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1er congrès des réserves de ciel étoilé : les ciels étoilés mieux préservés

Le 1er congrès des réserves de ciel étoilé s’est tenu entre le 27 et le 29 septembre à l’observatoire du pic du Midi. L’objectif : fédérer les acteurs de la filière dans leur lutte contre la pollution lumineuse.

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© P. Meyer - AE Médias

La réserve de ciel étoilé (RICE) du pic du Midi fête ses 10 ans. Elle a accueilli pour l’occasion le premier congrès des réserves de ciel étoilé organisé en partenariat par le parc national des Pyrénées, le syndicat mixte du pic du Midi de Bigorre et le Syndicat départemental d’énergie des Hautes-Pyrénées (SDE 65). L’événement a réuni les RICE de France autour du sujet de la pollution lumineuse. Les alentours du pic du Midi et son observatoire ont été reconnus comme la première réserve de ciel étoilé en France et en Europe continentale en 2013 grâce au label décerné par l’International Dark Sky Association. Depuis ont suivi la RICE des Cévennes en 2016, la RICE Alpes-Azur-Mercantour en 2019, celle des Millevaches en 2021, et tout récemment, la RICE du Vercors, annoncée pendant l’événement. Pour Melina Roth, la directrice du parc national des Pyrénées, « l’objectif derrière ce congrès est de permettre à toutes les RICE de s’ouvrir, de partager leurs expériences et leurs visions communes ».

Lien avec les collectivités territoriales

La RICE du pic du Midi représente un modèle d’action territoriale en décomptant près de 250 communes engagées dans la réduction de la pollution lumineuse sur une zone de 3 037 km2, soit 65 % du territoire du département. Comme l’a souligné lors de la conférence d’ouverture, Jean-Louis Cazaubon, vice-président du Conseil régional d’Occitanie et président du syndicat mixte de valorisation du pic du Midi, le label de RICE participe au regain de popularité du pic du Midi : « Le site de l’observatoire tombait en désuétude car la science avait pour idée de le laisser tomber. Le président du Conseil départemental avait alors choisi de l’ouvrir au tourisme. Le lieu a regagné de l’intérêt et a doublé sa capacité d’accueil des scientifiques ». Jean-Louis Cazaubon continue, « la RICE du pic du Midi est un modèle d’action territoriale. La mise en œuvre de pratiques et de techniques d’éclairage nocturne a permis de réduire la pollution lumineuse de 80 à 95 % et de diminuer de plus de 50 % la consommation liée à l’éclairage dans les villes et villages des réserves. L’initiative a été bien aidée, il faut le dire, par la hausse des coûts de l’énergie. »

ciel étoilé Melina Roth, directrice du parc national des Pyrénées et Louis Armary, président du parc national des Pyrénées

Melina Roth, directrice du parc national des Pyrénées et Louis Armary, président du parc national des Pyrénées © P. Meyer – AE Médias

Des actions concrètes

Sur le territoire de la RICE du pic du Midi, les communes s’engagent en mettant en place un éclairage public responsable, accompagnées par le SDE 65. « En moins d’une décennie, le nombre de luminaires mis en conformité avec la RICE a dépassé les 11 000, soit environ la moitié des équipements, pour un investissement annuel moyen d’un million et demi d’euros », explique Patrick Vignes, le président du SDE 65. Le Syndicat a donc investi 15 millions d’euros sur 10 ans et 196 communes ont au moins agi dans une opération. Il peut s’agir pour ces dernières d’adapter les équipements lumineux, de réduire ou d’éteindre l’éclairage public en milieu de nuit : plus de la moitié des communes concernées ont d’ailleurs choisi l’extinction. « Les stations de ski de La Mongie et Peyragudes ont entièrement rénové leur éclairage public en Led connectée respectivement en 2018 et 2022. Nous avons engagé cette année la rénovation, dans le cadre du Fonds vert, des stations de Val Louron, Saint-Lary et Piau-Engaly. La commune de Bagnères-de Bigorre, elle, a entièrement rénové son éclairage public en seulement 3 ans, c’est pour nous un exemple », souligne Patrick Vignes.

En 2014, nous avions une bonne qualité de ciel étoilé sur 34 % du territoire, aujourd’hui c’est sur 56 %

Protéger la biodiversité

« Notre rôle est de protéger la biodiversité », explique Louis Armary, le président du parc national des Pyrénées. « En 2014, nous avions une bonne qualité de ciel étoilé sur 34 % du territoire, aujourd’hui c’est sur 56 %. Nous reconstituons des couloirs écologiques, aquatiques et terrestres pour ne pas avoir d’impact sur la migration des espèces », continue Melina Roth, directrice du parc national des Pyrénées.

Tourisme de nuit

Même si comme le souligne Louis Armary, le tourisme de nuit n’est pas quantifié, il a gagné en notoriété ces dernières années. « Il y a une activité économique autour du tourisme de nuit, avec les accompagnateurs, les hébergeurs », témoigne Melina Roth. Le parc national des Pyrénées œuvre aussi à la sensibilisation du grand public : Si les collectivités territoriales sont bien impliquées, « il y a une marge de progression auprès du secteur privé, des enseignes et de leurs devantures », ajoute la directrice du Parc. « Ces sujets ne se posaient pas avant. Aujourd’hui, c’est le cas avec les dynamiques globales autour du changement climatique et de la protection de la biodiversité, tout le monde a répondu présent et il y a un vrai enjeu à avancer ensemble », conclut-elle.