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Vers un data center en Périgord

L’étude décidée fin 2021 par le comité syndical de Périgord Numérique pour créer un data center de proximité avance. Un lieu a été repéré, il est visité cette semaine avec un représentant de la Région.

Data center Périgord

© shutterstock

Depuis 2014, Périgord Numérique conduit une politique de développement numérique « dans son ensemble ». Cela commence par le préalable d’un indispensable déploiement de la fibre (lire notre précédente édition), exploitation incluse, auquel vont s’ajouter d’autres projets. « Les infrastructures ne sont pas une fin en soi, il faut s’occuper des usagers et des enjeux de la transition numérique pour le territoire », souligne Jean-Philippe Sautonie, directeur de Périgord Numérique. La volonté de créer un centre de traitement des données n’est pas le moindre pari dans une perspective d’autonomie et de sécurité pour ce patrimoine sensible de la vie des particuliers comme des entreprises.

DES ENTREPRISES DANS LE COMITÉ DE PILOTAGE

Jean-Philippe Sautonie, directeur de Périgord Numérique © CD24

« Bien des professionnels ont encore des comptes de particulier chez les opérateurs habituels. Nous œuvrons pour une prise de conscience générale : ceux-là même qui disposent d’un compteur dédié pour l’énergie se posent moins de questions pour leur accès Internet. En cas de panne, sans contrat pro, ils attendent donc, comme tout le monde… » Avec la croissance des échanges numériques et du volume des données, la réalisation d’un data center en Dordogne serait un ajout hautement stratégique.

L’étude en cours est entièrement financée par le Département (un effort de 250 000 euros) et pilotée avec les trois chambres consulaires, l’agence technique départementale, la direction des systèmes d’information du Conseil départemental, la French Tech Périgord Valley et des entreprises volontaires (Delmon group, hôpital privé Francheville, Ayor, Caviar de Neuvic, Imepsa et Mademoiselle Dessert).

BESOIN LOCAL DE PERFORMANCES

L’accessibilité et la sécurité numérique priment d’autant que ces belles PME se cachent souvent dans des coins de campagne. « Il importe de les mettre à égalité. La fibre abolit le temps et les distances. La sécurité de stockage des données est un complément indispensable. »

La Dordogne avance avec une volonté de souveraineté numérique, en s’inspirant de l’expérience de la Somme. L’étude vérifie l’opportunité et « la faisabilité technique, juridique et économique » sans oublier l’impact environnemental. Elle porte sur le maillage numérique, les besoins des collectivités et entreprises, l’enjeu de smart territoire, le modèle économique et l’ouverture possible aux acteurs privés…

DOSSIER STRATÉGIQUE POUR LE TERRITOIRE

Ceci dans le contexte départemental du schéma de transformation et sobriété numérique. Une fois partagée avec les DSI d’entreprises locales motivés par ce projet (la liste est encore ouverte), un cahier des charges sera finalisé et ouvrira à une consultation ce mois de mai. De quoi avancer sur le modèle économique et aboutir à une préfiguration dans un an. « Nous travaillons en transparence avec les acteurs économiques sur ce dossier stratégique pour notre territoire, il importe de le réaliser ensemble, de susciter l’intérêt des entreprises. »

L’étude en cours est entièrement financée par le Département avec le soutien d’entreprises volontaires (Delmon group, Caviar de Neuvic, Mademoiselle Dessert…)

ALLIANCE PUBLIC PRIVÉ

L’existence du centre d’hébergement de données du Conseil départemental pour les collectivités, les collèges, etc. est déjà un étalon d’observation utile. « Le volume de données échangées et stockées décuple tous les ans, l’enjeu est essentiel. Des attaques numériques ont déjà touché des sites de Dordogne. » Les entreprises paient déjà pour le stockage de leurs données, à l’autre bout de la planète, alors pourquoi pas investir pour un circuit court en partie pris en charge par les usagers ? « Ce service pourrait être géré par une société ad hoc, de type société publique locale ou société d’économie mixte. » Quant au coût de mise en œuvre de ce coffre-fort digital périgourdin, il serait abordable du fait « qu’une bonne partie des compétences se trouvent déjà en interne à Périgord Numérique : nous pourrons maîtriser le système ».

UN LIEU REPÉRÉ

Un site potentiel (lieu privé et central) est visité cette semaine par trois vice-présidents de Périgord Numérique et un représentant des services de la Région chargé du numérique. Une étude complémentaire à l’échelle régionale vient renforcer la réflexion. La localisation (discrétion de mise pour le moment) et la vocation de cet équipement pourraient donc avoir une envergure plus que départementale. Les points de convergence existent entre le projet périgourdin et l’intérêt qu’il aurait en Nouvelle-Aquitaine. En plus des modalités d’utilisation, les problèmes énergétiques sont bien sûr à prendre en compte.