Le cadeau d’anniversaire était conservé secret de longue date. « On a reçu plusieurs candidatures et tout s’est accéléré ces dernières semaines », confie Stéphane Gambier, cofondateur d’Abaques. L’entreprise toulousaine (qui fête ses 20 ans cette année) vient en effet d’être rachetée par le groupe Incept. « La puissance d’Incept va nous donner une plus grande force de frappe commerciale. On pourra aussi s’attaquer à des marchés de plus grosse ampleur », se félicite le directeur. Pour Incept, cette stratégie de croissance externe va permettre d’atteindre 90 millions d’euros de chiffre d’affaires. Et ce n’est pas fini car Stéphan Cros, son président, ambitionne un chiffre d’affaires de 200 millions d’euros en 2027.
Abaques, parti de presque rien
Pour Abaques, ce changement de main ne va toutefois rien modifier aux habitudes. La marque perdure en son nom propre et les 50 salariés sont conservés. Rien à voir avec le chamboulement vécu il y a 20 ans par Stéphane Gambier et Frédéric André, lors de la création de l’entreprise. « À l’époque, on était cadres dirigeants d’une société qui s’appelait Locatel ». Malade, la société se retrouve en redressement judiciaire à Nanterre. « On a décidé de reprendre une partie des activités pour fonder Abaques. » À l’époque, seule une poignée de collaborateurs suivent le duo. Chacun tente de convaincre les clients de leur rester fidèle. 20 ans plus tard, la mission est réussie pour les deux fondateurs puisqu’ils ont multiplié le chiffre d’affaires de la société par 8, en atteignant 11,7 millions d’euros l’an passé. L’objectif est d’atteindre 13,15 millions en 2024, soit une progression de 20 %.
Intégration audiovisuelle et événementiel
Pour réussir cette prouesse, le duo s’est concentré sur deux activités : l’intégration audiovisuelle et l’événementiel. « L’intégration, c’est le fait d’équiper durablement des salles de conférences, des amphithéâtres avec des appareils de visioconférence, des murs LED… Quant à l’événementiel, ce sont des prestations éphémères comme des conventions, des assemblées générales, des lancements de produits, des anniversaires d’entreprise… » L’année dernière, Abaques s’est notamment occupé du Congrès national des sapeurs-pompiers au MEETT de Toulouse. Depuis le Covid, cette partie « événementiel » a considérablement chuté. « Elle représente aujourd’hui 20 % de notre chiffre d’affaires », détaille Stéphane Gambier. Après deux années compliquées, l’année 2023 permet d’espérer un rebond de l’activité à l’avenir. Toutes les prestations techniques événementielles de la Région Occitanie (côté ouest) sont d’ailleurs assurées par Abaques depuis octobre 2023.
Depuis la crise Covid, l’événementiel a chuté
De nombreux contrats
Toutefois, c’est bien l’intégration audiovisuelle qui fait aujourd’hui les bons chiffres d’Abaques. « On a remporté de nombreux marchés », se réjouit Stéphane Gambier qui liste notamment le Conseil Départemental de Haute-Garonne, la régie des transports Tisséo et la Métropole de Bordeaux. Abaques s’est également occupé du siège social de GA Smart Building à Montaudran, inauguré l’an passé, et entame actuellement les travaux du campus de la Chartreuse de Pierre Fabre, à Castres (Tarn). Abaques s’est également spécialisée dans l’équipement des centres hospitaliers universitaires (CHU). « On équipe les blocs opératoires en caméras, enregistreurs ainsi que les salles de conférences, de réunion… Avec le développement de la télémédecine, c’est un marché d’avenir. »
La RSE : atout et philosophie
Dans tous ces marchés publics, un nouveau critère a fait son apparition depuis plusieurs années : la RSE, pour responsabilité sociétale des entreprises. « Nous avons mis des actions en place dès 2012 », se rappelle Stéphane Gambier qui va désormais gérer ce paramètre RSE de tout le groupe Incept. « Aujourd’hui, on gagne des marchés grâce à notre bonne note sur ce critère. C’est un atout pour réaliser du business », note le cofondateur d’Abaques. « On a été labellisé Afnor ISO 20121 management responsable et récemment on a reçu la certification platinium d’Ecovadis. On est dans les 1 % des entreprises les plus vertueuses. » Concrètement, Abaques travaille sur trois axes : les achats responsables, le recyclage des déchets et la sécurité de ses collaborateurs au travail. « On investit pour remplacer notre parc de vieux appareils qui consomment trop. On passe aux LED, aux vidéoprojecteurs laser… » Une façon de diminuer l’empreinte carbone. Le siège social d’Abaques, situé à Saint-Jean, à 10 km de Toulouse, va également se mettre au vert avec des panneaux solaires sur le toit pour économiser 70 % de la consommation d’énergie. Un investissement de 100 000 euros, mais avec la RSE, on ne compte pas. « Au début les gens rigolent, mais quand on s’y met, on ne s’arrête plus. »