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SPP, la sécurité, une histoire de famille

Dans le sillage de sa mère Marie Leroy, ancienne greffière en chef au tribunal judiciaire de Périgueux, Charles Tudela, 38 ans, a pris les rênes de SPP et A2S, deux sociétés leaders du marché de la sécurité et du gardiennage en Dordogne. Rencontre.

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Sabrina Kettane, directrice commerciale chez SPP et Charles Tudela, dirigeant de SPP et A2S © Loïc Mazalrey

A-t-elle eu peur de se tourner les pouces ? Au moment de liquider s es droits à la retraite en 2011, Marie Leroy, greffière en chef au tribunal judiciaire de Périgueux, a convaincu sa famille de la laisser racheter Sécurité prévention protection (SPP). Il s’agit d’une entreprise de sécurité et de gardiennage de huit salariés, basée à Saint-Rémy-sur-Lidoire, à une quarantaine de kilomètres au sud-ouest de Périgueux. « À 54 ans, ma mère nous a fait comprendre qu’il était hors de question pour elle de mettre définitivement sa vie professionnelle en pause », se souvient Charles Tudela, son fils de 38 ans qui en avait un peu plus de 25 à l’époque. « Elle n’était pas encore retraitée qu’elle s’est mise à chercher une activité dans laquelle elle pourrait continuer à s’épanouir tous les jours. »

DÉFORMATION PROFESSIONNELLE ?

Est-ce par déformation professionnelle ? L’ancienne directrice du greffe du tribunal de Périgueux a rapidement concentré ses recherches sur les métiers de la sécurité. « Ma mère est tombée sur SPP, alors en faillite. Convaincue d’avoir trouvé la boîte qui lui convenait, elle a sauté sur l’occasion pour la racheter », indique celui à qui Marie Leroy a délégué depuis deux ans et demi la direction financière et administrative (DAF) de SPP et la direction générale de sa jumelle, la société Avenir sécurité services (A2S).

© Loïc Mazalrey

Il ne faudra pas longtemps à Marie Leroy pour prendre ses marques et imposer son style. En 2011, alors qu’elle termine tout juste le transfert de sa société sur la commune d’Annesse-et-Beaulieu, près de Périgueux, la nouvelle dirigeante de SPP impose à tous ses salariés l’obligation de détenir une carte professionnelle, gage de sérieux et de qualité. « C’est un autre temps, l’armoire à glace bête et méchante. Aujourd’hui, l’agent de sécurité se doit d’être courtois, intelligent, formé. En cas de problème, il est le premier sur les lieux, avant les secours », reprend Charles Tudela.

« L’armoire à glace bête et méchante, c’est un autre temps. Aujourd’hui, l’agent de sécurité se doit d’être courtois, intelligent, formé. »

THÉORIE ET PRATIQUE

Pour accompagner cette évolution, Marie Leroy lance en 2012, Avenir sécurité services (A2S), un organisme qui forme les agents de prévention sécurité (APS) de demain sur la base d’enseignements à la fois théoriques (déontologie, réglementation en vigueur) et pratiques (palpations, conditions d’interventions). Les stagiaires en ressortent avec une certification, une carte professionnelle et surtout, la garantie de décrocher un emploi chez SPP. « Les stagiaires sont libres de se former chez nous et de travailler ailleurs s’ils le souhaitent, mais l’activité de SPP s’est tellement développée au cours de ces dix dernières années que nous avons du travail à offrir au plus grand nombre », explique le directeur de SPP.

LES ATTENTATS DE 2015 : UN COUP D’ACCÉLÉRATEUR

En 2015, alors que la société dirigée par Marie Leroy avait déjà commencé à prendre de l’ampleur, la vague d’attentats terroristes qui a frappé la France a donné un sérieux coup d’accélérateur à son activité. « Du jour au lendemain, les besoins en matière de sécurité ont littéralement explosé », confirme Sabrina Kettane, directrice des ressources humaines et directrice commerciale chez SPP. Les exigences aussi.

« Le secteur gagnerait à proposer des carrières ou des grades comme il en existe dans la police ou la gendarmerie. »

« À la demande des pouvoirs publics, la palpation des individus est devenue obligatoire dans le cadre des grands événements », abonde Charles Tudela. Sécurité incendie de Lascaux 4, Salon du livre de Brive, Mimos à Périgueux, des entrées de casernes militaires… À l’épreuve du feu, SPP a su mobiliser ses troupes et conforter son leadership en Dordogne et dans les départements limitrophes de la Corrèze et du Lot-et-Garonne. « Nous nous sommes appuyés sur le vivier de jeunes diplômés pour étoffer nos effectifs », confirme le directeur de SPP, qui emploie aujourd’hui l’équivalent de 180 temps pleins.

© Loïc Mazalrey

DES MÉTIERS TRÈS DIFFÉRENTS

Agent de prévention de sécurité, personnel de Sécurité secours incendie assistance à la personne (SSIAP), spécialistes de la télésurveillance, rondiers (chargés des rondes sur des zones commerciales ou industrielles)… La liste des métiers représentés chez SPP s’est allongée au gré de l’évolution des normes de sécurité. « A2S a suivi le mouvement en proposant des for- mations adaptées à chacun d’eux », avance Sabrina Kettane, persuadée que « d’autres suivront avec le développement des nouvelles technologies basées sur l’intelligence artificielle ». « Loin de faire disparaître les agents de sécurité, les robots contribueront à élever la qualité des emplois. L’APS, dont la mission était jusqu’ici de surveiller, deviendra technicien référent des robots avec lesquels il travaille », explicite le DAF de SPP.

« À la clé, pour les stagiaires, un diplôme et surtout, la garantie de décrocher un emploi chez SPP. »

Sur sa lancée, SPP a intégré le GES, le syndicat national des entreprises de la sécurité privée il y a deux ans. Une façon, pour elle, de contribuer à la revalorisation des métiers de la sécurité, qui, dans l’ensemble, peinent à recruter. « La vague terroriste a fait naître beaucoup de vocations, certes, mais le soufflet est en train de retomber », analyse Charles Tudela, conscient que les réseaux sociaux, sur lesquels SPP affiche une forte présence, ne suffiront pas à eux seuls à renverser la vapeur. « Financièrement parlant, les métiers de la sécurité sont plus attractifs que par le passé, mais je crois qu’il est bon de réfléchir au-delà de la question des rémunérations », avance Charles Tudela.

« Le secteur gagnerait à proposer des carrières ou des grades comme il en existe dans la police ou la gendarmerie. Ce serait un facteur de motivation supplémentaire pour ceux qui veulent s’y épanouir. »

OPEN IMMOBILIER, NUMÉRO COMPLÉMENTAIRE

Tout en mettant sa connaissance des arcanes du droit des entreprises au profit de l’entreprise familiale, Charles Tudela a lancé en 2010 Open Immobilier, un réseau de mandataires immobiliers. La société, qui emploie huit salariés et travaille avec une soixantaine de mandataires à l’échelle de la Nouvelle-Aquitaine, a trouvé naturellement sa place dans la holding familiale. « L’activité d’Open est complémentaire à celles de SPP et A2S dans le sens où elle contribue à faciliter l’installation de nos salariés dans le secteur en trouvant des solutions de logement de moyenne ou longue durée », conclut le PDG de la société immobilière.