Couverture du journal du 20/04/2024 Le nouveau magazine

Atelier des Pics : l’âge d’or de l’acier

Depuis Ger, petit village de moins de 200 habitants, Julien Cazenave est à la tête d’une ferronnerie d’art aux équipements de pointe. En un an, le succès est au rendez-vous pour ce dessinateur industriel qui a trouvé sa voie.

© Lilian Cazabet - La Vie Economique

S’il trace les découpes avec une précision millimétrée, Julien Cazenave aura fait quelques détours avant d’oser devenir le chef d’entreprise résolu qu’il est aujourd’hui. Sur les hauteurs de Lourdes, au pied des carrières dans le petit village de Ger, il a réussi en un an à atteindre tous ses objectifs et même à les dépasser. Dessinateur industriel, il a longtemps été salarié dans différentes entreprises, sans jamais s’y épanouir entièrement : « J’ai même pensé à arrêter et à me reconvertir ». Une carrière non linéaire donc riche, qui lui a offert des expériences différentes mais qui n’a jamais comblé son besoin d’action et de défis. En janvier 2023, il s’est lancé, ses pieds qui trépignent ont enfin trouvé leur voie et lui sa route, l’entrepreneuriat était bien ce qui le faisait marcher.

Soudure et dessin indus

Désormais à la tête de l’Atelier des Pics, Julien Cazenave dirige une ferronnerie d’art nouvelle génération. Une activité à ne pas associer au fer forgé, ici l’aluminium et l’acier sont au centre des pièces fabriquées : « Le terme désigne l’activité de l’entreprise, c’est un métier qui comprend celui des deux soudeurs et le mien qui est celui de dessinateur », précise l’artisan. Dans les 500 m² couverts de l’atelier, à défaut d’art c’est la manière qui marque le site, entre le pont roulant et les différents postes de travail du métal, les matériaux se transforment en ce que souhaitent les clients. C’est bien la création qui rythme les journées, escaliers, garde-corps, palissades ou terrasses, prennent vie et s’offrent le luxe d’être mariés au bois : « Nous avons gardé un poste même si ce n’est pas notre activité première et que pour l’instant nous ne sommes pas vraiment équipés pour ça ».

« On fait des conceptions uniques mais avec les méthodes de 2024 »

La 3D au cœur des réalisations

Deux CDI, un apprenti soudeur et la patte du chef, la signature de l’Atelier des Pics est constituée de tous ces talents mais aucun des projets ne serait les mêmes sans la 3D, carte maîtresse de ces joueurs de matières : « On fait de la conception unique mais avec les méthodes de 2024 ». Un logiciel incontournable fait lui aussi partie de l’équipe et Julien Cazenave y a immédiatement investi quand il s’est lancé : « Avec lui on peut tout faire, c’est un gain de temps incroyable, qui permet d’avoir un minimum de chutes ». En un an, l’équipe de Ger en a comptabilisé moins de 700 kilos, un tour de force étant donné l’activité intense de l’atelier. Un équipement qui était sa priorité avec un parc d’outils de production bien pensé. Découpeur à plasma, rouleuse à galets et pliage, tout ce qui ne peut être réalisé sur place est sous-traité, comme les ajouts électriques ou certaines peintures : « Je travaille également avec un laseriste, il taille ce dont j’ai besoin et ici on fait le pliage ». Des méthodes modernes, qui tranchent avec le cadre montagnard, mais assurent une rigueur qui a rapidement trouvé sa clientèle dispersée dans tout le département.

Des créations sur mesure

Quand il ne pose pas une terrasse en une matinée avec ses camions machines et sa grue, Julien Cazenave s’attaque aux outillages spéciaux ou encore à la création d’abris métalliques. Un panel de réalisations déjà large qu’il a complété avec la fabrication de meubles : « Les gens ne m’ont pas encore identifié sur le mobilier. Ce n’est pas notre cœur d’activité mais on compte bien le développer ». Il faut dire que le créateur s’éclate à mettre au point des braseros qui se transforment en bar ou en tables, jouant sur l’ergonomie et l’optimisation de l’espace pour se démarquer.

Un nouveau projet

Avec un chiffre d’affaires réalisé sur 7 mois qui atteint déjà le chiffre prévisionnel de 2024, l’Atelier des Pics est ce qu’on appelle une réussite. Un parcours dont le démarrage n’augurait pas le même succès, ayant débuté sans aucune subvention et un réseau nul, l’entrepreneur avoue avoir traversé quelques nuits blanches : « C’est très formateur., on a réduit les marges au maximum pour investir et s’équiper. Aujourd’hui je me sens épaulé, notamment par la Chambre de Métiers et de l’Artisanat et ça permet de respirer ». Après ce démarrage intense, il est temps pour ces professionnels de souffler même si le chef d’entreprise a évidemment un projet de développement : « Je souhaite acheter le terrain voisin, on peut en faire une zone d’héliportage et nous on peut stocker les matériaux, ça sera toujours un plus ». Dans ses hauteurs montagnardes, il n’est pas au sommet mais dans son métier il est bien parti pour y accéder, pour cela Julien Cazenave ne touche pas du bois mais du métal et c’est visiblement ce qui lui réussit le mieux.