Elle a puisé ses recettes dans les remèdes de grand-mère de son Autriche natale. Johanna Mierzwiak a aussi conservé ce petit accent allemand dans la voix, une langue dont on retrouve la traduction sur ses produits. N’allez pourtant pas croire que cette Toulousaine d’adoption a le mal du pays. « Je suis née dans un petit village des Alpes où tout le monde se connaît. Je voulais découvrir le monde ! Je suis venue en France pour une année d’études, et ça fait 17 ans que je suis là ! »
L’Autrichienne trouve un mari, un emploi et fonde une famille. « Je suis entrée chez ATR où je gérais les appels d’offres pour les contrats de maintenance d’avions. » Un tout autre monde. La naissance de son fils a été le déclic du changement. « Je n’avais pas prévu de quitter ATR mais cela ne collait plus à mes aspirations. » Johanna Mierzwiak démissionne en janvier 2023, après avoir entamé une formation de naturopathie en Allemagne en 2021.
Colostrum de brebis
Avec sa sœur et une amie qui travaille chez Pierre Fabre, elle imagine une gamme de produits destinés à guérir les petits bobos des enfants, à partir de trois mois. « Ma mère nous soignait comme cela, avec les plantes. On a fait le choix d’utiliser ces savoirs ancestraux pour développer les soins. » Ce n’est pourtant pas une plante qui sert de base à ses produits, mais du colostrum de brebis, le premier lait à destination des agneaux. « On achète uniquement le surplus produit par certaines brebis », souligne Johanna. Ce colostrum, acheté en Suisse, est réputé pour ses propriétés antiseptiques. « C’est riche en protéines, minéraux, acides aminés… Cela va réduire les rougeurs, les irritations de la peau et permet la cicatrisation. » L’innovation a même été saluée par un prix d’honneur de la part d’Initiative Haute-Garonne.
La jeune maman propose deux produits : un spray qui répond « à 99 % des petits bobos comme les brûlures, les coupures, les égratignures, les piqûres d’insectes, les démangeaisons… » Du miel va également agir comme un pansement naturel. Le second produit est une lotion très utile pour les routines de soins sur les peaux sensibles. « On y trouve de l’hydrolat de lavande, de l’aloé véra et une synergie de plusieurs plantes comme de la pâquerette. » Des ingrédients naturels qui sont mis en valeur par l’application Yuka qui note la lotion 93 sur 100.
Test avec un laboratoire toulousain
L’année 2025 est la phase 2 du projet Botany in a bottle dont les produits sont vendus depuis juin dernier. « On a réalisé 15 000 euros de chiffre d’affaires en 6 mois. C’est dans les clous de ce que j’espérais. » La créatrice a recentré son offre vers les professionnels (B2C) plutôt que vers les consommateurs directement. « Pour le B2B, il faut des gros budgets de communication, c’est quelque chose qui se construit sur le temps long. J’ai préféré m’adresser aux pharmacies, parapharmacies, sages-femmes, doulas… qui peuvent recommander mes produits. » Il est d’ailleurs possible de retrouver ces soins dans les enseignes Belpharma ou Anton et Willem qui valorisent les produits naturels.
À l’avenir, Johanna Mierzwiak espère convaincre de plus en plus d’officines de lui faire confiance. Voilà pourquoi elle est en train de réaliser un test d’efficacité de ses produits avec le laboratoire toulousain DIVA Expertise. « Les consommateurs veulent utiliser un produit en toute sécurité et ce test sera un argument de vente supplémentaire. » Mais qui représente un coût de 20 000 euros. Pour l’aider à le financer, la jeune femme a sollicité une subvention French Tech à la Bpi d’une valeur de 15 000 euros.

© Adrien Nowak – La Vie Economique
Partenariat avec un collègue autrichien
Autre nouveauté de ce début d’année, la mise en place d’un partenariat avec la marque autrichienne Homedi-Kind qui propose de l’aromathérapie pour les enfants. « Ça peut traiter les maux de ventre, les poussées dentaires… » Une formule travaillée par un pharmacien que la Toulousaine connaît bien. « C’est du gagnant-gagnant, je vends ses produits en France et il relaie les miens en Autriche. »
Le pays natal de Johanna Mierzwiak ne sera pas le seul visé pour 2025. « J’aimerais également m’adresser aux pays francophones que sont la Belgique, la Suisse et le Luxembourg. Pourquoi pas le marché allemand également. » Des réflexions sont également en cours pour passer d’une bouteille plastique à un contenant aluminium, et travailler de nouveaux produits afin d’élargir la gamme dans les mois à venir. « En collaboration avec un biochimiste suisse, on travaille sur des produits lavants, des lotions pour les peaux atopiques qui font de l’eczéma. » Une ambition à conclure d’ici fin 2025 ou 2026 le temps de réaliser les tests nécessaires.
Le spray traite 99 % des petits bobos du quotidien