Couverture du journal du 20/04/2024 Le nouveau magazine

Chambre des notaires : Esprit collectif et proximité

Me Jean-Philippe LOUTON, nouveau président de la Chambre des Notaires de Dordogne depuis la fin mai, fait le point sur les enjeux de la profession sur les territoires.

© Loïc Mazalrey

La Vie Economique : Quels seront les principaux dossiers de votre mandat de président ?

Jean-Philippe Louton : « Nos instances, à travers une réforme de la discipline, poussent les chambres départementales à se regrouper et, pour nous, ce sera avec la Gironde et la Charente. Un groupe de réflexion en Dordogne, et au niveau de la cour d’appel, travaille à cette inter-départementalité. J’ai vraiment été associé aux dossiers depuis un an, mais j’ai maintenant un rôle plus formel. Ce sont des enjeux professionnels se traduiront à terme par des enjeux de clientèle. »

LVE : Vous pourriez être le dernier président pour la Dordogne ?

J.-P. L. : « Ce n’est pas certain, mais pas impossible. Il se pourrait que ce travail de fond aboutisse, il faut surtout qu’il soit voté en assemblée générale. Mon mandat se trouve à un moment charnière et sera axé sur la préparation de cette union. La Dordogne a fait un projet de statut avec des éléments qui diffèrent de ce qui a pu se faire ailleurs. Je serai attentif à ce que l’on conserve une existence au niveau local, pour que l’entité des notaires de Dordogne existe et reste un groupe solidaire. L’enjeu est bien de passer ce cap du regroupement et de veiller à resserrer les liens entre nous, y compris en maintenant un maillage en milieu rural : c’est important pour subsister par nos instances et pour que nos clients accèdent à nos compétences. Ceci dans un contexte où la profession a vacillé sur ses acquis, il y a quelques années, avec beaucoup de créations d’études, et de liens distendus pendant et après le Covid. »

« Je dois conduire la compagnie vers une inter-départementalité saine pour elle tout en veillant à conserver une cohérence géographique et humaine. »

LVE : Vous conserveriez des locaux à Périgueux ?

J.-P. L. : « C’est justement notre proposition : maintenir une structure associative locale et en créer dans d’autres départements (la Gironde ayant bien plus d’habitants et plus de 500 notaires), avec des locaux qui sont un lieu de rencontre pour les notaires et un point d’accès pour la clientèle. La compagnie, avec son organisation et sa représentation, ne disparaîtrait pas derrière cette inter-départementalité, elle serait intégrée dans une structure plus importante, avec des moyens mieux organisés. Il n’y a pas de modèle unique, à chacun de répondre aux problématiques qui lui sont propres : les attentes de la clientèle de Bordeaux-centre ne sont pas celles de la clientèle traditionnelle à Nontron ou Eymet. L’enjeu est bien de maintenir cet ancrage local, de renforcer la présence et la cohérence. »

LVE : Quel est l’état des lieux de l’immobilier et de vos autres activités ?

J.-P. L. : « Après le Covid, on a vu des citadins revenir ici, c’est encore difficile de savoir si cela durera sociologiquement, de connaître les changements d’attentes et d’habitudes. Les évolutions se situent à plus long terme dans ce département vieillissant. Mon secteur d’Eymet est très britannique, peu représentatif de la Dordogne : lors du Brexit, nous avons même eu un surcroît d’installations et de recherches d’achat.

La baisse de l’activité immobilière en Dordogne, dans des secteurs ruraux ou de petites villes, ne nous affecte pas comme les grands programmes immobiliers dans les grandes agglomérations. Nous sommes moins impactés par les crises immobilières que les grandes villes, mais nous profitons donc moins des conditions favorables.

Nous sommes loin de ne faire que de l’immobilier, notre ancrage rural de proximité fait que le droit de la famille est un pan très important de notre activité : nous réglons des successions, des donations, des contrats de mariage… »

 » Nous sommes moins impactés par les crises immobilières que les grandes villes. »

LVE : Les notaires sont aussi des partenaires du monde économique…

J.-P. L. : « Mon prédécesseur a relancé les liens distendus pendant la crise. Nous reprenons contact avec la CCI, les Safer, d’autres organismes partenaires ; j’étais avec la présidente et la procureure du tribunal de Bergerac récemment, nous avons des relations directes avec les experts-comptables, nous allons en renouer avec les professions du chiffre et du droit. Pour ce qui est des entrepreneurs, c’est aussi l’affaire de chacun de nous : nous assistons nos clients avec des compétences très claires dans ces domaines, des structures renforcées créées par le notariat qui nous permettent d’apporter des conseils très poussés, au-delà de ce que l’on imagine en matière économique, pour les transmissions, la vie des entreprises. À nous de les faire mieux connaître. »

ME LOUTON EN BREF

Me Jean-Philippe Louton, nouveau président de la Chambre des notaires de Dordogne, s’y est investi avec un premier mandat de rapporteur dès 2003, un an après avoir été nommé à Eymet. Il est entré en 2005 au conseil régional des notaires, à Bordeaux, rapporteur pendant quatre ans, et s’est notamment impliqué dans les actions de négociation immobilière. Élu l’an passé en Dordogne au poste de vice-président, il a passé un an aux côtés de Me Sylvain Fercoq.

© Loïc Mazalrey

LE NOUVEAU BUREAU

Président : Jean-Philippe Louton (Eymet). Vice-président : Vincent Barnerias-Desplas (Périgueux). Premier Syndic (discipline) : Nicolas Guillaume (Trélissac). 2e syndic : Marjorie Adam-Demortier (Fossemagne). Rapporteur : Sandra Oudot (Sarlat-la-Canéda). Secrétaire : Évelyne Hanrigou (Périgueux). Trésorière : Nelly Borie (Périgueux) Membres : Élodie Candau (Bergerac), François Labadie (Vergt), Laurent Peybernes (Bergerac), Émilie Roussarie (Nontron). 94 notaires exercent en Dordogne et emploient 355 salariés, souvent formés en interne.