares dont 56 000 m2 de bâtiments

195 salariés en CDI

CA 2022 : 63 millions d’euros (progression moyenne de 6 % par an sur les 4 dernières années)

2 % d’export

98 % du capital de l’entreprise détenus par Philippe Righini

5 ans de garantie sur toutes les gammes

100 % fabrication française

25 millions d’euros d’investissement de 2019 à 2024

LVE : Quels sont les enjeux du moment pour votre entreprise ?

P.R. : « Avec l’épaississement des cloisons, notamment grâce à l’isolation, on se dirige vers des portes de plus en plus finies et décorées. Nos voisins européens sont en avance sur cet aspect alors que c’est un marché naissant chez nous. Parallèlement, la tendance déco est en train de monter et nous avons ressenti le besoin de communiquer sur notre marque. Nous voulions apparaître dans les showrooms et être mieux connus du grand public. On avait besoin d’une caution et c’est pourquoi nous avons fait appel à Cécile Siméone (voir encadré NDLR) pour le lancement de notre gamme de portes décoratives. »

Nous avons le projet d’utiliser nos copeaux pour produire de l’électricité via la mise en place d’une centrale de cogénération

Righini

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LVE : Entre la crise sanitaire et le contexte inflationniste, comment traversez-vous cette période ?

P.R. : « On a dû arrêter la production pendant un mois et demi et nous avons mis en place un protocole sanitaire pour l ’ensemble des salariés moyennant quoi le Covid n’a pas été un sujet d’inquiétude dans l’entreprise. Mais dès la fin de la crise du Covid, nous avons connu un regain d’activité économique très important. Concernant la hausse des matières premières, nous avons été touchés et nous continuons de l’être mais nous avons réussi à la répercuter en grande partie sur les prix. Pour l’énergie, nous savons exactement quel est notre budget car nous avons déjà négocié le tarif. Nous avons aussi un projet d’utiliser nos copeaux pour produire de l’électricité via la mise en place d’une centrale de cogénération.

CÉCILE SIMÉONE : INFLUENCEUSE DE LA DÉCO

Afin de lancer sa gamme de portes décoratives Kreation, Righini a noué un partenariat avec la décoratrice d’intérieur et animatrice TV Cécile Siméone. Celle-ci est une personnalité reconnue dans la décoration et les médias. Ancienne Miss Météo de Canal+, elle a participé à de nombreuses émissions télévisées de décoration, notamment La Maison sur France 5 et M comme Maison sur C8. Elle possède aujourd’hui son propre studio d’architecte d’intérieur : « Simone Sisters » et deux boutiques de déco à Lyon. Dans le cadre de sa collaboration avec Righini, Cécile Siméone a imaginé et créé 3 décors, autour de 3 modèles de portes Kreation, qu’elle a sélectionnés.

Le plan de communication s’articule autour de supports pour les showrooms, les réseaux sociaux et de passages télé.

En effet, pour lancer cette campagne, un spot de 20 secondes est diffusé en ce début d’année sur M6 durant les émissions déco de Stéphane Plaza. « Depuis le confinement, les Français ont appris à aimer se recentrer sur le confort de leur habitat. La porte intérieure était jusqu’alors un des grands oubliés de la décoration.

Le challenge de créer des décors Kreation était à la fois innovant et en total accord avec cette tendance décorative », explique la nouvelle représentante de la marque Righini.

LVE : Comment imaginez-vous votre entreprise dans 20 ans ?

P. R. : « J’ai une envie et j’ai les moyens de cette envie : faire perdurer l’esprit qui caractérise l’entreprise, sa technicité et réussir la transmission en gardant cet esprit car j’ai 62 ans et c’est un projet de long terme. Nous sommes à un point de retournement de l’économie et des rapports humains. Les entreprises doivent tenir compte de l’évolution de l’état d’esprit des salariés pour développer une relation responsable et transparente avec eux. Pour y parvenir, nous devons rester humbles et laisser une place au doute pour entendre toutes les voix qui s’expriment. Accepter également cette bienveillance qui fait apprendre de ses erreurs. Pour autant, les conditions de travail, un certain partage des richesses créées et l’exemplarité des dirigeants doivent également être au programme. L’avenir sera pour ceux qui auront réussi à créer cette relation avec leurs salariés. »

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UN PLAN D’INVESTISSEMENT DE 25 MILLIONS D’EUROS

Le déploiement de l’entreprise vers les portes décoratives s’accompagne d’une enveloppe financière pour soutenir ce développement stratégique. Ce programme couvre l’ensemble de la chaîne de production, la R&D, ainsi que le renforcement des infrastructures générales et de sécurité. Le site a été agrandi de 11 000 m2 pour accueillir de nouveaux espaces dédiés à la production, au stockage, à la logistique, des bureaux et une nouvelle surface d’exposition. Une nouvelle ligne de rainurage a également été mise en fonctionnement. Dans un contexte tendu d’approvisionnement des matières premières, toutes ces mesures permettent à l’entreprise de maintenir une forte intégration verticale de la chaîne de valeur pour garantir un niveau de qualité constant et l’offre de garantie de 5 ans sur l’ensemble de la gamme.

1994-2004 : RIGHINI EN BOURSE

Philippe Righini nous raconte un moment spécial de l’histoire de l’entreprise familiale, sa cotation en bourse : « On avait des projets d’investissement et on s’est dit qu’on pourrait faire appel aux marchés. On a mis 10 % du capital en bourse mais les intérêts bancaires ont plongé.

Du coup, cela nous coûtait plus cher de rémunérer l’actionnaire que de nous endetter. Et nous n’avons pas utilisé ce levier des marchés pour investir. En revanche, nous avons appris plein de choses : communiquer, publier des prévisions et faire face à des journalistes financiers spécialisés ». Et sur un éventuel retour en bourse, Philippe Righini est clair : « Non, aucun intérêt ».