Couverture du journal du 20/04/2024 Le nouveau magazine

Vins de Bergerac : Une marque solidaire créée 

Les graines plantées lors des manifestations des agriculteurs en colère ont germé en terres bergeracoises. Jusqu’à aboutir à la création imminente d’une marque solidaire. 

© Shutterstock

“Résurrection” : un nom fort pour une action forte. En partenariat avec le négociant en vin Maison Parsat, et le président du Leclerc Bergerac, des vignerons de Dordogne vont créer une marque solidaire. Le vendredi 2 février, près de dix jours après le début de la colère des agriculteurs, environ six vignerons sont allés à l’entreprise Parsat, à Bergerac pour comprendre : “on a parlé marché, savoir pourquoi l’entreprise achète plus de vins espagnols que de vins de Bergerac”, dévoile Fabrice Camus, qui a mené ce mouvement. 

Une opportunité à saisir

“Nous sommes venus alors que nous n’avions aucun vin rouge à vendre, c’était une démarche non intéressée.” Après le partage de croissants, sur le parking de l’entreprise d’Eymet, une idée a émergé : celle d’une marque solidaire, mieux rémunératrice pour les agriculteurs à l’image de “C’est qui le patron ?!” “Dans l’immédiat, Jean-Marc Parsat a proposé d’acheter des vins déclassés en vin de France, un effet rapide et une roue de secours pour certains viticulteurs”, relève Fabrice Camus. Une deuxième rencontre a eu lieu, mardi 6 février, puis le mercredi 14 février, et Résurrection est née. 

1 000 € le tonneau

Le bag-in-box Resurrection, de trois litres, devrait ainsi voir le jour d’ici un à deux mois, le temps de faire les tirages du visuel qui sera sur le carton. 5 000 exemplaires sont prévus, le tirage minimum que peut faire la PME d’Eymet. Le prix de vente a été établi à 10 euros les trois litres en se basant sur “le prix de vente moyen accessible”. De là, “on a pris le problème à bras-le-corps pour que tout le monde gagne sa croûte, le distributeur a mis ses marges au minimum, comme pour le conditionnement, et on a enlevé les intermédiaires”, continue Fabrice Camus viticulteur à Monbazillac sur son domaine des Avinturiers. De quoi permettre une vraie rémunération pour les viticulteurs : le tonneau sera acheté 1 000 euros, alors qu’il est actuellement vendu entre 650 et 750 euros et à perte. “Le prix d’équilibre est entre 750 et 850 euros.” Pour l’instant, seul du vin rouge de Bergerac sera proposé, à l’échelle locale. Les bag-in-box seront d’abord distribués dans les deux enseignes Leclerc de Bergerac, et Thierry Poilbout, son président, cherche de nouveaux partenaires. “On va marquer l’essai avec le rouge, et le transformer avec le rosé”, ambitionne Fabrice Camus.