Couverture du journal du 07/05/2024 Le nouveau magazine

Start-ups : retour à la normale en 2023

Après une année 2022 record en ce qui concerne les levées de fonds, le financement des start-ups s’est ralenti en 2023. Pour autant, si les montants levés sont moins importants, le nombre d’opérations est en hausse comme le relève la Banque de France.

start-up, toulouse

Christian Olmedo (BPI France), Nicolas Iordanov (iXo Private Equity), Tim Dumain (Bigblue), Carole Zisa-Garat (Telegrafik) © Maxime Fayolle

Mettre dans une même pièce une institution qui ne prête pas d’argent et des start-uppeurs qui en recherchent n’avait rien d’évident. « C’est vrai qu’on ne finance pas mais on connaît l’écosystème » plaide Christine Bardinet, la directrice régionale de la Banque de France à Toulouse. « On aimerait que les start-ups nous mobilisent plus souvent car on peut les accompagner. »

Les jeunes pousses toulousaines cartonnent

La Banque de France a consacré une étude sur le financement des start-ups entre 2021 et 2022, basé sur plus de 3 500 exemples. « Les levées de fonds ont dépassé 13 milliards d’euros en 2022 sous l’effet des taux très bas » souligne Maurice Oms, le correspondant start-up de la Banque de France. Une époque désormais révolue depuis la guerre en Ukraine.

A Toulouse, les jeunes pousses s’en sortent bien. Pour les 255 étudiées, le chiffre d’affaires progresse certes moins que la moyenne nationale (+16% contre +25%) mais leur trésorerie est en hausse (+21% contre -3% à l’échelle nationale). Les start-ups toulousaines ont également augmenté leurs capitaux propres de près de 25% (+4% seulement en moyenne en France). Peut-être pour capitaliser en vue d’une année 2023 que les dirigeants attendaient plus compliquée ?

Fin d’une période délirante

« Rassurez-vous, en 2023 on lève encore de l’argent » sourit Tim Dumain. Le CEO de Bigblue a fait ses armes à Toulouse avec la jeune pousse Morning, spécialisée dans les jeux de société. « On a simplement mis fin au délire ! J’ai vu des confrères lever des millions d’euros, prendre des locaux surdimensionnés, embaucher à tout-va … et aujourd’hui se demander comment licencier. » Le baromètre EY sur les levées de fonds le confirme. Au premier semestre 2023, les levées de fonds entre 0 et 20 millions sont plus nombreuses qu’en 2022. « Quelques grosses levées ne se font plus » confirme Christian Olmedo de BPI France. « Mais elles représentaient moins de 100 opérations au premier semestre 2022. » Le déficit de financement entre les premiers semestres 2022 et 2023 atteint tout de même plus de 4 milliards d’euros.

Mais pour les start-ups, l’objectif profond est ailleurs. « Quand j’ai levé 2 millions d’euros, on me reprochait mon manque d’ambition » rembobine Carole Zisa-Garat de Telegrafik, basée à Colomiers. « Grâce à ça, j’ai pu me financer mais je vise une croissance durable. Et ça passe avant tout par du chiffre d’affaires. »