Ce ne sont pas encore les roues de la fortune mais pour les passionnés de cyclisme, elles valent de l’or. Au cœur du petit atelier d’Odos, elles ornent les murs comme autant de trophées et, pour Christophe Clermont, chacune est bien une victoire. S’il n’est pas ingénieur, l’homme est particulièrement ingénieux, tant qu’il est devenu une pointure dans son domaine : mettre au point la roue parfaite. À la fois concepteur et fabricant, il repousse les limites de la technologie et tant le milieu professionnel que celui du loisir trouvent dans ses créations une solution sur mesure. Depuis 2014, c’est à travers Alian que le Bigourdan diffuse ses innovations, une marque 100 % pyrénéenne qui gravit les sommets, à son rythme.
La recherche de l’équilibre parfait
Avec 200 paires de roues vendues par an, la production n’est pas industrielle mais bien artisanale. Un rapide coup d’œil dans les locaux le confirme, moyeux, jantes et rayons s’y côtoient, certains encore dans leurs cartons, tout juste arrivés d’Allemagne. Des pièces que Christophe Clermont a lui-même conceptualisées pour des produits techniquement plus aboutis et des gammes les plus performantes possibles. Le but est clair, la recherche ici c’est l’équilibre : « Le poids, la solidité et un coût abordable, c’est le nerf de la guerre ». Dans son cerveau qui bouillonne, cette quête de la légèreté combinée à la réactivité et la rigidité sont l’alchimie qui guide chaque lancement de produit. Ses mains d’ancien mécanicien en assurent l’assemblage.
Le Bigourdan a assemblé des roues pour Chris Froome
De Chris Froome aux particuliers
Cette réussite n’est pas le fruit du hasard mais bien l’aboutissement d’une longue carrière marquée par la passion. Dans les années 2000, Christophe Clermont était déjà free-lance et assurait des prestations pour des équipes pros comme Cofidis : « On me demandait des roues, très légères pour faire par exemple des routes de montagne, je les fabriquais et je donnais la facture », s’amuse l’entrepreneur. Des interventions loin d’être anodines puisqu’à l’époque de Team Sky, le Bigourdan a même vu Christopher Froome se distinguer avec lors des JO : « C’est le directeur qui m’a incité à me lancer en me disant que lorsqu’on était capable de faire des roues pour le vainqueur du Tour, on pouvait en faire pour monsieur tout-le-monde ». Un constat qui a fait son chemin et a ouvert celui d’Alian. Depuis, la collaboration avec les équipes professionnelles continue, principalement avec une team espagnole mais 98 % du chiffre d’affaires est lié aux amateurs, ce qui convient bien aux objectifs fixés par son gérant.
Ses roues sont qualifiées de parfaites par Top Vélo
Un développement inévitable
Dans l’atelier, les coups de fil s’enchaînent et Christophe Clermont n’a plus besoin de démarcher. Il est devenu une référence et le magazine spécialisé Top Vélo n’avait pas hésité à qualifier ses roues carbone 35 mm de parfaites dans le cadre d’un essai élogieux. Les discussions en cours laissent pourtant imaginer un développement incontournable : « Une entreprise portugaise m’a contacté pour un projet de nouveaux moyeux légers. J’ai des échantillons à essayer et je dois leur donner un feedback pour qu’ils les modifient ». Deux projets avec des équipes pros sont également sur la table, induisant un changement de rythme : « Une grosse équipe, c’est beaucoup de roues, si elle a besoin de 500 paires, ce n’est pas possible. Si les choses se passent bien, les contrats seront finalisés en 2026 mais je veux rester au niveau entreprise ».
© H.H-LVE
Une nouvelle paire de roues
Hors de question pour Alian de quitter les locaux d’Odos et c’est de là qu’à six heures, il n’est pas rare de croiser le chef d’entreprise s’élancer sur les routes pour tester ses pneus. En ce moment, une nouvelle paire de roues ultralégères en rayons carbone occupe toute sa concentration et ses mollets : « Je pense qu’on ne peut pas faire ça si on n’essaye pas ce qu’on crée. De toute façon c’est ma passion ». Dès la rentrée, c’est pourtant un peu plus que la roue que Christophe Clermont va présenter sur ce marché florissant du vélo mais il souhaite garder le secret encore quelques semaines. Une chose est sûre, tant que cette mobilité douce ne sera pas un modèle de perfection léger et stable, le Bigourdan n’a pas fini de le révolutionner.
