A la fameuse conférence de Solvay au Danemark en 1927, Albert Einstein avait eu ce mot resté célèbre en parlant de la physique quantique : « Dieu ne joue pas aux dés ! ». Des décennies plus tard, les plus grands esprits du siècle ont contredit le père de la théorie de la relativité et réussi à démontrer que le hasard et les probabilités gouvernent bien les molécules de l’infiniment petit. Alain Aspect fait partie de ceux-là. Il est même allé encore plus loin. Grâce à lui, l’on sait que des molécules liées (ou intriquées) gardent une trace, ou un marqueur, de leur union, quelle que soit la distance qui les sépare ensuite. Cette propriété, inconcevable pour Einstein et magique pour le commun des mortels, a été révélée au monde en 1982 par l’Agenais Alain Aspect.
Alain Aspect © École Polytechnique
UN BRILLANT UNIVERSITAIRE NÉ À AGEN
Né en 1947 à Agen, Alain Aspect a d’abord fréquenté les bancs du lycée Palissy avant d’intégrer l’École Normale Supérieure. Diplômé en 1965, il est agrégé en sciences physiques en 1969 à l’université Paris Saclay. Après avoir proposé et mené l’expérience fondamentale prouvant l’intrication quantique des particules, il devient maître de conférences à l’école Polytechnique en 1984. Il recevra ensuite quantité de récompenses prestigieuses : prix Holweck en 1991, médaille d’or du CNRS en 2005, médaille Albert Einstein en 2012, prix Balzan et médaille Niels Bohr en 2013. Il ne lui manquait plus que le prix de l’Académie royale des sciences de Suède. De nombreux scientifiques militaient depuis des années afin qu’il l’obtienne. C’est donc chose faite en 2022, 40 ans après sa découverte, avec deux autres lauréats, continuateurs de ses travaux : l’Américain John Clauser et l’Autrichien Anton Zeilinger.
La découverte d’Alain Aspect a eu de nombreuses implications dans le domaine des communications sécurisées par cryptage quantique
DES APPLICATIONS FONDAMENTALES
Au-delà de l’avancée essentielle de la théorie de la physique quantique, la découverte d’Alain Aspect a eu de nombreuses implications notamment dans le domaine des communications sécurisées par cryptage quantique. La cybersécurité, enjeu d’avenir majeur, est également basée sur l’intrication quantique. Enfin, ses travaux sont à la base de l’ordinateur quantique, actuellement en évolution, qui pourra demain révolutionner l’informatique et promet de venir à bout de problèmes irrésolus par les scientifiques jusqu’à présent. Le prix Nobel sera remis le 10 décembre prochain à Stockholm, en présence de la famille royale suédoise, en attendant une réception sur les bords de Garonne pour cet illustre Agenais.
