Couverture du journal du 20/04/2024 Le nouveau magazine

Périgord Bois : éternellement jeune

Entreprise périgourdine plus que centenaire, Périgord Bois a investi pour rester dans la course. Un pari gagnant.

Périgord bois

© Loïc Mazalrey - La Vie Economique

Elle a fêté ses 100 ans en 2022, mais n’a jamais autant respiré la jeunesse. Galvanisée par l’arrivée dans ses rangs de Pauline Fiandrino, une jeune directrice de 34 ans, l’entreprise Périgord Bois affiche un dynamisme à toute épreuve, qui tranche avec l’âge de ses artères. L’esprit y est resté familial : créée par Jeantin Jeintrat, menuisier de son état, l’entreprise est passée entre les mains de trois générations d’hommes avant d’atterrir dans celles d’Olivia Dupuy, la petite-fille du fondateur et de son mari, Laurent Dupuy, en 2014. « Nous représentons la quatrième génération d’entrepreneurs », sourit Laurent Dupuy, qui a adopté les valeurs de ses prédécesseurs tout en affichant ses ambitions pour la société. Ensemble, Laurent Dupuy et sa femme ont investi 3 millions d’euros pour rester compétitifs auprès de professionnels du bâtiment et élargir la clientèle aux particuliers. « Il fallait évoluer. Si on n’avait rien fait, nous n’aurions probablement pas fêté les 100 ans de Périgord Bois », explique Laurent Dupuy, qui venait du monde de la menuiserie.

Champcevinel, quartier général de Périgord Bois

Le quartier général de la PME est resté dans la partie basse de Champcevinel, à l’endroit même où Pierre Jeintrat, le père d’Olivia, a implanté en 1976 l’atelier familial, initialement localisé rue Victor-Basch, à Périgueux. Mais il offre un visage rajeuni et un embonpoint signe de prospérité. Là où, trente ans plus tôt, le site de trois hectares comptait un seul grand pôle dévolu au bois, il en existe désormais deux autres. À la fin des années 1980, Pierre Jeintrat a pris l’initiative de créer en marge de son vaisseau amiral une quincaillerie dont la surface a progressé au fil des ans jusqu’à atteindre les 700 m² au sol. Puis, au mitan des années 2010, Périgord Bois a racheté l’entreprise Delzongle, spécialisée dans le vitrage à Périgueux et transféré ses ateliers dans un bâtiment flambant neuf de 800 m² à Champcevinel.

Nous avons rebaptisé l’ensemble La Maison bois. Mais, dans la tête des gens, on reste encore Périgord Bois

Un showroom de 1 200 m2

« Nous avons achevé la transformation du site en 2019 en créant un showroom de 1 200 m² où sont présentés nos produits transformés dans l’atelier bois », complète Laurent Dupuy, satisfait d’offrir à ses clients trois savoir-faire complémentaires en un même lieu : bois, verre, quincaillerie. « Nous avons rebaptisé l’ensemble La Maison bois », reprend le patron de l’entreprise, conscient que les habitudes sont tenaces. « Dans la tête des gens, on reste encore Périgord Bois ». Au total, la PME emploie une petite cinquantaine de personnes sur les trois entités. À des postes très différents. « Coupeurs de verre, menuisiers, acheteurs de matière première, caristes, chauffeurs, vendeurs sédentaires ou sur la route… On a une large palette de métiers représentés chez nous. On essaie toutefois de mutualiser tout ce qui relève de l’administratif et des services de ressources humaines. »

Le processus industriel modernisé

Au-delà de la façade, le processus industriel s’est lui aussi beaucoup modernisé en dix ans. Si le couple Dupuy a poursuivi les efforts engagés par leurs prédécesseurs pour travailler avec des fournisseurs de matière première locaux (Polyrey, le fabricant de produits stratifiés installé à Baneuil, en Bergeracois, la Menuiserie Seguy établie à Montignac…), il a également investi massivement dans le renouvellement de son parc de machines. « L’entreprise peut aussi bien faire du sur-mesure que des installations en kit », indique Laurent Dupuy qui revendique une production tournée vers le moyen/haut-de-gamme. « Nous pouvons faire énormément de choses avec nos outils, mais nous ne perdons pas notre objectif premier qui est de produire de la qualité », indique la directrice générale de l’entreprise.

Nous représentons la quatrième génération d’entrepreneurs

« Garder le cap : un combat de tous les jours »

En ces temps marqués par une forte incertitude, « garder le cap est un combat de tous les jours », reprend Laurent Dupuy, qui a parfois l’impression d’enchaîner les courses d’obstacles. Après la pandémie de Covid-19, la guerre en Ukraine a rendu l’approvisionnement difficile tant sur le marché du bois que sur celui des matériaux de construction (verre, plomberie, radiateurs), le tout avec des augmentations de prix à la clé. « On a dû s’adapter », reconnaît Laurent Dupuy, qui craint de devoir revoir sa copie à l’heure du ralentissement de l’activité du BTP un peu partout en France.