A l’instar de toutes les cloches de France, celle de l’église béarnaise a un prénom et quand il s’agit de leur refaire une beauté, qu’elles s’appellent Marie-Louise, Marianne ou Richard, les campanistes de l’entreprise Laumaillé-Lussault les bichonnent avec la même attention.
LES VOLTIGEURS DU PATRIMOINE
Campaniste, terme si peu usité dans le langage courant, métier aussi noble que complexe, auquel on ne pense pas et qui nécessite en fait la maîtrise de sept savoir-faire. A la fois électromécanicien, charpentier, horloger, serrurier, musicien ou encore menuisier, ces voltigeurs du patrimoine parcourent inlassablement le grand Sud-Ouest pour restaurer des mécaniques anciennes, des beffrois en cœur de chêne, des claviers à poings… Tout ce qui permet que perdure un des plus anciens instruments de musique : la cloche. Objets d’art par leurs ornementations, vestiges de l’histoire qui se raconte en bronze sculpté, elles ont évolué depuis une dizaine d’années et si les systèmes de sonnerie sont depuis automatisés, les équipes de Laumaillé-Lussault ont simplement enrichi leur savoir-faire. Elles continuent de gérer l’entretien des installations campanaires, comme elles le font depuis plus de 4 siècles. Désormais installée à Ibos, village aux portes de Tarbes, cette ancienne maison de fondeurs née en 1609 est elle-même une institution dans les Hautes-Pyrénées et avec l’arrivée d’Eurydice Bled, elle a pris un nouvel élan, profondément ancré dans notre siècle et ses préoccupations.

© D. R.
CHANGEMENT DE CARRIERE
A 30 ans, rien ne prédestinait la jeune doctorante en sciences de gestion à croiser le chemin de cette entreprise de niche. Après deux ans d’exercice en tant qu’enseignant-chercheur à l’Université de Pau, Eurydice Bled était focalisée sur un poste de maître-conférencier : « Aucun ne s’ouvrait à Pau mais moi je voulais y rester, je suis très attachée à mon territoire ». Si sa mère travaillait au Conseil départemental, c’est son père chef d’entreprise qui lui ouvre la possibilité d’une voie éloignée du secteur public. C’est avec lui qu’elle rencontre Alexandre Gombert, directeur d’Odélia Capital, une filiale de la Banque Pouyanne et découvre un portefeuille de cédants, sans vraiment s’imaginer cessionnaire. Parmi les entreprises, celle qui appartenait alors à Vincent Laumaillé résonne avec toutes les interrogations possibles, Eurydice Bled s’en amuse aujourd’hui : « Les cloches…Je me suis dit mais qu’est-ce que c’est que ça ».
UN SAUT DANS L’INCONNU
Intérêt public, vocation collective, patrimoine et métier d’art, autant de notions qui forment un carillon auquel la Béarnaise ne peut rester insensible et en 2019, la voilà à la tête d’une entreprise qui connaît quelques difficultés : « C’était un défi personnel, je n’étais pas dans le métier et quand on m’a dit qu’il fallait en plus que je redresse financièrement une activité… Quand on n’a pas eu d’entreprise avant, ça fait un grand saut dans l’inconnu ».
La société va beaucoup mieux et on a retrouvé une rentabilité à 7 %
Difficultés auxquelles se sont ajoutées celles du Covid 5 mois après son arri…