Couverture du journal du 06/04/2024 Le nouveau magazine

Agen : nouvelle ère pour le stade Armandie

Le mythique stade du SUA fait peau neuve et sera officiellement inauguré le vendredi 7 octobre après 2 ans de travaux. Doté d’une nouvelle tribune et d’équipements modernes, ce nouvel outil doit permettre au club de franchir un cap économique pour retrouver l’élite du rugby français, le Top 14. Rencontre avec le président du SUA, Jean-François Fonteneau.

stade armandie Agen

©D.R.

La Vie Economique : D’un point de vue sportif, pas mal de changements ont eu lieu à l’intersaison avec l’arrivée d’un nouveau staff autour de votre manager Bernard Goutta. Vous souhaitiez tourner la page après 2 saisons compliquées ?

Jean-François Fonteneau : « Oui nous voulions régénérer le groupe, partir sur une nouvelle dynamique et apporter de nouvelles énergies après la période difficile que nous avons traversée. Nous travaillons main dans la main avec Bernard, avec lequel nous échangeons beaucoup, sur le groupe professionnel mais aussi sur les structures du club et notamment la formation qui est très importante au SUA (le club a encore fini sur le podium des meilleurs centres de formation en France l’an dernier). »

Nous voulions partir sur une nouvelle dynamique

Jean-François Fonteneau, président du SUA Stade

Jean-François Fonteneau, président du SUA
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LVE : Globalement, on voit que le championnat de ProD2 devient de plus en plus serré et attractif. Qu’en pensez-vous ?

J-F.F. : « Je pense en effet qu’il y a de grandes similitudes avec le Top 14 où une dizaine d’équipes peuvent postuler pour la qualification en phase finale. Les budgets se sont resserrés avec des masses salariales très proches offrant une compétition attractive, ouverte, relevée avec des équipes aux niveaux très proches. »

LVE : Dans quelques jours, vous allez inaugurer le nouveau stade, notamment sa nouvelle tribune Ferrasse. Il s’agit d’un moment important dans la vie du club ?

J-F.F. : « Il n’y a pas eu de grands travaux au stade, hormis la construction de la tribune Lacroix en 2007 avec 2 000 places assises et non couvertes, depuis le chantier de la tribune Basquet en 1990. Là, il fallait agir pour être en accord avec les exigences de la Ligue Nationale de Rugby car le stade, propriété de la Ville d’Agen, n’était pas conforme. Cela nous a empêchés de le labelliser et nous a pénalisés économiquement depuis 5 ans avec des sommes importantes (150 000 € HT par an) séquestrées par la LNR en l’absence de labellisation. Cette somme reste de la trésorerie qui rentrait dans nos comptes mais nous allons récupérer près de 750 000 €, ce qui n’est bien sûr pas négligeable. »

LVE : Dans le projet de rénovation du stade, vous avez été fortement soutenu par les collectivités locales ?

J-F.F. : « La Ville (5M€) et l’Agglomération d’Agen (5M€) se sont fortement investies tout comme la région (2M€) et à un degré moindre le Département (1M€) et l’État. Nous sommes donc sur un budget de 15 M€ pour les collectivités et un investissement du club de presque 8 M€ ».

Notre investissement a dû subir une plus-value de près de 20 %

LVE : Les travaux ont-ils été impactés par la crise internationale ?

J-F.F. : « Si sur les marchés publics nous avons pu maintenir les choses, cela a été beaucoup plus difficile pour notre investissement qui a dû subir une plus-value de près de 20 %. »

LVE : Pour ce nouveau stade, vous êtes-vous inspiré d’autres enceintes ?

J.F-F. : « Nous avons en effet visité plusieurs stades en France et en Europe il y a 4 ans lors d’un « stadium tour ». Nous sommes allés en Belgique, en Angleterre et dans plusieurs clubs de l’hexagone. »

LVE : Avez-vous estimé l’impact économique de ce nouvel outil ?

J-F.F. : « Déjà, nous savions que le SUA, selon une étude réalisée il y a quelques années quand on était en Top 14, apportait des retombées de près de 32 M€ de chiffre d’affaires avec des gains directs de 9 M€ pour l’économie locale. C’est un chiffre important qui montre que le club est un acteur économique majeur sur le Lot-et-Garonne mais aussi les départements limitrophes (24-32-82-46). Dans le projet du nouveau stade, nous avons d’abord beaucoup investi pour améliorer les performances des joueurs car nos infrastructures étaient vieillissantes. C’est ce que nous avons fait en priorité avant de s’atteler au second œuvre de la tribune Ferrasse, c’est-à-dire l’aménagement des espaces de réception qui nous permettront d’organiser, en dehors des matches, de l’événementiel, des séminaires, des concerts… Créer une vie sociale et économique autour d’Armandie. Nous sommes d’ailleurs en contact avec le festival Garorock de Marmande mais nous pourrons aussi accueillir d’autres événements sportifs majeurs comme des rencontres des équipes de France de rugby, des matches de football… »

LVE : Le projet initial prévoyait une brasserie et un hôtel. Qu’en est-il ?

J-F.F. : « Le projet d’hôtel est abandonné car entre temps, 2 chantiers vont prochainement être lancés sur la ville pour des complexes hôteliers haut de gamme. En ce qui concerne la brasserie, nous y réfléchissons toujours comme sur le projet de bâtir un pôle de santé que nous pourrions monter avec un grand groupe. Il faut en effet savoir qu’autour du stade Armandie, il y a près de 3 000 licenciés (tennis, football, rugby, pelote basque, athlétisme…) qui ont des besoins de suivi musculaire ou d’autres demandes. Il y a, je pense, un potentiel intéressant qui nous permettrait ainsi de fermer complétement le stade. »

LVE : Avant l’arrivée du nouveau stade, quelle est la situation économique du SUA ?

J-F.F. : « Depuis 4-5 an, le club se porte bien. C’est ce qui nous a d’ailleurs permis, avec l’appui des banques, d’investir massivement dans le projet de rénovation du stade. La saison dernière a été un peu plus compliquée avec la fermeture de la tribune Ferrasse suite aux travaux mais nous attendons maintenant une manne de près de 2 M€ de recettes supplémentaires en ProD2 et sûrement plus si nous retrouvons le Top 14. Ces recettes nous permettront d’amortir l’investissement et d’augmenter de manière significative notre budget. Enfin, cette année j’ai pris des risques financiers pour maintenir un niveau de compétitivité de notre équipe qui, je l’espère, jouera le haut du tableau en ProD2 et nous sommes désormais en charge de l’entretien du stade, ce qui ajoute bien sûr des frais supplémentaires. »

Nous avons d’abord beaucoup investi pour améliorer les performances des joueurs

LVE : Quel est le modèle économique d’un club comme le SUA ?

J-F.F. : « Sur nos recettes, le partenariat représente près de 70 %, la billetterie environ 5 % et les abonnements 3 % auxquels il faut ajouter à cela les droits TV. L’idée est de dynamiser la billetterie avec la qualité de l’accueil au stade et une politique tarifaire forte qui vise à baisser très sensiblement les tarifs pour accueillir plus de public. »

LVE : Et le profil de vos partenaires ?

J-F.F. : « Il y a un peu de tout ! Des TPE, PME et quelques grosses entreprises locales même s’il en manque quelques-unes notamment dans l’alimentaire. On espère que ce nouvel outil les convaincra de venir partager des bons moments avec nous autour d’un stade où les conditions d’accueil sont optimales. »

LVE : Face à la concurrence des autres clubs de la région, quels sont les atouts commerciaux du SUA ?

J-F.F. : « Il y a d’abord les infrastructures avec le nouveau stade mais le SUA garde une belle image de par son passé glorieux et surtout la formation des jeunes. Nous sommes fiers de défendre ce club unique dans le département et qui fédère autant de personnes venues d’horizons différents autour de moments conviviaux. L’histoire est là mais il faut faire attention à ce qu’elle ne soit pas trop lourde non plus car entre temps les modèles économiques ont beaucoup changé. »

Nous avons le projet de bâtir un pôle de santé

LVE : Votre objectif est de retrouver le Top 14, mais une ville de la taille d’Agen, à l’instar d’autres villes moyennes pourtant passionnées de rugby, peut-elle survivre à ce niveau ?

J-F.F. : « L’espoir, il faut l’avoir mais il faut être lucide aussi. Aujourd’hui en Top 14, il faut un budget minimum de 20 M€. Nous nous sommes maintenus pendant 3 ans avec un budget de 11 M€ HT, ce qui est un vrai miracle il faut l’avouer. Face à des clubs qui affichent 30 M€ de budget et des masses salariales importantes, il est très difficile de lutter. »

CHIFFRES CLÉS DU SUA

1908 : Naissance du SUA

8 titres de champion de France

24M€ de travaux pour la rénovation du stade Armandie

4 200 places pour la nouvelle tribune Ferrasse

14 500 de capacité totale

100 m2 de surface pour la salle de musculation

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